La problématique urbaine en Méditerranée est l'un des enjeux les plus lourds du 21-ème siècle, qui nécessite un "combat collectif" qui doit être mené par l'ensemble des pays engagés dans le processus de l'Union pour la Méditerranée (UpM), a affirmé lundi Mme Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement. "La problématique du développement urbain durable est un véritable enjeu du développement de notre région méditerranéenne qui intégrera durant les deux prochaines décennies quelque 80 millions d'urbains supplémentaires, principalement dans les villes du littoral, qui connaîtront dès lors des mutations sociales, économiques et environnementales profondes", a souligné la ministre à l'ouverture, à Rabat de la Réunion préparatoire à la première réunion ministérielle de l'UpM sur le développement urbain durable, prévue en novembre 2011 en France. La ministre a fait remarquer que "cette urbanisation accélérée, principalement dans les pays méditerranéens du Sud et de l'Est, provoquera la détérioration d'une situation déjà préoccupante aux niveaux de la consommation des terres, de la pollution des eaux souterraines, de l'accès à une eau potable de qualité et à des services d'assainissement, de la gestion des déchets et des impacts négatifs sur l'environnement et la santé humaine". Dans ce contexte de vulnérabilité au risque environnemental, de littoralisation, d'étalement urbain, de dégradation continue des sols et des ressources naturelles, de manque de cohérence de l'action publique, les pertes massives de terres agricoles de qualité, le déficit de gestion des arrière-pays, la progression des inégalités, l'absence d'un réseau de transports adéquats et le développement insuffisant de l'inter-modalité sont des défis majeurs pour le développement de notre région, a-t-elle affirmé. En plus de ces enjeux, Mme Benkhadra a relevé le rôle vital et essentiel de l'eau pour le développement économique et social des pays méditerranéens et la menace de pénurie de cette ressource vulnérable, notamment par les conséquences du changement climatique, les concurrences entre secteurs dont elle fait l'objet et les conflits potentiels qu'elle pourrait engendrer dans notre région. "Le combat de notre développement sera gagné, ou perdu, dans nos villes", a dit la ministre ajoutant que "Notre action et notre ambition pour assurer un développement urbain durable en méditerranée doivent être à la hauteur de ces enjeux et notre combat doit être forcément collectif". Selon Mme Benkhadra, "Aucun de nos pays ne pourra le réussir tout seul. Il doit être mené par l'ensemble des pays engagés dans le processus de l'Union pour la Méditerranée, qui travaillent déjà sur d'autres thèmes, Plan Solaire Méditerranéen et mise en oeuvre attendue d'une stratégie méditerranéenne de l'eau, notamment". "Dans ce combat, nous devons nous nourrir des réflexions, du dialogue, de toutes les bonnes volontés et de toutes les intelligences. Mais cette méthode, elle a surtout un avenir : permettre à l'ensemble des acteurs méditerranéens concernés, notamment les collectivités territoriales, d'échanger, de dialoguer, grâce à une véritable mobilisation citoyenne, leur permettre ainsi de construire les solutions dont nous avons tant besoin", a indiqué la ministre. Ce combat, a-t-elle dit, relève de "notre responsabilité tous". "Il s'agit de la responsabilité des pays du Nord, bien sûr, dont l'aide au développement devrait être au coeur de notre stratégie de développement urbain durable, même si l'action et l'essentiel des financements sont du ressort des pays concernés eux-mêmes", a-t-elle ajouté, estimant que "la solidarité méditerranéenne ne peut venir qu'en soutien à des politiques nationales et, surtout, locales". Mme Benkhadra a noté que les efforts devront être engagés à la fois par les villes, les territoires et les Etats, et devront être soutenus par la coopération internationale, afin de partager la vaste expérience des collectivités territoriales des pays européens dans ce domaine. La ministre a, en outre, fait remarquer que "la mise en oeuvre d'une stratégie méditerranéenne pour le développement urbain permettra une prise en charge globale et intégrée de l'ensemble des problématiques auxquelles les villes méditerranéennes doivent faire face, notamment celles liées à la planification urbaine, à la mobilité, à l'énergie, à l'eau, à l'assainissement et à la gestion des déchets, afin d'assurer un développement urbain durable". Les principaux axes de cette stratégie urbaine méditerranéenne pourraient être, selon la ministre,"Une charte en faveur de la ville durable méditerranéenne" ,"Un schéma d'orientation et un cadre de référence pour des villes méditerranéennes durables", "un appel à projets pour la mise en oeuvre de villes et de quartiers durables exemplaires" ,"un soutien des bailleurs de fonds pour l'aide à l'émergence de projets urbains durables innovants susceptibles d'être labellisés par l'UpM" ,"Un palmarès de l'innovation urbaine, afin de promouvoir les bonnes pratiques" et "la création d'une Agence Urbaine de la Méditerranée". Notant que la réunion de Rabat "intervient à un moment particulièrement important dans le processus que nous avons initié au Maroc, conformément aux priorités de notre stratégie énergétique, en vue de la réalisation de projets majeurs et de l'adoption de réformes ambitieuses nous permettant un développement accéléré des énergies renouvelables", la ministre a souligné que les actions entreprises dans ce domaine "permettront de lancer le Maroc dans la course vers l'objectif de la transition vers un système énergétique sûr, concurrentiel et à faible intensité en carbone, où les énergies renouvelables, avec les ambitieux programmes solaires et éoliens de 2000 MW, sont des locomotives pour le développement territorial et local". La ministre a, par ailleurs, souligné l'importance qu'accorde le Maroc au partenariat euro-méditerranéen dans le cadre de l'UpM", notant que le Royaume oeuvrera pleinement au partage des expériences, des informations et des expertises, à la mise en réseau des acteurs concernés et à la mise en oeuvre de la Stratégie méditerranéenne pour le Développement Urbain. Intervenant lors de cette réunion de deux jours, M. Achraf Hamdy, au nom de la coprésidence égyptienne de l'UPM, a mis l'accent sur la nécessité de redoubler les efforts de la part des gouvernements méditerranéens en vue de relever les défis du développement urbain et de trouver des solutions rapides à cette problématique dans le but d'améliorer le niveau de vie des populations et de leur garantir une vie décente. M. Achraf a fait remarquer que la situation dans la région méditerranéenne ne nécessite pas davantage de stratégies, mais plus d'actions et de travail au moment ou la communauté internationale demande des résultats concrets à ce problème. ll s'est, à cet égard, arrêté sur les défis majeurs de surpeuplement et de l'exode rurale qu'affronte l'Egypte ainsi que le problème d'habitat insalubre et de surexploitation des ressources naturelles, soulignant que ces problèmes requirent des réponses et des interventions urgentes. De son côté, l'Ambassadeur Serge Telle, au nom de la coprésidence francaise de l'Union pour la méditerranée, a évoqué la problématique majeure urbaine que connaissent les villes méditerranéennes, notant que la population urbaine dans la région atteindrait 100 millions d'urbains dans les 30 ans à venir. Il a notamment souligné l'urgence d'apporter des solutions à cette problématique en vue de réaliser la démocratie et le développement escompté. Pour sa part, M. Piotr Zuber, au nom de la présidence polonaise de l'Union européenne a souligné l'importance de la coopération entre les pays de l' UpM et du soutien de l'Union Européenne dans ce domaine. Il a, à cet égard, appelé à trouver les moyens adéquats pour l'exploitation des potentialités européennes et leur transfert dans la région méditerranéenne, exprimant le soutien de la présidence polonaise en vue d'élaborer une stratégie globale de développement pour cette région. L'objectif de la rencontre de Rabat est de préparer la réunion ministérielle, prévue en France en novembre 2011, d'initier l'élaboration de la déclaration des ministres et d'examiner les propositions d'actions à entreprendre dans ce cadre.