Quelque 615.000 personnes ont manifesté, mardi, contre le projet de réforme des retraites proposé par le gouvernement, selon le ministère de l'Intérieur, tandis que la Confédération générale du travail (CGT) a indiqué en avoir recensé 1,8 million partout dans l'hexagone. A Paris, où a eu lieu la plus importante manifestation, 350.000 personnes ont battu le pavé selon la centrale syndicale, 76.000 d'après le ministère de l'Intérieur. Ces chiffres dépassent ceux des manifestations du 10 décembre, où la CGT avait comptabilisé 885.000 personnes mobilisées dans toute la France, contre 339.000 selon le comptage du département de Christophe Castaner. Le 5 décembre, au premier jour de grève et de manifestation contre la réforme des retraites, ce ministère avait recensé 806.000 personnes contre 1,5 million pour la confédération. Cette troisième journée de grandes manifestations depuis le début des mobilisations contre le projet controversé de réforme du régime des retraites voulu par l'exécutif, a réuni l'ensemble des syndicats, dont les réformateurs de la CFDT. Les rassemblements et marches, qui se sont poursuivis jusqu'à environ 19h30 avant d'être dispersés par la police, ont été émaillés de heurts entre manifestants et forces de l'ordre, notamment à Paris, où 30 personnes ont été interpellées, selon les chiffres communiqués par la préfecture de police. → Lire aussi : France : Nomination d'un Secrétaire d'Etat chargé des Retraites… Les mobilisations provoquent depuis le 5 décembre de fortes perturbations dans des secteurs névralgiques comme les transports en commun, le transport routier et l'éducation. Ce mardi, le ministère de l'éducation a communiqué un taux de grévistes de 25,05 % dans le primaire et de 23,32 % dans le secondaire, tandis que les syndicats ont avancé des taux respectifs de 50 % et 60 %. Le trafic de son côté a été fortement perturbé et le sera encore mercredi notamment en Ile-de-France au quatorzième jour de la grève, avec un quart des Transilien en circulation, un bus sur deux et huit ligne de métro complètement fermées, alors que la SNCF a recommandé aux usagers d'éviter de venir en gare et de privilégier d'autres moyens de transports. En dépit du mouvement social, le premier ministre Edouard Philippe a affirmé, mardi devant l'Assemblée nationale, sa « détermination totale » à mener à bien ce projet de réforme, à la veille de nouvelles discussions avec les syndicats. Cette nouvelle journée de grandes mobilisations intervient au lendemain de la démission du haut-commissaire en charge de la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye, au centre de la polémique, ces derniers jours, pour avoir omis de mentionner plusieurs mandats dans sa déclaration d'intérêt à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), et pour avoir continuer d'occuper des fonctions rémunérées après son entrée au gouvernement. En reconduisant pour le treizième jour consécutif leur mobilisation contre la réforme des retraites, les syndicats entendent maintenir la pression sur l'exécutif, à l'approche des fêtes de Noël, et l'obliger à retirer son projet ou du moins à le revoir. Le projet de réforme, présenté en détail mercredi dernier par le chef de l'exécutif, porte tout particulièrement sur la fin des régimes spéciaux, la mise en place d'un système universel à points indexés sur les salaires et un âge d'équilibre à 64 ans. La réforme vise à repenser le dispositif actuel qui absorbe 14% du PIB avec 300 milliards d'euros de prestations de retraite chaque année, et un déficit entre 7,9 et 17,2 milliards d'euros à l'horizon 2025.