Le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Jamal Rhmani, a mis en exergue, mardi à La Haye, l'expérience du Maroc en matière de lutte contre le travail des enfants grâce notamment à la mobilisation de tous les acteurs en faveur d'un +Maroc digne de ses enfants+. "Nous devons notre œuvre dans le domaine de la protection de l'enfance en général et de lutte contre le travail des enfants en particulier à la Haute volonté de SM le Roi Mohammed VI qui place cette question parmi les priorités du projet d'édification d'un Maroc moderne, démocratique et qui aspire au développement", a affirmé M. Rhmani devant la Conférence mondiale sur le travail des enfants. "Cette volonté s'est traduite par une mobilisation de tous les acteurs: le gouvernement, les syndicats, la société civile, le secteur privé, les agences de développement, les Médias et les enfants eux même en faveur d'un +Maroc Digne de ses Enfants+ à l'horizon 2015", a-t-il précisé. Il a relevé que l'objectif commun de tous est l'enfant comme sujet de droit, expliquant que la vision du Maroc dans ce domaine s'intègre dans "une approche favorisant les droits humains et dans le processus de démocratisation, de modernisation et de développement engagé par notre pays durant la dernière décennie". "A la faveur de la mobilisation collective de tous les acteurs, nous avons pu franchir, en effet, des pas décisifs dans notre lutte contre le travail des enfants", a estimé M. Rhmani, ajoutant qu'au plan institutionnel d'abord, des acquis importants ont été réalisés en matière "d'harmonisation" de législation nationale avec les conventions des Nations-Unies et celles de l'OIT toutes ratifiées par le Maroc. Il a, dans ce sens, noté que le nouveau code de la famille consacre des droits importants ayant des effets directs et indirects sur le travail des enfants et sur l'abandon scolaire, rappelant que parmi ces droits figurent l'égalité effective des droits entre l'homme et la femme au niveau de la responsabilité familiale, l'élévation de l'âge du mariage à 18 ans, la protection du droit de l'enfant né hors du mariage à la reconnaissance de paternité et le droit à la pension alimentaire. Il en est de même du code du travail entré en vigueur en 2004, qui a élevé l'âge d'admission à l'emploi à 15 ans et interdit l'emploi des jeunes de moins de 18 ans dans les travaux dangereux. Par ailleurs, un plan d'action national pour l'enfance 2006-2015 "Maroc Digne de ses Enfants" a été également adopté en 2006 dans la cadre d'une approche participative impliquant tous les acteurs, a-t-il dit, soulignant que ce plan vise dix objectifs fondamentaux pour promouvoir la situation des enfants au Maroc. Il s'agit entres autres de favoriser le droit des enfants à une vie saine, au développement, à la santé, à la protection contre l'exploitation et la violence et à un enseignement de qualité, a-t-il expliqué, relevant que ce plan d'action s'intègre parfaitement dans le cadre de la mise en œuvre des engagements du Maroc découlant de son adhésion aux conventions universelles des Nations Unies et de l'OIT. Au niveau institutionnel, un Observatoire National de l'Enfance (ONDE) a été créé, et placé sous la présidence de Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meriem, a-t-il fait savoir, ajoutant que cet observatoire a pour mission d'analyser la situation des enfants, de sensibiliser les acteurs concernés, d'engager des actions promotionnelles et de coordonner les initiatives intersectorielles en faveur de la protection des droits des enfants. Un Comité Directeur national de lutte contre le travail des enfants a été également mis en place. Il est appuyé par un bureau central créé au niveau du ministère de l'Emploi et de la Formation Professionnelle, et par des points focaux nommés au sein des 43 délégations provinciales du ministère. Le ministre a également fait état d'un projet de texte visant la révision, en vue de son extension de 10 à 30, la liste nationale des travaux dangereux interdits aux enfants de moins de 18 ans, notant qu'en 2009 et 2010, une ligne spéciale a été consacrée, dans le budget du ministère de l'emploi, au financement des programmes des associations œuvrant dans le domaine de lutte contre le travail des enfants. Evoquant la coopération avec le programme "Contribuer à l'abolition du travail des enfants" (IPEC) mis en œuvre dès l'année 2001, M. Rhmani a indiqué que grâce à ce programme, 32.560 enfants dont 14.835 filles ont été retirés du travail soit directement soit préventivement. "Le Maroc fait encore face à des défis majeurs: La réalisation effective de l'obligation scolaire et la capacité d'offrir des alternatives acceptables au travail des enfants", a-t-il dit, notant que pour relever le premier défi, un plan d'urgence a été lancé par le gouvernement se focalisant sur plusieurs principaux objectifs dont notamment, à savoir la garantie effective de la loi sur l'obligation scolaire jusqu'à 15 ans, l'incitation à l'esprit d'initiative au tour de l'école par la mise à disposition des moyens de réussite pour une école de qualité. Pour concrétiser ces objectifs, a-t-il souligné, une batterie de mesures ont été prises concernant la garantie gracieusement par l'état de fournitures scolaires (plus d'un million de cartables fournis aux enfants scolarisés au primaire chaque année), le nouveau programme TISSIR pour lutter contre l'abandon scolaire et encourager les familles vulnérables, notamment dans le monde rural, à scolariser leurs enfants. Ce programme récemment mis en place fournit une aide financière mensuelle directe aux familles, cette aide conditionnée par le maintien à l'école des enfants en âge de scolarité, a indiqué M. Rhmani, faisant remarquer que la première année du lancement de l'expérience en 2009, a vu bénéficier 87 milles enfants avec un effet positif notable sur le taux de scolarisation. Ce programme a permis l'accroissement de 25,8 pc du taux d'inscription des élèves en première année du primaire, la diminution de 58,2 pc du taux d'absence des écoles et la réduction de 71,4 pc de l'abandon scolaire. "Fort de cette première expérience et de ces résultats positifs, les pouvoirs publics comptent la poursuivre et l'élargir pour porter le nombre de bénéficiaires à 277.000 élèves au cours de cette année 2010", a-t-il affirmé. Il a relevé que le deuxième défi fait l'objet d'autres initiatives soit dans le cadre de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain(INDH) et les programmes de l'éducation informelle, soit dans le cadre des programmes de formation professionnelle par apprentissage qui viennent d'être renforcés depuis 2008 en visant 50.000 apprentis par an. Organisée les 10 et 11 mai par le ministère des Affaires sociales et de l'Emploi des Pays-Bas en collaboration avec le BIT, l'UNICEF et la Banque mondiale sur le thème "les pires formes du travail des enfants", cette Conférence mondiale connait la participation d'une cinquantaine de ministres de 80 pays et les représentants d'autres organisations internationales.