Par : Karim Rachad Le parti de l'Istiqlal a été le premier à tenir son congrès, après les élections législatives, qui lui ont donné le deuxième rang. Son nouveau secrétaire général, Hamid Chabat, est toujours chahuté en interne, des opposants ont constitué un courant et comptent préparer son renversement. Mais, c'est son engagement contre le chef de gouvernement qui est hyper médiatisé. Abdelilah Benkirane n'a pas répondu à son mémorandum estimant que « le déballage devant les médias n'est pas une méthode acceptable de négociations entre alliés ». En fait, le PJD a reçu un soutien de poids de...l'opposition. L'USFP, puis le RNI ont annoncé leur attachement à la stabilité institutionnelle et donc leur refus de tout renversement d'alliances. Dès lors, Chabat perd une arme de dissuasion. L'éventualité d'une nouvelle coalition sans le PJD est mathématiquement impossible. Il réduit donc ses revendications au niveau d'un remaniement ministériel qui lui permettrait de faire remplacer El Ouafa à qui il reproche son autonomie par rapport à la direction du parti. Il fait aussi pression pour installer des istiqlaliens dans la haute administration. Tout ceci ne relève pas de la grande politique et aiguise les dissensions nées lors du dernier congrès. De son côté, l'USFP s'effrite à l'issue de son congrès. L'élection de Driss Lachgar a été suivie de celle de la commission administrative et du bureau politique, entachées de trucages, selon l'ex-premier secrétaire, Abdelouahed Radi, qui présidait le congrès. Du coup, les démissions se succèdent. Mohamed Achaâri a même annoncé la mort du parti de Bouabid. Le groupe parlementaire est divisé, 24 élus ayant annoncé qu'ils ne se considèrent pas liés à la nouvelle direction. Pour rappel, l'USFP ne comptant que 38 députés, il s'agit donc de la majorité du groupe. Sur le front syndical, cela ne va pas mieux. Driss Lachgar soutient publiquement Fatihi et voudrait le voir à la tête de la FDT. Azzouzi et les siens, ceux qui dirigent actuellement la centrale syndicale, se retrouvent dans la peau d'opposants à la direction. Le plus étonnant, c'est que ce clivage n'est pas entre projets et que, comme chez l'Istiqlal, c'est une question de personnes, de gestion des appétits. Bien que moins médiatisées, les dissensions existent aussi au sein des autres partis. Au PPS, les amis de Saïd Saâdi réfléchissent sérieusement à un avenir en dehors de l'ex-parti communiste. Au RNI, plusieurs groupes se sont formés autour des caciques qui considèrent que Mezouar porte la responsabilité des échecs électoraux et qu'il laisse le PAM vampiriser les indépendants. Au PAM, justement, les congrès régionaux donnent lieu à des violences et à des contestations dans une bataille ouverte entre les notables, les professionnels des élections et les militants venus de l'associatif ou de l'extrême gauche. Par ailleurs, il faut être aveugle pour ne pas voir les lignes de démarcation à l'intérieur du camp islamiste. Le MUR a condamné l'intervention française au Mali que le PJD soutient. Le groupe parlementaire gêne réellement le gouvernement. Aftati et Moukriî Abouzeid ont un discours maximaliste par rapport à l'action de Benkirane. Cela finira par un clash. Ces tumultes au sein des structures partisanes, centrées sur les ambitions des uns et des autres, ne sont pas une bonne nouvelle pour la construction démocratique. Celle-ci a besoin de partis forts, ancrés dans la société, porteurs de projets clairs et dirigés par des forces démocratiques. Cette exigence de réforme est toujours à l'ordre du jour.