L'année 2009 aura été à bien des égards une période de grands changements aux Etats-Unis: sortie de crise économique laborieuse, débat enfiévré sur la réforme santé, une guerre en Afghanistan intenable pour l'exécutif US, le tout couronné par un prix Nobel de la Paix pour Barack Obama, qui a surpris jusque dans l'entourage immédiat du président. Par Nadia El Hachimi Cette année restera gravée dans les esprits comme celle du renouveau diplomatique pour les Etats-Unis et de la quête d'un nouveau visage pour l'Amérique, tant au niveau intérieur qu'extérieur. +A la quête d'un nouveau visage pour l'Amérique+ Le 20 janvier dernier, Barack Obama est devenu le premier président américain de couleur, une révolution en soi pour des millions d'Américains venus acclamer la nouvelle figure du changement au pays de l'Oncle Sam. Nonobstant une conjoncture difficile, marquée notamment par une économie en lambeaux, la détermination d'Obama à concrétiser ses promesses électorales en matière de santé et de changement climatique, mais surtout l'espoir qu'a suscité son élection de par le monde, lui ont valu la reconnaissance de la communauté internationale et un prix Nobel de la Paix. Sa politique étrangère qu'il a voulue basée sur le respect et les intérêts mutuels s'est illustrée à travers son engagement en faveur de la fermeture du centre pénitentiaire de Guantanamo ou encore la mise en place d'un calendrier de retrait des troupes américaines d'Irak, mais aussi d'Afghanistan, en dépit de l'envoi récemment annoncé de quelque 30.000 soldats, dans le cadre d'une nouvelle stratégie US dans la lutte contre l'insurrection des taliban. La nouvelle stratégie américaine pour l'Afghanistan, présentée, début décembre, par le président Obama devant un parterre de jeunes élèves de la prestigieuse académie militaire "West Point", a été largement saluée par l'opinion publique américaine et internationale. La presse américaine n'a pas manqué de souligner que cette stratégie est certainement l'initiative la "plus courageuse" et "la plus importante" du mandat d'Obama pour mettre fin à une guerre, dont l'impopularité touche même le noyau dur électoral du locataire de la Maison Blanche. La diplomatie américaine a également opéré un important changement sous Obama en s'érigeant en défenseur du pluralisme et de l'échange avec toutes les nations, notamment avec le monde arabe. Cette orientation a été affichée clairement lors du discours prononcé le 4 juin dernier au Caire. + Système de santé : La réforme de la discorde+ Sur le front intérieur, la détermination d'Obama à voir aboutir un projet de réforme du système américain de la santé censé mettre en place "une assurance maladie abordable et de qualité" n'a pas été au goût de tout le monde. Depuis que cette proposition a été mise sur la table, Démocrates et Républicains se sont affrontés à fleurets mouchetés au Congrès pour faire avancer ou reculer ce projet à coups d'offensives publicitaires mutuelles, d'interventions de dernière minute d'Obama pour resserrer les rangs de son clan ou encore par une quête assoiffée de compromis pour ne pas "tuer" cette réforme, si chère au locataire de la Maison Blanche. Des tactiques qui se sont révélées payantes jusqu'à présent du côté des démocrates qui ont réussi à faire adopter ce projet de réforme au niveau de la chambre des Représentants et du Sénat, réalisant ainsi un bouleversement sans précédent pour la couverture médicale aux USA depuis l'introduction du programme Medicare en faveur des personnes âgées en 1965. L'année 2009 a été également une année importante pour le Parti Républicain, qui a pu se démarquer lors des élections locales du 4 novembre dernier en Virginie et New York et reconquérir ces deux Etats, qui les avaient boudés lors des présidentielles américaines remportées haut la main par Obama. De l'avis des médias et experts américains, les résultats de ces scrutins sont un signal d'alarme pour les démocrates qui doivent préserver leur majorité au Congrès lors des élections de mi-mandat prévues en 2010 et constituent donc un nouveau défi à ajouter à l'agenda du président démocrate pour l'année prochaine. +Une économie encore en souffrance mais en pleine reprise+ Cette année restera également dans les annales de l'histoire comme une période "noire" qui a fait basculer les Etats-Unis dans une récession économique et affecté sérieusement la consommation des ménages, principal moteur de l'économie américaine et l'emploi. En effet, le PIB réel de la première économie mondiale a enregistré, selon l'Organisation de la coopération et du développement économiques (OCDE), une chute de 2,5 pc en 2009 contre une hausse de 0,4 pc l'année précédente, alors que le taux de chômage est passé de 7,3 pc en 2008 à plus de 10 pc en 2009. Malgré les déboires économiques actuels, les interventions musclées de la Réserve fédérale et du gouvernement ont permis une amélioration des conditions financières et un redressement du secteur immobilier, qui s'est enlisé depuis le début de l'année tirant vers le bas la performance économique du pays. Avec un rebond impressionnant de la croissance des bénéfices et une certaine stabilisation du marché du travail au cours du dernier trimestre de 2009, le marché financier américain termine sur une légère note positive même si les niveaux des principaux indices boursiers de la place new yorkaise sont restés inférieurs à ceux de l'année précédente. Cela dit, le chemin d'une reprise durable promet d'être long et difficile: aux Etats-Unis, les politiques de dépenses publiques -alourdies par une augmentation sans précédent du déficit budgétaire chiffré actuellement à 1,42 trillion de dollars- sont en train de se heurter au mur de la dette publique, qui dépasse désormais les 12.000 milliards de dollars, selon le département du Trésor américain. Cette dette astronomique a provoqué des réflexes d'épargne de la part des ménages, une tendance confirmée notamment par une certaine frilosité vis-à-vis de l'usage des cartes de crédit, considérées comme première cause d'endettement des ménages aux Etats-Unis. Sur le marché des devises, l'aversion au risque et la conviction de voir les taux directeurs américains rester à un plancher artificiellement bas, au dire même de la Réserve Fédérale, ont poussé le dollar à la baisse. Au final, il est indéniable que le bilan de l'année 2009 a été marqué par une Administration US qui porte un message d'espoir, mais l'année 2010 sera décisive pour une évaluation globale de la transformation prônée par Obama.