Le RNI a lourdement perdu au scrutin du 7 octobre et a largement été sanctionné par les électeurs. Dimanche 9 au matin, les résultats définitifs ont été annoncés par le ministère de l'Intérieur et, quelques heures plus tard, le président du parti a présenté sa démission. Il ne devrait pas être le seul, mais il aura été le premier. Cette élection aura été marquante à plus d'un titre. En plus de la victoire du PJD à la régulière et largement dans une élection (presque) normalement organisée, et après le choix du roi de nommer à la présidence du gouvernement le chef du parti arrivé vainqueur, voilà que le président d'un parti ayant été sanctionné en tire les conclusions, assume la responsabilité du revers électoral, et jette l'éponge. Le RNI a obtenu 37 sièges, contre 52 en 2011, soit une chute de 25%. Suite à ce que nous écrivions hier sur le même sujet, plusieurs membres du Bureau politique nous ont affirmé qu'il n'y avait pas de réunion houleuse du Bureau politique, juste peut-être un grand coup de spleen face à des « résultats trop sévères, non mérités au regard de nos réalisations au gouvernement ». Ces dirigeants du RNI ont tous dit, chacun à sa manière, que « nous sommes tous responsables de ce revers, puisque la campagne a été menée par nous tous ». Mais Salaheddine Mezouar tient à assumer seul ces résultats. Dans un entretien téléphonique avec PanoraPost, il a expliqué que « les électeurs ont parlé et il faut en tirer les enseignements. Le RNI est un grand parti et doit retrouver sa vigueur et sa bonne santé. La décision (de la démission) est prise et c'est une question de morale et d'éthique politiques ». Mais comme c'est le Congrès qui a élu Mezouar, c'est à lui qu'il revient de recevoir sa démission. Et s'il refuse cette démission ? « La décision est irrévocable. Le RNI a besoin d'un nouveau leader et de sang neuf. Je pourrai aider à assurer la transition, mais je ne reviendrai pas sur ma décision ». Le Congrès extraordinaire devrait idéalement se réunir avant la COP22 de Marrakech, qui doit démarrer le 7 novembre, mais cela dépend de la faisabilité technique au niveau logistique et organisationnel. Donc Mezouar part. Sa décision définitive et irrévocable est à saluer, mais elle doit faire des émules… Plusieurs autres partis ont été sévèrement sanctionnés également par les électeurs, et leurs dirigeants devraient prendre exemple sur le chef du RNI, à commencer par Hamid Chabat à l'Istiqlal et surtout Driss Lachgar à l'USFP et Nabil Benabdallah, rudement chahuté avec le PPS. Or, il semblerait, selon des indiscrétions obtenues de membres dirigeants de ces formations, qu'aucun de ces trois chefs de parti ne s'apprête à rendre son tablier. Surtout depuis l'apparition de rumeurs affirmant que Benkirane voudrait constituer une majorité avec les partis de la koutla, USFP, Istiqlal et PPS. Les appétits s'ouvrent et les ambitions d'entrer au prochain gouvernement (ou d'y rester, pour Benabdallah) font oublier à Lachgar, Chabat et Benabdallah « la morale et l'éthique politiques » dont parle Mezouar. Si l'histoire retiendra de Mezouar, après avoir été sévèrement chahuté durant ses 7 ans de présidence du RNI, qu'il a su partir avec élégance, elle se souviendra également que les trois autres chefs de parti se seront accrochés à leurs fauteuils, en dépit du très clair et explicite désaveu populaire. Pour rappel, l'USFP est passée de 2011 à 2016 de 42 sièges à 20, l'Istiqlal de 60 à 46 et le PPS de 21 à 12. Et pour rappel aussi, Lachgar et Chabat avaient affirmé que leurs formations allaient se classer premières à ce scrutin !