« Triple A » ou l'initiative pour l'adaptation de l'agriculture africaine a été au cœur des débats à Marrakech. Tout un sommet a été dédié à cette action qui tend à réduire la vulnérabilité de l'agriculture africaine aux changements climatiques. Organisées en prélude de la COP22 qui se tiendra en novembre prochain dans la ville ocre, ces rencontres qui prendront fin ce vendredi ont permis de réunir une vingtaine de ministres africains, des représentants d'institutions internationales et des scientifiques. Le but étant de créer une vision commune pour l'adaptation de l'agriculture africaine aux changements climatiques en appréhendant les enjeux scientifiques, techniques et financiers auxquels devrait répondre l'initiative. C'est d'ailleurs ce qu'a souligné Aziz Akhannouch, ministre de l'agriculture et de la pêche maritime, lors de la séance inaugurale du sommet tenue jeudi 29 septembre à Marrakech. «L'initiative Triple A établit pour la première fois le lien entre développement agricole et changements climatiques. Deux mondes que l'on pensait jusqu'à présent séparés, appréhendés selon des logiques distinctes par des experts ayant si peu souvent l'opportunité d'échanger», explique le ministre. M. Akhannouch a dans ce sens rappelé que l'Initiative a été conçue en prenant acte de la vulnérabilité des agriculteurs aux changements climatiques, et en s'appuyant sur l'expérience de décennies de développement agricole. L'initiative « Triple A » repose sur un volet institutionnel et un autre opérationnel. «Cette double approche institutionnelle et opérationnelle permettra à la «Triple A» de s'inscrire dans l'agenda climatique en visant un impact à long terme. Accélérer dès à présent le financement et la mise en œuvre de projets, c'est prendre acte de l'urgence d'agir et fonder la crédibilité de notre initiative sur des résultats concrets», souligne Aziz Akhannouch. La mobilisation rapide a été le maître mot de l'ouverture du sommet « Triple A » . L'ensemble des partenaires a souligné l'urgence d'agir en faveur d'une agriculture performante en Afrique. Tel est le cas d'Ethel Sennhauser, directrice de « Agriculture Global Practice » à la Banque mondiale. «Il est important d'agir. L'Afrique nourrira la planète. Il faut que son agriculture soit résiliente. Et pour ce faire, nous avons besoin de faire preuve de plus d'innovation. A travers une agriculture intelligente (Agriculture climate smart), on aboutira à une solution triplement gagnante. Autrement dit, on pourra produire de la richesse, réduire l'impact carbone et atteindre la résilience». La transformation de l'agriculture en Afrique est donc un impératif urgent. La réussite de cette transition dépend, entre autres, de la mise en place de moyens financiers appropriés. Dans ce sens, la Banque africaine de développement (BAD) a réitéré son engagement en faveur de la réussite de cette initiative. «Nous exprimons notre soutien à l'initiative «Triple A» qui s'inscrit en parfaite cohérence avec les priorités de la BAD et ses engagements en matière de lutte contre les changements climatiques», indique pour sa part Yacine Diama Fall, représentante-résidente Bureau du Maroc de la BAD. Et de préciser que «la BAD est prête à collaborer avec les partenaires en vue de mettre en place une facilité dédiée au volet technique et financier sur les questions climatiques du secteur agricole. La BAD est également disposée à appuyer le Maroc et les pays africains à promouvoir l'initiative lors de la COP22 et à faciliter, dans ce sens, le dialogue entre donateurs et investisseurs». Rappelons que la BAD intègre dans sa stratégie de transformation agricole le volet de l'adaptation aux changements climatiques. Dans le cadre de cette vision, la BAD engage sur ces ressources 2,4 milliards de dollars par an.