L'expérience de la femme marocaine dans la vie politique, l'approche genre pour promouvoir sa situation dans divers domaine et les diverses mesures pour encourager son accès aux instances élues et à la gestion des affaires publiques a été exposée, samedi à Dakar, à l'occasion d'une conférence internationale sur la parité. Lors de cette conférence qui se veut une mobilisation pour promouvoir la parité au niveau du continent, la présidente du réseau des femmes élues locales, la marocaine Milouda Hazeb a mis en exergue l'exemple marocain qui constitue une expérience pilote au niveau des pays arabes et musulmans et qui a permis l'émergence d'une démocratie soucieuse de l'approche genre et où la femme est présente à tous les niveaux de responsabilité dans la gestion des affaires publiques. Après une expérience édifiante avec l'approche genre social et des mesures législatives instituant la discrimination positive dans les domaines de la vie publique et privée, la situation de la femme marocaine a connu un nouvel élan dans le domaine politique et électoral avec la loi décrétant une liste nationale réservée aux femmes dans le scrutin législatif, a-t-elle rappelé. C'est ainsi qu'une trentaine de femmes ont été élues au parlement en plus de cinq autres issues des listes locales, a-t-elle souligné, précisant qu'il ne s'agit pas encore de la parité mais d'un engagement sur la bonne voie vers cet objectif de la démocratie égalitaire entre les genres. Des statistiques récentes montrent que la femme marocaine occupe au moins 30 pc des postes aux secteurs public et privé et ce taux est envisagé dans le domaine politique (parlement, collectivités locales et arrondissements), a précisé Mme Hazeb qui est aussi présidente de l'arrondissement Annakhil de Marrakech. Compte tenu de l'importance de l'approche socio-économique pour promouvoir la situation de la femme, Mme Hazeb a livré les efforts du Maroc en matière budgétaire où les secteurs sociaux et les domaines liés à la promotion de l'égalité des genres représentent jusqu'à 60 pc des ressources. Elle a notamment cité l'Initiative Nationale de développement humain, initiée par SM le Roi Mohammed VI, où les femmes sont majoritairement représentées dans les projets de lutte contre la précarité. Et de souligner que la pauvreté a régressé de 42 pc dans les milieux ciblés par cette initiative de grande envergure. Sous l'ère nouvelle, la condition féminine est traitée sans tabou et le Maroc a adhéré à l'ensemble des conventions de l'ONU relatives à la consécration des droits de la femme, a-t-elle affirmé. En atteste l'esprit de la loi fondamentale (constitution) et des lois organiques (code de la famille, code de la procédure civile, code de la nationalité,) qui consacrent les principes fondamentaux de l'égalité entre les sexes, a-t-elle assuré, précisant qu'il reste à fournir davantage d'efforts dans les procédures d'exécution et de mise en application des lois.
La parlementaire marocaine a rappelé le rôle du réseau africain des femmes élues qu'elle préside et ses objectifs qui consistent à oeuvrer de concert au niveau continental pour une meilleure représentativité des femmes dans la gouvernance locale. Le contenu de la feuille de route du réseau sera examiné et fixé lors de la prochaine réunion de cette structure prévue la semaine prochaine à Rabat, a-t-elle informé. Pour sa part, Malika Benradi, enseignante-chercheur à l'université de Rabat, s'est félicité de l'initiative du Sénégal, l'un des premiers pays du continent à avoir consacré la parité dans les instances élues afin d'assurer aux femmes une citoyenneté entière. Une démocratie réelle ne saurait qu'être une démocratie paritaire conformément à la recommandation de la conférence internationale de Pékin de 1995 sur la parité, a-t-elle plaidé. En dépit des avancées, l'on est encore loin des aspirations au niveau du continent africain, a-t-elle estimé, appelant vivement à instaurer, provisoirement, la discrimination positive pour accélérer la dynamique du genre et réduire le fossé entre les deux sexes dans le domaine politique et l'accès aux centres de décisions des instances élues. Le mode du scrutin doit intégrer les mesures favorables à la représentativité des femmes notamment l'obligation des quotas afin de corriger les situations non favorables à la parité et instaurer une représentation égalitaire dans la gouvernance des affaires publiques, a-t-elle plaidé. En Afrique, la politique est encore largement considérée comme un monopôle masculin, une réalité qui est l'une des raisons de la désaffection des populations envers la chose politique et la crise des partis peu soucieux de l'intégration de la moitié de la société, a-t-elle affirmé. Et de conseiller la parité pour que les partis politiques puissent jouer pleinement leur rôle d'encadrement et parer aux tensions sociales qui risquent de dégénérer en mouvements d'humeur comme c'est le cas dans plusieurs pays arabes. La Conférence de Dakar, tenue sous le thème "Inscrire la parité au coeur du développement, au-delà de la loi : enjeux et perspectives", a pour objectif de permettre aux participantes d'échanger sur le concept de la parité et les enjeux liés à son adoption et à son application comme mécanisme de régulation de la représentativité des hommes et des femmes dans les instances de décision. Les participantes, venues de plusieurs pays africains, doivent s'entendre sur l'élaboration d'un "cadre stratégique pour la mise en oeuvre d'une Déclaration solennelle sur l'égalité entre les hommes et les femmes en Afrique", en plus de la définition d'un cadre de coordination et de suivi pour un plaidoyer en faveur de la parité.