Depuis les tout premiers jours de la crise officiellement ouverte du Sahara, en 1974, le Royaume du Maroc est confronté fondamentalement au problème sous-jacent de l'ensemble de ses frontières de l'est. Autrement dit, aussi pertinemment, à la délimitation de ses territoires de l'est, spoliés par la France dans les années soixante du siècle dernier et octroyés arbitrairement au gouvernement algérien. Sans crier gare, sans nul accord ni même une simple discussion. A présent, reprenant à leur compte le schéma colonial, les militaires algériens veulent couper le Maroc de son flanc sud et de sa vocation africaine. Si l'empire colonial français, sous la pression de l'Histoire, avait bel et bien annoncé et décidé dans les années soixante de « libérer » ses colonies et les peuples encore sous son joug, c'est aussi à l'inverse pour cautionner voire créer certaines injustices, dont le partage léonin du territoire du Maroc constitue à coup sûr le cas le plus flagrant. Proclamations vertueuses tout au plus, le discours sur la décolonisation et la libération des peuples d'Afrique, ce fameux « Je vous ai compris » du général de Gaulle lancé le 4 juin 1958 du haut du balcon du gouvernement général à Alger a été dirimant pour le Maroc...Il ne s'était pas passé vingtet-un jours après la prise du pouvoir le 13 mai – qualifiée par certains de coup d'Etat – par Charles de Gaulle en France que, déjà se profilait la première entorse, plutôt la première injustice à l'égard du Maroc : entériner un trait majeur de la diplomatie de Paris, entériner le partage scandaleux des frontières maroco-algériennes, dessiner de facto les lignes de l'injustice qui persistait depuis maintenant près de sept décennies et qui sont à l'origine du contentieux maroco-algéro-français. Car, c'en est bel et bien un triangulaire malentendu que la France, tout compte fait, a légué. Et dont Macron, président âgé de moins quarante ans, tout à sa passion triste contre le Maroc, ne connaît ni ne maîtrise. Tout aussi comme son alter ego algérien, Abdelmajid Tebboune, apocryphe de l'ignorance totale, démagogue et bonimenteur se hasarde à falsifier l'histoire dans le sillage d'un ancien maître de la vulgarité, appelé Boumediene qui, pourtant, ayant vécu à Oujda et reçu le soutien du Maroc et de ses Rois, y laissant des dettes déshonorées, s'était fait le triste héraut de la trahison au point d'expulser sans crier gare – la rage aux tripes – de l'Algérie 350.000 marocains un jour de Aïd-al-Kabir de 1975, lesquels y étaient installés depuis des décennies, abandonnés à eux- mêmes, un baluchon sur le dos, exposés à la terroriste menace de la police et services algériens... Et, bien évidemment, tout bonnement ça parle des droits de l'Homme...Boumediene, celui qui au Sommet arabe de Rabat en 1974 – devant feu Hassan II – a proclamé solennellement devant les 22 chefs d'Etat de la Ligue arabe soutenir le combat du Maroc contre Franco pour récupérer son Sahara, jouait en parallèle la musique de la duplicité et de la trahison, parce qu'au même moment, cynisme oblige, ses services, avec la complicité des services de Franco, créaient le polisario à Zouerate en mai 1973. On soulignera dans ce contexte que les membres du polisario sont tous ou presque marocains, formé dans les facultés marocaines et ayant combattu dans les années soixante-dix contre l'Espagne pour la réintégration du Sahara dans le giron marocain. Les services algériens, sur ordre de Boumediene, les avaient « récupérés » et, monnaie sonnante et trébuchante, en avaient fait « un peuple sahraoui » et donc un paravent de la diplomatie algérienne. C'était, on ne peut plus clair, sans compter sur la lucide et pertinente vision de feu Hassan II... Tout ce qui est venu plus tard en Algérie, s'est inscrit dans la continuité quasi organique du boumediénisme, excepté une phase liée à la présidence de Chadli Bendjedid qui, général lucide de son état, s'est plus moins lancé dans une politique de timide et audacieuse ouverture face aux soudards chamarrés de l'armée, Saïd Chengriha avalant à l'époque la couleuvre de sa déconfiture de février 1976 après avoir été fait prisonnier par les FAR à Amgalla et, sous les caméras de la presse internationale, échangé comme un vulgaire prisonnier et simple officier... capturé ! Il en concevra de l'aigreur envers le Maroc et, à coup sûr, relevant de la démence psychiatrique il attendra sa revanche. Chengriha à quelques encablures de Laâyoune En réaction à la Marche verte – trahison inédite là aussi – Boumediene avait ordonné la veille à un bataillon de l'armée algérienne ANP , dirigé par le capitaine Chengriha de se planquer pas loin de Lâayoune, à Amgalla, pour intervenir et éventuellement soutenir l'armée espagnole – le fameux Tercio – face aux marcheurs ...Manque de pot, la Marche verte avait réussi et les FAR n'avaient aucun mal à pacifier la région et donc, déshonneur aux militaires de Boumediene, à les capturer et exposer devant la presse internationale leur forfait, leurs armes soviétiques et leurs turpitudes. S'il fallait une preuve supplémentaire de la trahison de Boumediene – qui n'avait de cesse d'insulter et le Roi Hassan II et le peuple du Maroc – , la bataille d'Amgala nous l'avait fournie. Il ne nous fallait pas plus que cet épisode militaire pour nous convaincre de la duplicité du pouvoir algérien, campé d'abord sur la trahison et le reniement de la solidarité du Maroc pendant les années écoulées, ensuite de l'acharnement psychopathologique contre nous, avec le sentiment d'une frustration inouïe qui est au pouvoir militaire de Chengriha et à sa créature Tebboune ce que la déliquescence mentale est à la dictature obsolète d'antan. Le fil d'Ariane de la haine, instituée autrefois par Boumediene, parvenu au pouvoir le 19 juin 1965 en renversant Ahmed Ben Bella, est jusqu'à nos jours encore le mobile brandi contre le Royaume du Maroc. Il est au cours de toutes les actions, politique, diplomatique, économique voire culturelle de l'Algérie, essentiellement et viscéralement tourné contre notre pays. Boumediene qui passait son temps à insulter le Roi Hassan II, ne ratait jamais une occasion pour se hisser en prédateur de la légitimité historique. Tant et si bien que sa hantise de préserver son pouvoir et de le personnaliser l'avait conduit à assassiner ses adversaires, membres fondateurs et influents du FLN, qui sont légion. Ses harangues, outre une médiocrité rampante, avaient cette particularité de récupérer les mérites et les résultats des combats panarabes, panislamiques, maghrébins , panafricains que le Royaume du Maroc menait avant même que l'Algérie, libérée seulement en juillet 1962, n'eût à connaître le rôle majeur de notre pays. L'Organisation de l'Unité africaine (OUA) a été entre autres créée par Mohammed V, à Casablanca et le rôle joué par le Maroc pour sa consolidation et son essor ne saurait, sauf malhonnêteté irascible, nié ou démenti. Au tout premier Sommet de l'OUA organisé en mai 1963 à Addis Abeba s'était posé le problème, disons la question cruciale des frontières héritées de la décolonisation sur laquelle le Royaume du Maroc a tenu à préciser l'en jeu et imposer le cadre. Ahmed Balafrej, alors ministre des Affaires étrangères exigeait que dans la Déclaration finale, figure la demande du Maroc de ne pas reconnaître ces frontières héritées où les territoires sous colonisation – en particulier le Sahara et les provinces marocaines du sud-est – n'étaient pas intégrées et impliquées. La clause du Royaume du Maroc attirait l'attention des membres de l'OUA sur le fait que, même en la signant, le Maroc n'acceptait pas la carte géographique où ses territoires du Sahara, de l'est notamment lui étaient amputés. Il entendait garder le droit de les réclamer à temps. En juillet 1961, le Roi Hassan II avait reçu à Rabat Farhat Abbas, alors président du GPRA ( Gouvernement provisoire de la République algérienne) , soit bel et bien une année avant que la France n'accordât l'indépendance à l'Algérie. Les deux hommes avaient mis sur la table le dossier des futures relations maroco-algériennes, et dans la foulée Farhat Abbas, tout à sa reconnaissance sincère, avait remercié le Roi du Maroc et au nom du peuple algérien pour son soutien à la guerre de libération. La rencontre de Hassan II et de Farhat Abbas du 6 juillet 1961, pour secrète qu'elle fut, constituait ce qui devait être le socle des rapports entre les deux pays. Farhat Abbas fut ensuite chassé du pouvoir par Ben Bella et Boumediene, et le texte de l'accord renvoyé aux calendes grecques puis enterré. En octobre 1963, quelques mois après l'indépendance de l'Algérie, l'ANP ( Armée nationale populaire) s'étaient attaquée ex-abrupto et sans crier gare à des localités près de Figuig , déclenchant ainsi la riposte immédiate des Forces Armées Royales ( FAR) et ce qu'on a appelé par la suite « la guerre des sables »... Du 1er Sommet de l'OUA à l'agression de Hassi Beida Il convient de souligner une fois pour toutes que cette offensive armée des forces algériennes était le fait et rien d'autre du pouvoir algérien et jamais, au grand jamais du Royaume du Maroc que la propagande algérienne, armée, services et autres responsables, n'ont cessé d'accuser à dessein, allant même jusqu'à des scènes ridicules de pleurs et de lamentations publiques d'un Boumediene avec cette phrase digne d'un lamento et indigne de lui n : « Hagrouna »...L'agression algérienne de Hassi Beida survenait quatre mois seulement après le tout premier Sommet de l'OUA ( au mois de mai), là où précisément le Royaume du Maroc avait remis en cause le point nodal sur ses frontières et émis des recommandations pour se réserver le droit de revendiquer par la suite l'intégrité de ses territoires spoliés sous la colonisation et « offerts » par la France à l'Algérie. Il s'agit ni plus ni moins de Tindouf – qui ne cessait de proclamer sa marocanité des années plus tard, dans un climat de répression systématique de l'armée algérienne-, de Saoura, de Bechar, du Tidikelt et du Touat et j'en passe. Rétrospectivement, il nous paraît très clair que l'agression algérienne de Hassi Beida s'inscrit dans la crainte du pouvoir algérien de l'époque de voir rebondir la revendication du Maroc, attaché à la charte de l'OUA, et persistant à faire rétablir la justice frontalière. Or, ne faudrait-il pas dans la foulée mettre en exergue le cynisme algérien déjà en œuvre, traduction de l'expansionnisme dans la lignée du colonialisme pur et dur ? Car, l'Algérie, fut-elle de Ben Bella, de Boumediene et des généraux chamarrés d'aujourd'hui ne fait pas autre chose que de s'inscrire dans la politique – gravement proclamée si haut – du colonialisme que la France lui a légué, forçant violant même la géographie, falsifiant l'histoire, inventant les mythes, et in fine déployant l'agression comme finalité...