Le premier sommet entre le Maroc et l'Union européenne, qui se tiendra les 6 et 7 mars à Grenade, en Espagne, marque une nouvelle étape dans le partenariat entre les deux parties, qui a déjà connu un développement soutenu avec le statut avancé accordé au Royaume. Par Mahjouba Agouzal Avec ce sommet, les relations Maroc-UE franchiront un nouveau pas. Il s'agit d'un rendez-vous important, puisque c'est le premier du genre entre les deux parties et aussi parce que c'est la première fois que l'Union européenne organise un sommet avec un pays du sud. L'annonce de la tenue de ce sommet a été faite à l'issue des travaux de la 8ème session de l'accord d'association qui s'est tenue en décembre dernier à Bruxelles, et qui a permis de constater les grandes avancées réalisées par le Maroc. Ce sommet est un gage de reconnaissance pour l'effort de développement et de stabilité du Royaume et pour le choix stratégique fait par la Maroc en faveur d'un plus grand rapprochement avec l'UE. "Un choix clair et porteur d'espoir", comme l'avait souligné la présidence suédoise de l'UE (juin à décembre 2009). C'est aussi une marque de confiance en un partenaire "privilégié", qui partage les mêmes valeurs que l'Europe et une reconnaissance de son rôle en tant que havre de paix et de stabilité dans la rive sud de la méditerranée. L'Europe "a besoin de pays partenaires et amis comme le Maroc" pour faire face aux nombreux défis communs, dont le terrorisme dans la zone du Sahel, l'immigration clandestine et le développement de l'Afrique, avait indiqué Mme Bénita Fererro Waldner, ex-commissaire européenne aux relations extérieures, soulignant que le dialogue politique entre les deux parties "montre que nous partageons les mêmes idées sur les solutions à adopter". "Le Maroc est, sans nul doute, un partenaire stratégique et particulièrement important pour l'UE. Notre histoire partagée, les relations de plus en plus étroites entre nos peuples, le développement soutenu de nos échanges économiques et financiers, ainsi que d'autres facteurs attestent d'une interdépendance mutuelle de plus en plus grande", avait-elle ajouté. Pour le chef de l'exécutif espagnol José Luis Zapatero, l'organisation de ce sommet est motivée par la nécessité de "consolider la vision de stabilité dans la région du sahel et du Maghreb" et d'entamer une étape fondamentale dans le cadre du processus de l'Union pour la Méditerranée et du statut avancé accordé au Royaume. Ce sommet constitue une priorité de la présidence espagnole de l'UE, comme l'a affirmé le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Miguel Angel Moratinos devant les députés du parlement européen, insistant sur "l'importance de maintenir les bonnes relations avec le Maroc, grand ami et partenaire stratégique de l'UE". Qualifié aussi de "moment historique" et de "moment fort" de la relation euro-marocaine par plusieurs responsables européens, cette rencontre de haut niveau sera l'occasion de réaliser de nouvelles avancées dans le processus de coopération, de faire du statut avancé un cadre de partenariat "plus fort et plus efficient" et lancer des négociations sur un accord de libre échange "global et approfondi". Le comité économique et social européen (CESE), organe consultatif institutionnel de l'UE, a estimé que "l'UE n'a pas suffisamment exploité toutes les potentialités de sa relation avec le Maroc" et recommande, dans un "avis" qui sera soumis au sommet, d'ouvrir de nouveaux secteurs au commerce des services et à l'investissement. "Il y a lieu d'encourager l'implantation d'entreprises de part et d'autre, en facilitant les rapports institutionnels, en créant un climat favorable à l'entreprenariat et en promouvant les espaces de rencontre", indique le comité qui souligne la nécessité de renforcer davantage la coopération bilatérale avec le Maroc, l'"un des partenaires méditerranéens les plus importants de l'Union européenne". L'UE, qui affiche sa satisfaction des réformes engagées par le Royaume dans les domaines politique, économique et social, veut accompagner le Maroc dans son processus de modernisation et de la consolidation de l'état de droit. Elle a confirmé son engagement à accompagner financièrement la dynamique de développement économique et social que connait le Royaume en accordant au titre de l'année 2009 une enveloppe de près de 205 millions d'euros, à son "premier partenaire du voisinage". Cette enveloppe a intéressé notamment les secteurs de l'énergie (20 millions d'euros), la santé (25 millions d'euros), l'éducation (29 millions d'euros), l'INDH (20 millions d'euros), les investissements et exportations (20 millions d'euros), ou encore la réforme administrative et la gouvernance (15 millions d'euros). Cette coopération traduit la volonté de l'UE d'appuyer les efforts de modernisation engagés dans le pays dans de multiples domaines et de favoriser la croissance, a affirmé à ce propos M. Eneko Landaburu, ambassadeur, chef de la délégation de l'UE au Maroc.