PJD, PI et PPS ne totalisent que 183 sièges alors que la majorité parlementaire nécessite 198 députés au minimum Chabat a obtenu le feu vert. Réuni samedi dernier, le conseil national du parti de l'Istiqlal (PI) a accepté à l'unanimité la participation du parti au prochain gouvernement. Le Parti de la justice et du développement (PJD), le PI et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) sont officiellement alliés en vue de former le prochain gouvernement. Le hic, c'est que les trois partis totalisent aujourd'hui à la Chambre des représentants 183 sièges seulement. Or, la majorité parlementaire nécessite au minimum 198 députés et encore. Car ce chiffre représente une majorité beaucoup trop étriquée et fragile c'est-à-dire la moitié des 395 sièges de la Chambre basse plus un. Une situation risquée puisque la majorité pourra devenir minoritaire à tout moment en attendant le verdict du Conseil constitutionnel qui peut invalider certains sièges. Autant dire que le PJD a besoin encore d'un ou deux partis politiques pour compléter sa majorité au Parlement. En tout cas, il reste encore 15 sièges au minimum à Abdelilah Benkirane pour former sa nouvelle majorité. Théoriquement, le parti de la lampe pourrait compter sur l'Union socialiste des forces populaires (USFP) de Driss Lachgar. Le premier secrétaire du parti de la rose est en difficulté en raison des résultats de sa formation dans le scrutin du 7 octobre. Avec 20 sièges seulement, l'USFP a perdu pratiquement la moitié de ses sièges en comparaison avec les législatives de 2011. Au cours des premiers rounds de concertation, Lachgar a radicalement changé de discours vis-à-vis du PJD et de Benkirane. Il a déclaré à l'issue de sa première réunion avec le chef de gouvernement qu'il allait lui faciliter la tâche pour la formation d'une majorité. MP-RNI-UC ? Cela dit, l'USFP n'a pas encore annoncé son adhésion officielle à la future majorité. Le premier secrétaire du parti avait expliqué qu'il attendra l'offre du chef de gouvernement avant de prendre une décision finale. Reste le Mouvement populaire (MP) et l'Union constitutionnelle (UC) qui a déjà lié son sort à celui du Rassemblement national des indépendants (RNI). Les deux partis vont ainsi former un groupe parlementaire commun au cours de cette législature. Seul bémol, le chef de gouvernement devra attendre la fin de ce mois pour connaître la décision de ces trois partis. En effet, le RNI organise un congrès extraordinaire le 29 octobre pour élire un nouveau président après la démission de Salaheddine Mezouar. Le parti ne pourra pas engager des discussions avec le PJD en attendant. Quant au MP, une session du conseil national de ce parti est prévue également à la même date pour prendre une décision concernant la participation ou non à la majorité. Mohand Laenser avait affirmé à l'issue de sa réunion avec Benkirane que le parti de l'épi exigera des conditions avant d'entrer au gouvernement. Il semble ainsi que le secrétaire général du parti de la lampe n'a pas beaucoup le choix et les 15 sièges restants pour former sa majorité sont loin de constituer une mince affaire. «A suivre»… Chabat change de discours Alors qu'il a consacré les quatre dernières années à critiquer le PJD et son secrétaire général, Hamid Chabat, le numéro un du parti de l'Istiqlal, a complètement changé de discours après les dernières élections. Adoptant un ton plus conciliant, Chabat ne rate plus une occasion pour jeter des fleurs à son meilleur ennemi il y a encore quelques mois. Il faut dire que le revirement de la direction du parti de l'Istiqlal a commencé au lendemain des élections communales et régionales de septembre 2015. Un scrutin où le parti de la balance a reçu une claque perdant la gestion de plusieurs grandes villes y compris son fief historique, la ville de Fès. Après avoir quitté la majorité conduite par ce même PJD en 2013 avec fracas, le PI accourt de nouveau pour rejoindre la nouvelle majorité toujours conduite par le parti de la lampe et son secrétaire général, Abdelilah Benkirane. «Le parti de l'Istiqlal a sa place parmi les partis démocratiques», a lancé Chabat devant les membres du conseil national de son parti samedi dernier.