Le développement des dessertes aériennes régionales ne peut être efficace et viable, en l'absence de la contribution de l'Etat et de celles des institutions régionales concernées, a affirmé jeudi à Marrakech, le ministre de l'Equipement et des Transports, M. Karim Ghellab. M. Ghellab qui s'exprimait à l'ouverture des travaux d'un séminaire sur "le transport aérien régional" initié par la RAM en partenariat avec le ministère de l'Equipement et des Transports, a ajouté que le libre marché ne peut à lui seul suffire à promouvoir convenablement le transport aérien domestique. Le ministre a, en outre, mis en avant l'importance du transport aérien régional en tant que véritable moteur de désenclavement régional, de développement économique des régions et de promotion du tourisme interne. Et le ministre d'ajouter que pour répondre à cette problématique et dans l'objectif de disposer d'un réseau de transport aérien domestique reliant l'ensemble des plateformes aéroportuaires nationales, avec des niveaux de fréquences élevés et des horaires de vols de plus commodes pour les usagers, la fin de l'année 2009 a été marquée dans le domaine aérien par la création d'une nouvelle compagnie "RAM Express". Cette compagnie, filiale de la Royal Air Maroc, dotée d'une flotte adaptée, est dédiée exclusivement au transport aérien domestique et à la desserte des régions avoisinantes (Iles Canaries et Lisbonne au Portugal). Selon M. Ghellab, la création de cette compagnie s'accompagne de la conclusion d'un Contrat programme entre l'Etat et la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) prévoyant un soutien financier pour la poursuite de la recapitalisation de la RAM et des mesures d'exonération des redevances aéroportuaires et de navigation pour les vols domestiques. Et le ministre de poursuivre que de son côté, la compagnie nationale s'engage à appliquer sur 30 à 50 pc des sièges de chaque ligne intérieure desservie des tarifs, ne dépassant pas 90 euros valables pour un aller/retour, toutes taxes comprises et ce, dans l'objectifs de rendre les services de transport aérien accessibles aux différentes classes d'usagers, à travers des prix très avantageux de nature à promouvoir la mobilité et l'intégrité régionale. M. Ghellab a tenu à indiquer aussi que dans ce contexte, le Royaume encourage le partenariat entre les compagnies aériennes nationales et les institutions régionales de développement économique et social, notant que des actions concrètes et réussies ont été déjà mises en œuvre dans ce sens, notamment à travers la conclusion de partenariats entre la RAM et certaines régions du Royaume (Agence de Développement des provinces du Sud et celle de développement de la région de l'Oriental), prévoyant ainsi le renforcement des dessertes aériennes à des prix avantageux et moyennant des subventions de la part de ces institutions régionales. " Par la création de cette nouvelle compagnie aérienne et l'initiation du processus de partenariat avec les institutions régionales, notre volonté est manifeste pour faire du transport aérien domestique un levier de désenclavement de nos régions, de leur développement économique pour la réduction des disparités sociales et l'amélioration du niveau de vie des populations", a expliqué le ministre.
M. Ghellab a passé en revue également les différentes expériences menées au Maroc pour la promotion des dessertes aériennes régionales, avant d'opter pour la création d'une nouvelle compagnie dédiée au transport domestique. S'agissant du développement du transport aérien régional au sein des pays de l'Afrique, le ministre a estimé qu'à l'instar du transport aérien international, ce segment nécessite au préalable l'existence d'opérateurs aériens viables et d'infrastructures et des équipements aéroportuaires adéquats. Il a, par ailleurs, déploré le fait que malgré les efforts déployés ces dernières années pour doter les pays africains de compagnies aériennes fiables, le transport aérien demeure largement sous-développé. Chiffre à l'appui, le ministre a fait savoir que de l'aveu même de l'Association des Compagnies Aériennes Africaines (AFRAA), ces dernières ne participent qu'à hauteur de 4 pc de l'activité mondiale, alors que le continent compte près de 900 millions d'habitants et que les gisements potentiels de croissance sont significatifs. Et le ministre de poursuivre que la plupart des pays, notamment ceux de l'Afrique de l'ouest, de l'est et de l'Afrique centrale, ne disposent pas de compagnies aériennes viables, à cela s'ajoute le fait que la plupart des compagnies aériennes africaines sont déficitaires, la rareté des lignes intérieures et les tarifs élevés, la vétusté des flottes, le mauvais état des infrastructures aéroportuaires et le déficit en matière de sécurité et sûreté aériennes, dont les normes restent loin des standards mondiaux. Ce sont là, estime M. Ghellab, autant de créneaux sur lesquels les pays africains sont appelés à travailler dans le cadre d'une approche partenariale et de coopération technique fructueuses, afin de dépasser cette situation et permettre ainsi d'insuffler une nouvelle dynamique au transport aérien national (domestique) et international dans le continent. "Le Royaume, persuadé de la pertinence de la coopération Sud/Sud, a déjà conclu à la demande de certains pays amis africains, des protocoles et des conventions de coopération technique englobant tous les maillons de la chaîne de transport aérien", a rappelé le ministre, réitérant l'engagement du Royaume à étendre cette expérience à tous les pays amis désireux d'y adhérer tout en les faisant bénéficier de son savoir et de son expertise dans le domaine du transport aérien et de l'aviation civile et ce, après une définition préalable des besoins et des priorités de tout un chacun. Réunissant une palette de ministres africains, de responsables ainsi que de professionnels des secteur de l'aviation civile et du transport aérien du Maroc, de l'Afrique et de l'Europe, ce séminaire est l'occasion de mettre en avant le rôle du transport aérien régional dans l'appui aux politiques de désenclavement, de développement des échanges intra africains et de dynamisation des économies locales menées par les Etats. L'activité intra-régionale en Afrique, rappelle-t-on, ne représente que 1 pc du marché mondial pour une population de 900 millions d'habitants, soit 12 pc de la population mondiale. Même en y intégrant le trafic international, l'activité demeure marginale avec 4 pc des parts de marché mondial.