Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est dit lundi « profondément préoccupé par le nombre croissant d'incidents de violence et de graves violations des droits de l'homme contre les réfugiés et les migrants » en Europe. « Des violences, des mauvais traitements et des refoulements continuent d'être régulièrement signalés à de multiples points d'entrée aux frontières terrestres et maritimes, à l'intérieur et au-delà de l'Union européenne, malgré les appels répétés des agences des Nations unies, dont le HCR, des organisations intergouvernementales et des ONG, à mettre fin à ces pratiques », a déploré dans une déclaration, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. « Nous sommes alarmés par les rapports récurrents et cohérents provenant des frontières terrestres et maritimes de la Grèce avec la Turquie », a-t-il dit. Le HCR dit avoir interrogé des milliers de personnes à travers l'Europe qui ont signalé un schéma inquiétant de menaces, d'intimidation, de violence et d'humiliation. → Lire aussi : Le HCR exhorte l'Europe à négocier une réforme durable de l'asile De nombreux incidents de refoulements illégaux et de violations des droits ne sont toutefois jamais signalés. Le HCR dénonce également la façon dont sont traités par les passeurs les migrants et les réfugiés en mer. « En mer, des personnes disent avoir été laissées à la dérive dans des radeaux de sauvetage ou parfois même forcées à se jeter directement à l'eau, ce qui témoigne d'un manque cruel de considération pour la vie humaine« , a-t-il ajouté. Selon le HCR, au moins trois personnes ont péri dans de tels incidents depuis septembre 2021 en mer Egée, dont une en janvier. « Des pratiques tout aussi horribles sont fréquemment signalées aux frontières terrestres, avec des témoignages concordants de personnes déshabillées et brutalement repoussées dans des conditions climatiques difficiles« , a relevé M. Grandi. A quelques exceptions près, les Etats européens n'ont pas enquêté sur ces informations, remarque le dirigeant onusien, qui déplore que les autorités y sont davantage occupées à ériger des murs et des clôtures. Autant de mesures qui n'ont guère d'effets dissuasifs, lorsque les personnes fuient des guerres ou des persécutions dans leur pays, selon M. Grandi. « Ce qui se passe aux frontières européennes est juridiquement et moralement inacceptable et doit cesser« , a-t-il conclu. Et de poursuivre : « La protection de la vie humaine, des droits de l'homme et de la dignité doit rester notre priorité commune. Des progrès dans la prévention des violations des droits de l'homme aux frontières ainsi que la mise en place de mécanismes nationaux de surveillance véritablement indépendants pour garantir la notification et l'enquête indépendante sur les incidents sont nécessaires de toute urgence ». « Nous craignons que ces pratiques déplorables ne risquent maintenant de devenir normalisées et fondées sur des politiques. Ils renforcent un récit nocif et inutile de « forteresse européenne ». La réalité est que la majorité des réfugiés dans le monde sont accueillis par des pays à revenu faible ou intermédiaire disposant de beaucoup moins de ressources, souvent limitrophes de pays d'origine en crise« , a-il ajouté.