L'adaptation de l'agriculture africaine au changement climatique a été au centre de la troisième rencontre du « Climate Finance Business Dialogue », organisée mercredi à Nairobi, par la Confédération générale des Entreprises du Maroc (CGEM), dans le cadre de son programme d'activités pour la 22è conférence de l'ONU sur le climat (COP22), qui aura lieu en novembre à Marrakech. Initiée en partenariat avec le ministère marocain de l'Agriculture, la Banque africaine de Développement (BAD), l'Office Chérifien des Phosphates, le Crédit Agricole du Maroc ainsi que la KEPSA – l'alliance patronale kényane, sous le thème « L'Agriculture et l'Adaptation en Afrique (Triple A) », cette troisième session du Business dialogue concerne principalement les secteurs de l'agriculture, l'agroalimentaire, l'élevage, l'eau, les fertilisants et finance climat. Cette rencontre a été l'occasion pour le président du Conseil général du développement agricole, Mohamed Ait Kadi de présenter, dans un exposé, les principaux axes et les objectifs de l'Initiative marocaine « Triple A ». De son côté, le vice-président de la CGEM, Faïçal Mekouar a indiqué que l'initiative « Triple A » ambitionne notamment de renforcer la place de l'agriculture dans l'agenda des négociations et de promouvoir, favoriser et faire financer des solutions innovantes pour une agriculture moins consommatrice de ressources et adaptée à son climat. Les pays d'Afrique, à l'instar de plusieurs autres nations, sont dans « l'obligation forcée de s'adapter à la nouvelle donne mondiale » en matière de climat, a-t-il souligné, notant que l'essentiel du débat porte sur l'atténuation des émissions du gaz à effet de serre (GES) alors que l'Afrique n'en émet que moins de 4 pc. « L'Afrique a plus besoin d'outils pour l'adaptation que pour l'atténuation », a-t-il estimé, expliquant que « l'Afrique, l'Agriculture et l'Adaptation sont trop peu prises en considération dans les négociations internationales et dans l'allocation des fonds climat, alors que le continent et ses écosystèmes agricoles sont vulnérables au changement climatique ». Au cours de cette réunion, à laquelle ont pris part des représentants de la BAD et des secteurs privé et public venus de différents pays de la région de l'Afrique de l'Est, notamment du Kenya, du Rwanda, de l'Ouganda, de la Tanzanie et du Soudan, les participants ont débattu notamment des mesures d'adaptation prioritaires pour le secteur agricole africain. Ils ont également discuté du besoin du secteur agricole africain en termes d'appui technique et financier et du rôle du secteur privé dans le développement de solutions innovantes ainsi que du rôle de la recherche et du savoir-faire local (capital immatériel). Les intervenants se sont attardés sur la problématique d'accès aux financements en particulier pour les petits agriculteurs, ainsi que sur la question du transfert de technologies. Ils n'ont pas manqué de se féliciter de l'initiative de la CGEM d'organiser cette rencontre à Nairobi pour favoriser l'échange sur les préoccupations des investisseurs et des professionnels africains du secteur agricole et enrichir le débat sur cette question cruciale de l'adaptation de l'agriculture africaine au changement climatique. Cette troisième session, qui intervient après les rencontres tenues en juin dernier à Londres sur « Finance climate » et en juillet à Tanger sur l'eau, s'inscrit dans le cadre d'un programme élaboré par la CGEM pour la COP22 en vue de sensibiliser les entreprises au défi du changement climatique, les accompagner dans leur transition vers des systèmes productifs à bas carbone et d'identifier les opportunités de business qui naîtront de la nouvelle économie verte. Ont également pris part à cette rencontre, du côté marocain, des représentants de l'OCP, du Crédit agricole du Maroc, de la SNTL, de COSUMAR et d'autres opérateurs privés.