Hamid Chabat, l'ennemi intime du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a été comme on le sait sévèrement battu dans ce qu'il pensait être son fief de Fès. Sa gouaille et son tumulte n'ont pas résisté à la force tranquille de son concurrent ministre du Budget Driss Azami el Idrissi. Alors le chef de l'Istiqlal, en situation intenable au sein de son parti, contesté par tous, même silencieusement, essaie de survivre – politiquement – en emportant la Région de Fès-Meknès. Las… Les dirigeants de la majorité ont donc établi une alliance de fait et de marbre dans cette Région pour barrer définitivement le chemin à Chabat. Il faut dire que même sur le plan personnel, le chef de l'Istiqlal n'a pas réussi à s'assurer la sympathie de Salaheddine Mezouar (RNI), de Nabil Benabdallah (PPS), avec lequel il avait échangé récemment encore des propos rugueux et, bien entendu de Mohand Laenser, qui est son concurrent pour le fauteuil de président de la Région de Fès. Et donc, cette Région, qui a accordé 38 voix à la majorité (22 PJD, 9 MP, 6 RNI et 1 PPS) et 31 à l'opposition (15 PI, 9 PAM, 5 USFP et 2 UC) verra le secrétaire général du MP Mohand Laenser accéder à sa tête. Et pour que cela soit encore plus clair et indiscutable, les quatre partis ont signé un document (ci-dessous) attestant de leur alliance dans cette Région « pour couper court aux rumeurs et mettre fin aux manigances des ennemis de la volonté du peuple et des élus ». Le PJD, quant à lui, conscient du danger d'un tsunami électoral au niveau des Conseils régionaux et municipaux, a opté pour une politique de partage avec ses alliés. Une autre raison est que Benkirane et les siens voient plus loin et œuvrent à maintenir la cohésion de leur majorité en partageant les fonctions avec leurs alliés. Les élections législatives sont programmées pour 2016 et vu qu'il est pratiquement impossible pour un parti de détenir la majorité absolue, le PJD tente de ménager ses alliés d'aujourd'hui pour pouvoir les garantir à ses côtés demain. Quant à Hamid Chabat, il est évident que même les dirigeants de la majorité voudraient le voir quitter définitivement la scène politique. Pour cela, ils lui barrent la route à une fonction qui pourrait lui permettre d'arguer d'une victoire et d'une onction électorales. Défait à Fès, battu dans la Région, il lui sera difficile de persuader ceux qui lui sont encore fidèles de le soutenir davantage au parti.