Conseil de sécurité: le Maroc fustige le deux poids, deux mesures de l'Algérie sur le Sahara    José Manuel Albares : «Entre Rabat et Madrid, le meilleur climat de coopération jamais atteint dans leur histoire»    Sogelease réalise un chiffre d'affaires de 2,41 milliards de dirhams en 2024    Sous l'égide du Maroc, une Afrique qui dialogue, écoute et bâtit la paix    Droits de l'Homme : Les réalisations du Maroc mises en exergue à Londres    La décarbonation, 4ème révolution de l'aéronautique (CEO d'Airbus)    Granal, filiale d'Africorp Mining, accueille Red Med Private Equity dans son capital    LG récompensé pour son excellence en design aux iF Design Award 2025    Germany withdraws Moroccan peppers over excessive pesticide residues    Syrie : La mort d'une enfant marocaine dans le camp d'Al-Roj fait réagir les familles    France : Marine Le Pen appelle à interdire l'organisation des Frères musulmans    Italie : Un ressortissant marocain arrêté pour exploitation de travailleurs agricoles    Foot: Les Lionnes de l'Atlas affrontent la Tunisie et le Cameroun en amical    Températures prévues pour le mercredi 26 mars 2025    Marrakech-Vienna research collaboration to protect Morocco's Argan forests    Azimut se expande en Marruecos e invierte en dos empresas de Red Med Capital    « Tourat Al Maghrib » : une série documentaire d'envergure pour valoriser le patrimoine marocain    Nass El Ghiwane, Saïd Tichiti et Kader Tarhanine célèbrent les 20 ans du Festival des Nomades    Elim Coupe du monde 2026. Programme de la 6ème journée    Q. CDM 26 / Lundi : Tunisie, Côte d'Ivoire et Ghana en tête de leurs groupes    Syrie : Plusieurs morts dans une attaque de char israélien dans le sud    L'administration Trump partage par erreur avec un journaliste des informations militaires confidentielles    Ethiopie. Les réformes économiques portent leurs fruits    Tuberculose : le ministère de la Santé poursuit la lutte    Algérie: de l'offensive contre la France à la soumission de Tebboune    Conflit en RDC. L'Angola renonce à son rôle de médiateur    « Hola Bamako », appelle à la solidarité entre les peuples    UIP: le Maroc à la 102e place en termes de représentation des femmes parlementaires    Tbib Expert – Episode 46 : Comment améliorer la digestion naturellement pendant le Ramadan?    Ramadan et les nomades de l'Oriental : Quand simplicité rime avec spiritualité    Platini et Blatter de nouveau acquittés en appel en Suisse    Visa Schengen pour Sebta et Melilia : Une association marocaine saisit la justice européenne    Bourita s'entretient à Rabat avec Staffan de Mistura    La Fondation Jardin Majorelle et la Fondation Ali Zaoua ensemble pour l'accès à la culture des jeunes Marocains    Notation : la gestion de la dette, un facteur déterminant    La 18ème édition du Moussem de Tan-Tan du 14 au 18 mai    Le Caire accueille à nouveau la Coupe arabe des Clubs    Les prévisions du mardi 25 mars    Le port de Tanger Med en tête de l'Afrique et de la Méditerranée, renforçant sa position mondiale    Mondial 2026: Le Maroc proche d'une qualification historique après seulement 5 matchs    CAN U17 (Maroc-2025): Le sélectionneur national Nabil Baha dévoile la liste des joueurs convoqués    Tennis: À la veille du Grand Prix Hassan II...bel exploit, en Espagne, de Karim Bennani !    Q. CDM 26 / Maroc-Tanzanie: Ce mardi, est-ce la soirée de la qualification ?    Drogas: «Argelia enfrenta una guerra no declarada desde sus fronteras occidentales», según Tebboune    Maroc : Prolongation des subventions à l'importation de blé tendre jusqu'à fin 2025    Clôture de la 4è édition du festival "Ramadanesques de Tanger métropole"    Un linguiste néerlandais consacre 40 ans à la compilation d'un dictionnaire Tachelhit-Français    Découverte d'une structure souterraine massive sous les pyramides de Gizeh    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Algérie : le réquisitoire implacable contre Boualem Sansal, écrivain dissident
Publié dans Maroc Diplomatique le 20 - 03 - 2025

Le procès de Boualem Sansal n'a rien d'une simple affaire judiciaire. Il incarne à lui seul l'intransigeance du régime algérien envers toute pensée critique et révèle l'étendue de la répression qui s'abat sur les voix dissidentes. Depuis son arrestation jusqu'au réquisitoire du parquet, chaque étape de cette affaire révèle l'obsession d'un pouvoir autoritaire pour le contrôle du récit national et l'éradication de toute pensée divergente.
Depuis plusieurs années, Boualem Sansal, dont les œuvres interrogent sans concession l'histoire algérienne et ses dérives post-indépendance, était dans le viseur des autorités. Son franc-parler et ses critiques acerbes à l'égard du régime lui avaient valu une mise à l'écart progressive du paysage culturel officiel. Ses livres, naguère encensés, étaient devenus indésirables, bannis des librairies publiques et des bibliothèques universitaires. La censure, diffuse mais implacable, s'étendait déjà sur lui bien avant que ne débute la persécution judiciaire.
Le régime algérien, qui entend garder la mainmise absolue sur le récit national, ne pardonne pas à Sansal son regard sans concession sur la période post-coloniale et la dérive du pays vers un autoritarisme qui se renforce d'année en année. Ses écrits, notamment Le Serment des barbares ou encore 2084 : La fin du monde, ne se contentent pas de dénoncer la corruption ou la régression idéologique de l'Algérie contemporaine ; ils établissent un parallèle troublant entre la dictature, le fondamentalisme religieux et la privation des libertés. Un discours insupportable pour le pouvoir, qui entend verrouiller tout espace critique.
L'écrivain franco-algérien a été arrêté à l'aéroport d'Alger juste à sa descente de l'avion en octobre dernier dans des circonstances troubles. À la suite d'une série d'interviews données à des médias étrangers, où il dénonçait la confiscation du pouvoir par une élite politico-militaire coupée du peuple, il a été convoqué par les services de sécurité. Officiellement, il s'agissait d'un « simple entretien » pour clarifier certaines de ses déclarations. Mais l'entretien s'est transformé en un interrogatoire musclé, avant qu'il ne soit placé en détention provisoire dans un centre pénitentiaire algérois.
À l'époque déjà, l'affaire suscite une vague d'indignation, notamment en France, où des écrivains et intellectuels appellent à sa libération. Mais du côté des autorités algériennes, la ligne est claire : pas de clémence pour ceux qui contestent la version officielle de l'histoire et du présent algérien.
Lire aussi : Boualem Sansal, l'écrivain persécuté entame une grève de la faim en Algérie
Une mise en scène judiciaire kafkaïenne
L'acharnement contre Sansal ne s'arrête pas à son incarcération. Dès le début de son procès, il devient évident que la justice est instrumentalisée à des fins politiques. Les accusations portées contre lui sont formulées de manière vague et fourre-tout : atteinte à l'unité nationale, outrage à l'armée, mise en péril de l'économie nationale, détention de contenus subversifs... Une accumulation de griefs destinés à justifier une lourde condamnation.
La mise à l'écart de son avocat français, François Zimeray, en raison de son origine juive, ajoute une dimension encore plus sombre à cette parodie de justice. Exiger un « avocat non juif » en 2025 ne témoigne pas seulement d'un antisémitisme d'Etat persistant, mais aussi d'un mépris total pour les normes juridiques internationales et les principes élémentaires du droit à un procès équitable.
Pire encore, Boualem Sansal, gravement malade, est contraint de se défendre seul devant la cour. Affaibli par un cancer, il a pourtant dû affronter, dès la fin de son hospitalisation, un retour en détention. Un traitement qui s'apparente à une volonté de l'achever physiquement et psychologiquement.
L'affaire Sansal s'inscrit dans une tendance lourde du régime algérien : l'élimination systématique de toute voix critique. Depuis le mouvement Hirak de 2019, qui a ébranlé le pouvoir, les arrestations de journalistes, d'opposants politiques et d'intellectuels se sont multipliées. L'Algérie de 2025 est celle d'une répression généralisée, où toute tentative de remise en cause du système est sévèrement réprimée.
Derrière l'acharnement contre Boualem Sansal, il y a aussi la peur du pouvoir face à ceux qui refusent de se plier à sa propagande. Le régime algérien cherche à imposer une version héroïsée et incontestable de son passé, où l'armée et le FLN restent les seuls détenteurs de la légitimité historique. Toute remise en cause de cette vision, toute critique du fonctionnement actuel de l'Etat ou de son évolution vers un régime de plus en plus autoritaire est considérée comme un crime de lèse-majesté.
En ciblant un écrivain de renom, c'est un avertissement qui est adressé à tous : il n'y a pas d'espace pour la dissidence en Algérie.
Déjà en plein conflit avec le régime kaki, la réaction française face à cette dérive liberticide reste prudente, pour ne pas dire tiède. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a déclaré « espérer qu'une décision puisse être rendue rapidement par la justice algérienne ». Une phrase qui traduit davantage un souci de diplomatie qu'un véritable engagement en faveur de Sansal.
Alors que le parquet a requis dix ans de prison ferme, l'attente du verdict plonge les défenseurs des droits de l'homme dans l'inquiétude. Une condamnation aussi lourde enverrait un signal glaçant : en Algérie, critiquer le régime, même par la plume, équivaut à un crime impardonnable.
Mais au-delà du sort personnel de Boualem Sansal, cette affaire est le symbole d'une Algérie où l'espace de la liberté se réduit à peau de chagrin. Face à un régime qui refuse d'entendre toute voix discordante, la seule réponse possible demeure la mobilisation internationale. Reste à voir si la communauté internationale, et en particulier la France, acceptera de regarder ailleurs, ou si elle prendra enfin la mesure du danger qui guette les intellectuels algériens.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.