« Les jardins du Sud » est le nouveau roman du journaliste Saïd Rahim dans lequel il retrace, avec beaucoup de style et de finesse, une étape cruciale de sa vie professionnelle, à travers le personnage de Saeb, ce journaliste d'une grande agence de presse qui est muté aux fins fonds du pays pour s'occuper du bureau régional de ladite agence. Envoyé ainsi à Smara, dont il n'avait jusqu'alors que l'image, bien enfouie dans sa mémoire depuis l'école primaire, d'un espace désertique, il sera fortement marqué par ce qu'il y découvrira... De vrais jardins fleuris, des jardins maraîchers et de l'eau. De l'eau en plein désert qui reflète le miraculeux pouvoir de cet espace... Mais pas que cela. A Smara, tout journaliste « indépendant » qu'il est, avec ses convictions et ses opinions, Saeb découvrira une autre face de la guerre qui sévit au Sahara. La guerre médiatique qu'il juge tout aussi nuisible et aussi nocive que la guerre proprement dite. Une guerre qui a prouvé, à travers les âges, qu'elle était efficace à travers l'art de créer les fausses informations et de maîtriser les outils pour les véhiculer pour porter atteinte à des « ennemis », réels soient-ils ou virtuels. Il découvrira qu'il s'agit d'histoires, bien ficelées mais sans fondement dont l'objectif n'est autre que de brouiller, voire duper l'opinion publique et lui faire croire à des utopies pour pouvoir le maîtriser et l'orienter en fonction... Saeb découvrira ainsi, qu'une guerre médiatique féroce et bien organisée, peut détruire tout un Etat bien avant d'en arriver aux armes. Il fait cependant remarquer que, contrairement aux procès fait aux crimes de guerre contre l'humanité, il n'y a nul recours contre les criminels de propagande et de la guerre médiatique, dans une cour internationale, pour les préjudices et la destruction massive qu'ils provoquent et qui atteint gravement les esprits et les mentalités qu'ils marquent et dont les effets peuvent durer bien des années... Bien que l'auteur retrace, dans ce roman de 126 pages, une phase de sa vie professionnelle, il semble vouloir, à travers le personnage de Saeb, se dérober pour avoir une vue plus globale et plus objective des faits qu'il relate pour accompagner le lecteur et non le guider, dans une balade aux « Jardins du Sud », dont la verdure cache le visage d'atrocités et de manigances sans précédent et toute la difficulté de tenter de vivre « normalement », dans un espace où ni les êtres ni les événements ne sont normaux. Un vaste espace où la guerre atteint son apogée et fait des ravages mais dans un silence de morts.