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C'est la guerre !, par Taoufiq Bouachrine
Publié dans PanoraPost le 28 - 09 - 2017

Le Maroc n'est plus cette oasis diplomatique arabe qu'il fut naguère, pas plus qu'il n'est resté ce pays qui œuvre à rapprocher les extrêmes et à concilier les inconciliables de tous ces conflits entre pays et parties arabes. Le royaume est désormais devenu une nation combattante au Moyen-Orient, même symboliquement. En effet, en moins de six mois, le Maroc s'est engagé dans deux guerres…
La première est contre l'organisation dite « Etat islamique » en Mésopotamie, sous commandement des Emirats Arabes Unis en guerre contre Daech, et la seconde date de quelques jours avec cette intervention au Yémen, au sein de la coalition menée par l'Arabie Saoudite contre les milices houthies et les forces d'Ali Abdallah Saleh, lui-même allié à Ansar Allah, le bras armé des Houthis.
Ainsi donc, parmi la centaine d'avions de chasse qui ont frappé les positions des rebelles yéménites, aéroports civils et militaires, stocks et repères des Houthis, il y avait 6 avions marocains de type F-16 qui sont entrés dans l'espace aérien du Yémen et dont l'engagement a été confirmé – ou presque – par un communiqué du ministère des Affaires étrangères qui a affirmé que Rabat se tenait aux côtés de l'Arabie Saoudite pour défendre les Lieux saints de l'Islam et œuvrer à préserver la stabilité du Yémen.
Le Yémen, ce pays qui ne connaît du bonheur que les 7 lettres qui composent ce mot, est un pays fort complexe vivant au rythme assourdissant des conflits entre ses différentes factions internes et l'immixtion de forces externes depuis très longtemps. La nouveauté est qu'aujourd'hui, une dizaine de pays y sont entrés avec leurs armées, simultanément, pour disputer à l'Iran l'influence qu'il veut y détenir… L'Iran, qui s'est déjà investi au Yémen, au Liban, en Syrie, en Irak, en Palestine, au Bahreïn, qui a investi sur le long terme et qui récolte aujourd'hui les fruits de cet investissement… pendant que les Arabes se contentaient d'observer les choses de loin, avant que la catastrophe ne survienne et que l'Arabie Saoudite ne découvre subitement, brutalement, qu'elle est quasi encerclée au sud par les Houthis et au nord par Daech, ces deux forces qui représentent pour elle un sérieux danger et remettent en question sa puissance régionale, puissamment malmenée depuis quelques années…
C'est donc la guerre… sans résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU. Et la guerre n'est pas un jeu, loin de là… La guerre, c'est du sang, de la destruction, des drames humains qui se déclinent en cohortes de réfugiés et en tragédies tant morales que matérielles. Et la guerre comporte aussi cette complication qui veut que si on sait quand on y entre, on ne sait jamais comment on en sort. C'est la raison pour laquelle tous les experts vous diront que s'il faut réfléchir une fois avant d'engager un conflit, il faut réfléchir dix fois plus pour savoir comment on y mettra un terme. C'est pour cela que tout belligérant doit soigneusement définir ses objectifs de guerre, qui soient réalisables, et doit aussi et surtout avoir ou se procurer les moyens d'atteindre et de réaliser ces objectifs… avant qu'il ne soit trop tard. Le président égyptien Jamal Abdennasser avait fait la guerre au Yémen, et y avait perdu bien plus de soldats que dans tous ses conflits avec Israël.
Quels sont donc les objectifs de « Tempête de fermeté », cette opération déclenchée par l'Arabie Saoudite, les Emirats, le Koweït, Bahreïn, Qatar, la Jordanie, l'Egypte, le Soudan, le Pakistan puis le Maroc ? 10 pays frappent une organisation armée pour la dissuader de persister dans ses œuvres. Le communiqué militaire n'a pas parlé de destruction, mais de dissuasion , un terme général et vague auquel on peut tout accoler par la suite comme objectif, dans la perspective de pouvoir s'en aller de crainte de s'embourber dans un bourbier fangeux, tant il est vrai qu'une bonne guerre se gagne sur le terrain et non par la voie des airs, et que c'est une opération terrestre qui désenclavera les villes encerclées et/ou occupées par les Houthis, eux-mêmes soutenus par les forces armées yéménites fidèles à Saleh et par des institutions en totale déliquescence…
Les Nations-Unies ont été frappées de stupeur en apprenant le déclenchement de cette opération, et leur Envoyé spécial Jamal Benomar devra bien se résigner à des vacances forcées dans l'attente que le fracas des bombes se taise. Or, rien ne prête à l'optimisme dans le court terme. Toutes les prévisions affirment que les Houthis seront certes affaiblis, mais rien ne dit que le Yémen sera renforcé, ou sauvé. La guerre enverra un message fort à Téhéran mais ne trouvera pas de solution à ce grand fiasco qu'est l'Etat yéménite. On peut dire que cette opération bruyante dissimule en fait la guerre muette entre Riyad et Téhéran pour l'influence régionale de chacun des deux pays et aussi pour peser sur les négociations du nucléaire iranien.
Nous avons déjà évoqué ce sujet de la coalition de dix pays arabes quand nous parlions de la visite du roi de Jordanie à Rabat pour persuader le roi Mohammed VI de rejoindre les rangs de cette force militaire islamique qui aura des objectifs précis et qui devra compter sur elle-même du moment que le président américain Obama a pris fait et cause pour le Seigneur Christ… Cette coalition a su convaincre le Pakistan de s'ajouter à la force arabe, ce pays étant redevable à l'Arabie Saoudite d'avoir financer son programme nucléaire voici plusieurs années déjà. Les Saoudiens, donc, entendent par cette action envoyer un message clair tant à l'Iran qu'aux Etats-Unis.
Bien évidemment, notre gouvernement ne pipe mot à son opinion publique sur tous ces rebondissements et ces nuances diplomatiques si complexes. L'armée est toujours aussi muette et laisse le soin à la diplomatie de publier des communiqués difficilement lisibles et qui ont donc besoin d'être décodés. Au Maroc, si on veut avoir des nouvelles de son armée, il faut s'informer ailleurs !


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