Face aux attentes des Marocains pour une fiscalité plus juste et un pouvoir d'achat renforcé, le gouvernement a décidé d'augmenter les seuils d'exonération, en rehaussant les déductions pour charges familiales, et en rationalisant les tranches d'imposition, cette réforme promet un soulagement pour les foyers modestes, tout en renforçant la transparence et l'équité du système fiscal, selon Fouzi Lekjaa. Le gouvernement, par la voix du vice-ministre chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, vient de dévoiler une réforme fiscale visant à alléger la pression fiscale qui pèse sur les travailleurs et retraités, tout en favorisant une redistribution plus équitable des ressources. Ces nouvelles dispositions, présentées lors d'une réunion à la Chambre des représentants, répondent aux engagements pris dans le cadre de l'accord social d'avril 2024, et s'inscrivent dans un programme gouvernemental plus vaste de justice sociale et de relance économique. En mettant l'accent sur les exonérations d'impôts et les déductions pour charges familiales, cette réforme marque un tournant significatif dans la politique fiscale du Royaume. Parmi les principales mesures de la réforme, la hausse du plafond des revenus non imposables figure en bonne place. Jusqu'ici fixé à 30 000 dirhams par an, soit 2 500 dirhams par mois, ce seuil sera porté à 40 000 dirhams, libérant ainsi de nombreux contribuables de la charge fiscale. Cette augmentation signifie que les Marocains gagnant jusqu'à 6 000 dirhams par mois seront désormais totalement exonérés d'impôt sur le revenu. Pour de nombreux travailleurs à faibles revenus, cette exonération représente un soulagement significatif et leur permet de conserver une plus grande part de leurs revenus. Cette disposition vise également à stimuler la consommation intérieure et à encourager une participation accrue des ménages dans l'économie. En effet, un revenu net plus élevé pour les ménages modestes pourrait générer un effet multiplicateur sur la demande de biens et services, contribuant ainsi à une dynamique économique plus soutenue. Lire aussi : Chambre des représentants : les nouveautés de la réforme de l'IR et de la TVA au cœur de la discussion détaillée du PLF 2025 La réforme fiscale 2025 met également en avant une augmentation notable des déductions fiscales liées aux charges familiales. Alors qu'actuellement, chaque membre de la famille donne droit à une déduction de 360 dirhams par an, ce montant sera désormais porté à 500 dirhams, avec un plafond global de 3 000 dirhams. Pour une famille de taille moyenne, cette mesure se traduit par un gain mensuel potentiel allant jusqu'à 480 dirhams, ce qui permettra aux travailleurs de disposer de ressources supplémentaires pour couvrir les besoins essentiels de leurs proches. Ce soutien accru pour les familles s'inscrit dans une vision gouvernementale visant à renforcer le pouvoir d'achat des ménages. Fouzi Lekjaa a d'ailleurs souligné que cette initiative illustre la volonté de l'Etat de mieux tenir compte des réalités socio-économiques et des charges pesant sur les familles marocaines, dans un contexte où le coût de la vie ne cesse de croître. La réforme fiscale ne se limite pas à alléger les charges des bas revenus, mais revoit également les tranches d'imposition, avec pour objectif de rendre le système plus progressif et plus juste. Le taux marginal pour les revenus les plus élevés, soit ceux excédant 180 000 dirhams par an, passera ainsi de 38 % à 37 %. Bien que cette réduction semble modeste, elle témoigne de la volonté du gouvernement de rationaliser les prélèvements fiscaux tout en cherchant à équilibrer les contributions des différentes tranches de revenus. D'autre part, en matière de revenus immobiliers, un prélèvement forfaitaire de 20 % sera instauré pour les revenus annuels supérieurs à 120 000 dirhams. Cette taxe vise à assurer une participation équitable de l'ensemble des contribuables, y compris ceux dont les revenus proviennent de la location ou de l'investissement immobilier. Elle répond également à l'objectif de réduire les disparités fiscales entre les différentes sources de revenus et de renforcer l'équité du système fiscal. Nouvelles obligations pour les notaires Afin de renforcer la transparence dans le secteur immobilier et de lutter contre l'évasion fiscale, la réforme introduit une mesure spécifique à l'attention des notaires. Ces derniers seront désormais tenus de soumettre électroniquement tous les contrats d'achat, de vente et d'enregistrement auprès de l'administration fiscale. En imposant cette obligation de digitalisation, l'Etat espère améliorer l'efficacité du processus de documentation des transactions immobilières et réduire les possibilités de fraudes. Fouzi Lekjaa a insisté sur l'importance de cette mesure pour assurer une meilleure traçabilité des transactions financières et immobilières. En effet, la collecte de données plus précises permettra à l'administration fiscale de disposer d'une vue d'ensemble plus complète des flux financiers et de mieux appréhender l'activité dans le secteur immobilier, souvent marqué par des pratiques peu transparentes. Cette initiative s'inscrit donc dans la volonté de créer un environnement fiscal plus fiable et de garantir une application équitable de l'impôt. Au-delà des simples ajustements fiscaux, la réforme de l'impôt sur le revenu 2025 vise à instaurer un nouveau contrat social entre l'Etat et ses citoyens, fondé sur une plus grande justice fiscale et un soutien concret au pouvoir d'achat des ménages. Avec l'objectif déclaré que 80,3 % des salariés du secteur privé soient désormais exonérés d'impôt sur le revenu, et 95,9 % des retraités du même secteur, cette réforme s'affirme comme un levier d'inclusion économique, qui pourrait marquer un tournant pour de nombreux foyers marocains. Fouzi Lekjaa a par ailleurs exprimé sa conviction que cette réforme contribuerait à resserrer les liens entre le gouvernement et la population, en répondant aux attentes exprimées par les différents partenaires sociaux et les syndicats lors des négociations de 2024. En honorant ses engagements, le gouvernement souhaite renforcer la confiance des citoyens envers les institutions publiques, tout en soutenant un modèle de croissance plus inclusif. Les réformes fiscales annoncées par le gouvernement marocain pour 2025 interviennent dans un contexte où les défis économiques sont nombreux, avec une inflation mondiale impactant le pouvoir d'achat et des attentes croissantes des citoyens pour une meilleure redistribution des richesses. Cette réforme est donc porteuse de multiples espoirs, tant en matière de justice sociale que de relance économique. Elle doit, cependant, encore prouver son efficacité, notamment en termes de capacité de l'administration à assurer la mise en œuvre des nouvelles règles et de l'effet réel sur le pouvoir d'achat des travailleurs et retraités. Les observateurs attendent également de voir comment le gouvernement parviendra à équilibrer cette réduction d'impôts avec ses propres besoins de financement pour les services publics et les infrastructures.