Les 149 bureaux de vote ouverts en France pour le référendum constitutionnel au Maroc ne se désemplissaient pas vendredi, confirmant l'attachement de la communauté marocaine à accomplir son "devoir de citoyenneté" et "faire entendre sa voix" sur l'avenir de son pays d'origine. ---Par Noureddine HASSANI et Amal TAZI---.
A Paris comme ailleurs, des files se formaient devant les consulats dès 07h00 en attendant l'ouverture des bureaux de vote, selon les constations des journalistes de la MAP et les témoignages des responsables consulaires. M. Rabhi El Arbi, Consul adjoint du Maroc à Paris, affirme "avoir été agréablement surpris" par la forte mobilisation des marocains pour le vote de ce référendum. "Je suis arrivé à 07h00 du matin, une heure avant l'ouverture des bureaux de vote, j'étais surpris de voir qu'il y avait déjà beaucoup de monde". Pour M. Rabhi, cette mobilisation "montre la prise de conscience politique des Marocains qui veulent contribuer activement au processus démocratique lancé par SM le Roi Mohammed VI". Au Consulat d'Orly (sud de Paris), le bureau de vote a été submergé par une masse de citoyens, "une affluence inattendue", affirme Bouchaïb El Khalfi, Consul général, qui a regretté de ne pas avoir prévu l'ouverture de deux bureaux au sein du Consulat, à l'instar de celui de Paris. Même tendance à Villemomble (est de Paris), où le bureau aménagé au Consulat a été pris d'assaut par des centaines de citoyens, note le Consul, M. Abdellatif Mortabit. Si certains parmi les votants veulent garder leur vote anonyme, d'autres sont ravis d'afficher avec fierté leur décision de voter "oui" dans tous les bureaux de vote visités par les journalistes de la MAP en région parisienne. C'est le cas notamment d'Abdeslam, étudiant en école de commerce à Pontoise, qui défend haut et fort cette conviction au point de la partager avec ses amis sur le réseau social facebook. Ce jeune étudiant affirme avoir pris connaissance du contenu du projet de la nouvelle constitution, et s'est informé sur le mode de vote des MRE sur le site du Consulat de Pontoise (dans la banlieue nord-ouest de Paris) où il a accompli son devoir. A 14h00, il a pu constater qu'il y avait déjà plus de 1.000 votants avant lui grâce à un système d'affichage mis en place dans ce bureau de vote. "C'est le devoir de chaque marocain pour se faire entendre activement sur la scène politique", dit ce jeune qui espère un changement "profond". A Paris, Zineb, la vingtaine, est à sa première expérience de vote. "Je veux me faire entendre et contribuer à la conscience politique que connaît le Maroc ces derniers temps", affirme cette étudiante à l'université Paris Dauphine. En venant tôt le matin aux deux bureaux de votes installés au Consulat du Maroc à Paris, Abdeljalil et Fatima, un couple de retraités, veulent apporter leur contribution au processus démocratique du royaume. "Nous sommes venus voter parce que c'est le devoir de chaque citoyen marocain qu'il soit au Maroc ou à l'étranger. Ce devoir nous permet de nous rapprocher encore plus du Maroc même si nous n'y allons pas souvent", explique Abdeljalil.
Ashraf (20 ans), lui, a participé à différentes rencontres destinées à présenter le contenu de la nouvelle Constitution, ce qui lui a permis de connaître l'enjeux de ce texte et ses avancées pour la consécration de la protection des droits de l'homme, de l'équilibre des pouvoirs et de l'identité plurielle au Maroc. Cet étudiant en relations internationales à la Sorbonne, qui a été parmi les premiers à se rendre aux urnes pour exprimer sa voix, dit avoir attendu ce rendez-vous avec impatience, d'autant plus qu'il s'agit de son premier scrutin depuis qu'il a atteint l'âge légal. Mais dans sa précipitation, il se rend compte sur place qu'il avait oublié de ramener ces pièces d'identité marocaine, nécessaires pour accomplir son devoir. Impossible de voter le jour-même, il va devoir revenir le lendemain, les bureaux étant ouverts jusqu'à dimanche soir. Lui, il peut se rattraper, mais ce n'est pas le cas malheureusement de Hadj Mohamed qui n'a pas caché sa déception de ne pas pouvoir voter après s'être présenté avec le seul document prouvant sa marocanité, un passeport dont la date de validité a expiré depuis des décennies. A Clichy La Garenne, une ville au nord de Paris à forte concentration de la communauté marocaine, l'ambiance est bon enfant. Le vote se fait sous les youyous dans ce local prêté par la Mairie et les gens ne semblent pas se préoccuper de la longueur des files d'attente. Rachida, garde d'enfants, affirme avoir voté pour que "le Maroc avance" et par "attachement au Roi, socle de l'unité et de la prospérité du pays". "Nous vivons en Europe et nous considérons qu'il n'existe pas de pays où il n'y a pas de problèmes économiques, de chômage..., mais nous voulons que le Maroc soit meilleur", souligne cette trentenaire qui a dit apprécier plus particulièrement "la constitutionnalisation de l'amazigh" parmi les autres dispositions de la nouvelle constitution. "Nous, Marocains de l'étranger, savons bien la valeur de notre pays plus que nos compatriotes au Maroc", insiste la jeune femme, en disant entrevoir "l'avenir avec espoir", car pour elle l'initiative de "cette révision constitutionnelle est annonciatrice d'autres réformes aussi positives qu'audacieuses". Même son de cloche chez Fatima, employée à la Mairie, qui a voté le matin mais tenu à accompagner son fils, Abdeljawad, coiffeur à Paris, pour accomplir pour la première fois son devoir dans l'après-midi. Avec conviction et bonne humeur, la maman et son fils soulignent que l'ensemble du texte est positif, mais ils apprécient surtout le geste fait envers les Marocains de l'étranger qui leur ouvre la porte à la participation et à la représentativité politiques. A Paris, dans un autre bureau aménagé au siège d'une holding immobilière à la Porte de Clichy, une grande affluence a été enregistrée surtout de la part des jeunes et des cadres. L'un deux, un étudiant d'une université parisienne, affirme avoir venu par "obligation civique" pour s'exprimer sur le projet qui constitue une "étape majeure" dans le processus démocratique. Mohamed, retraité, entrevoit, lui, un "avenir meilleur plein de démocratie". Ce septuagénaire a salué un "travail énorme" dans l'élaboration de ce texte, en notant avec satisfaction la reconnaissance du rôle et des droits des MRE.