L'économie mondiale risque d'entrer dans une nouvelle ère de forte stagflation que les banques centrales doivent maîtriser, a déclaré la Banque des règlements internationaux. « Le risque de stagflation plane sur l'économie mondiale alors que la menace d'une nouvelle ère d'inflation coïncide avec des perspectives de croissance plus faibles et des vulnérabilités financières élevées », a alerté la Banque des règlements internationaux (BRI), communément appelée la « banque centrale des banques centrales », dans son rapport annuel publié dimanche. Les décideurs politiques du monde entier ont déjà augmenté les taux directeurs pour lutter contre l'inflation record qui survient en même temps que les retombées de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et les disruptions de la distribution pèsent sur la croissance mondiale. Le défi pour les banques centrales sera de contrôler l'inflation tout en minimisant l'impact sur l'activité économique et une action décisive est probablement la clé, a estimé le directeur général de la BRI, Agustin Carstens. « Nous avons assisté à des évolutions importantes de l'inflation, non seulement des flambées mais un changement potentiel dans la dynamique de l'inflation », a-t-il ajouté. Stagflation, quels risques ? Dans son rapport publié au début du mois, la Banque Mondiale (BM) avait également alerté sur les risques élevés de la stagflation, soit une situation de croissance économique lente et un chômage relativement élevé qui s'accompagne en même temps d'une hausse des prix. « Les niveaux élevés d'inflation actuels depuis plusieurs décennies, combinée à une croissance fortement ralentie, craignent que l'économie mondiale n'entre dans une période de stagflation rappelant les années 1970 », note le rapport. Si la Banque Mondiale fait référence aux années 1970, c'est que l'économie mondiale subit de nos jours les mêmes chocs qui ont fait entrer de nombreuses économies dans des récessions, à l'époque. Tout d'abord, les ruptures d'approvisionnement causés par la pandémie, alors que les récents chocs survenus au niveau du marché mondial de l'énergie à cause de la guerre en Ukraine, ressemblent aux chocs pétroliers de 1973 et 1979-80, explique la BM. En effet, la hausse des prix de l'énergie au cours les deux dernières années a été la plus importante depuis la Crise pétrolière de 1973. Deuxièmement, à l'échelle mondiale la croissance décélère fortement, avec le ralentissement encore plus marqué que celui suite à la récession de 1975. Troisièmement, hier et aujourd'hui, la politique monétaire était fortement accommodant à l'approche de ces chocs, avec des taux d'intérêt négatifs en termes réels (corrigés de l'inflation) pendant une période prolongée. Ensuite, avec des taux d'endettement atteignant de nouveaux sommets et se situant au plus haut depuis des décennies, au niveau des marchés émergents et des économies en développement (EMDE), une augmentation des coûts d'emprunt mondiaux peut déclencher une nouvelle crise, comme ce fut le cas au début des années 19803. Ainsi, comme l'a dit le Président de la Banque Mondiale, lors de son passage dans l'émission « Face The Nation » de CBS, il sera « très difficile » pour certains pays d'éviter une récession compte tenu de la conjoncture économique mondiale.