Tenue, jusqu'à un temps récent, en dehors d'une véritable dynamique de développement, en dépit des importants atouts économiques et naturels qu'elle recèle, la ville de Nador, connaît depuis une dizaine d'années, un essor économique sans précédent au point où l'on qualifie cette cité du nord du Royaume de "ville-champignon". - Par Mohammed Badaoui- Pôle de l'industrie métallurgique et minière par excellence, et place bancaire de premier plan au Maroc, la ville a réussi à attirer, en quelques années, d'importants investissements. En effet, le Maroc a beaucoup investi à Nador notamment au niveau des infrastructures: aéroport international, port (passager, marchand et industriel), zones industrielles et routes (rocade côtière du nord). Bien que plusieurs secteurs de l'activité économique connaissent un essor favorable dans cette région, le secteur du tourisme n'a pas été, en revanche, suffisamment développé et n'a pratiquement connu aucun investissement notable en dépit des atouts naturels dont regorge la région qui possède l'une des plus belles lagunes de la Méditerranée (Mar chica +en espagnol+/petite mer) et d'immenses belles plages. Pour combler ce déficit en la matière et assurer un véritable décollage économique de cette région, les pouvoirs publics ont mis les bouchées doubles en décidant d'y implanter un méga projet de développement aux bords de la lagune Marchica, à proximité de la ville de Nador. Ce projet d'envergure mondiale, qui va complètement transformer le paysage de la région, s'articule autour de sept réalisations que d'aucuns n'hésitent pas à qualifier des sept merveilles, à savoir la cité d'Atalayoun, la cité des deux mers, la nouvelle ville de Nador, la baie des Flamants, la Marchica sport, les Vergers de Marchica et le Village des pêcheurs. Les chiffres relatifs à ce projet titanesque sont plus qu'éloquents. Les sept projets sont programmés séquentiellement entre 2009 et 2025. Le but est d'en faire une station balnéaire géante qui s'étend sur une superficie de 2.000 ha et une longueur de 25 km. A terme, le projet devrait permettre la création de 100.000 lits, 1.000 villas, 2.400 appartements, 6 marinas pour un coût global de 46 milliards de dirhams. Il permettra en outre de générer 15.000 emplois (4 700 directs et 10 300 indirects) durant la phase de construction. Une fois que les sites commenceront à tourner à plein régime, ce seront quelque 65.000 emplois qui vont être créés, dont pas moins de 30.000 directs et 35.000 indirects. Au-delà de l'aspect financier, qui n'est pas de moindre importance, ce méga projet retient l'attention des spécialistes en questions de développement surtout par son originalité et sa conception alliant différents facteurs nécessaires pour un développement durable de la région, désormais vouée à un bel avenir, compte tenu de ses potentialités économiques, humaines et géographiques. Le projet frappe, en effet, l'imagination des observateurs par son originalité d'autant plus qu'il reflète tout d'abord une nouvelle vision du Maroc en matière de développement, voulu, au plus haut niveau de l'Etat, général, efficace, d'envergure et au niveau des aspirations d'un pays qui cherche à se frayer un chemin parmi les nations démocratiques et développées . Tout a été pensé et rien n'a été laissé au hasard, ce qui en fait un projet très ficelé, moderne et respectueux de la culture et de la nature. Ces concepteurs, à travers la recherche d'un équilibre entre différentes composantes notamment technologiques et écologiques, avaient sans doute déjà dans l'esprit la réalisation d'un projet de société et non seulement un simple projet. Par ailleurs, pour mener à terme ce projet d'envergure, une société anonyme à capitaux publics, "Marchica Med", avait été mise sur pied par un décret (5 mars 2008) et dotée d'un capital de 500 MDH, réparti à parts égales entre l'Etat et le Fonds Hassan II. Mais pour chacun des 7 projets qui composent le programme, il sera créée une filiale dédiée dont l'actionnariat sera ouvert au privé Selon le président du Directoire de Marchica Med, M. Said Zarrou, le programme d'aménagement du site touristique de Marchica à Nador, dont la première tranche avait été lancée par SM le Roi Mohammed VI, procède d'une vision intégrée de développement durable destinée à doter la province d'un méga projet touristique revêtant une forte dimension écologique, ouvert au privé. Ce programme, avait-il dit, "ambitionne de faire de Marchica, la deuxième plus grande lagune du bassin méditerranéen, une destination touristique propre". Les études et les projets s'inscrivant dans le cadre de ce programme ont pour dénominateur commun le souci d'ériger le site de Marchica en pôle touristique respectueux de l'environnement par excellence, à travers la valorisation du potentiel socio-économique et des ressources naturelles de la province, la sauvegarde de la biodiversité, la mise en valeur du littoral marin, le reboisement des espaces verts et le recyclage des eaux usées. La société Marchica Med, avait-il indiqué, a eu recours à des bureaux d'études, à des architectes et experts marocains et étrangers de renommée internationale. Les conclusions formulées par ces experts ont recommandé la mise en oeuvre d'un programme de développement articulé autour de sept sites touristiques au lieu d'un seul, vision écologiquement efficiente pour le devenir de la province. La première tranche de ce programme prévoit la réalisation de la cité d'Atalayoun et de la Cité des Deux Mers avec des investissements de l'ordre de 7 millions de dirhams, ainsi que la réalisation d'une passe et l'aménagement de la passe actuelle en port de plaisance, avait-il expliqué, précisant que la nouvelle passe, de 300 mètres de largeur et de 6 mètres de profondeur, se situera à 1.500 mètres à l'ouest de la passe actuelle. Selon M. Zarrou, la réalisation de cette passe permettra le renouvellement des eaux de la lagune, la restauration de la qualité du milieu naturel, la facilitation de la navigation par la réduction des courants, ce qui ne manquera pas d'avoir un impact bénéfique sur la diversité biologique du site. Pour le ministre de l'Equipement et des transports, M. Karim Ghellab, il s'agit d'un grand projet touristique et d'infrastructures, précisant que son département réalisera une nouvelle passe qui permettra le renouvellement des eaux de la lagune et la facilitation de la navigation par la réduction des courants. Cette nouvelle passe qui permettra la circulation de bateaux et navires et assurera un meilleur équilibre biologique et environnemental pour la lagune, se substituera à l'ancienne, laquelle sera reconvertie en port de plaisance pour un coût global de 380 millions de dirhams sur une durée de 18 mois. Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, M. Taieb Cherqaoui, avait affirmé dans une intervention devant la Chambre des représentants que le projet d'aménagement du site de la lagune de Marchica va constituer un levier du développement économique et social pour la région de l'Oriental et un pôle urbain du Grand Nador. Le ministre avait souligné que ce projet s'inscrit dans le cadre de l'impulsion du décollage socio-économique du Maroc, particulièrement dans les régions du nord, du Rif et de l'Oriental. Ce décollage, avait-il dit, se concrétise à travers la mise en valeur des potentialités naturelles exceptionnelles que recèle la lagune Marchica et ses environs et qui font de ce site un levier important pour le développement d'une économie respectueuse de l'écosystème et le développement durable au niveau de la région du Grand Nador. Il avait exprimé ainsi sa conviction que la réalisation de ce projet, situé à proximité de l'Europe et de la station balnéaire de Saidia, va incontestablement avoir des impacts positifs aux niveaux social, économique et urbanistique, tout comme il représentera une occasion pour réduire les charges et les dépenses affectées par les collectivités locales concernées au développement des infrastructures, des équipements et de l'urbanisation, tout en leur garantissant des sources d'auto-financement stables et substantielles, susceptibles de leur assurer l'autonomie financière et élargir les perspectives d'investissement. Le ministre avait également relevé que le fait de confier la réalisation de ce projet à un établissement public, qui fait siennes les règles de souplesse, de transparence et d'efficacité, offre une garantie supplémentaire quant à la réalisation des objectifs escomptés.