Quelques jours après sa visite aux Etats-Unis, le Premier ministre britannique David Cameron se rendra cette semaine en Inde pour une visite où les mots d'ordre seront la consolidation des échanges commerciaux, l'ouverture du géant marché indien aux businessmen britanniques et le remodelage des relations bilatérales. Par Aziz Rami Cette visite sera, selon les analystes de la presse londonienne, plus importante que celle effectuée à Washington la semaine dernière. Et pour preuve, ils citent l'importante de la délégation qui accompagnera M. Cameron lors de sa visite à New Delhi. Ils sont, en effet, plus de 50 chefs d'entreprises, dont certaines qui constituent les piliers de l'économie britannique (Barclays bank, BAE Systems, Rolls-Royce...), à prendre part à cette visite. A ceux-là s'ajoutent six membres des plus influents du gouvernement de coalition conservateur-libéral démocrate, notamment le ministre des Finances, George Osborne, le ministre des Affaires étrangères, William Hague et le ministre du Commerce et des Entreprises, Vince Cable. Vu les atouts de l'économie indienne, dont le rythme de croissance annuelle avoisine les deux chiffres, il est facile de comprendre l'importance qu'attache le 10 Downing Street au pays de Rajiv Ghandhi et du Taj Mahal. L'économie indienne enregistre le taux de croissance le plus élevé au monde. Se chiffrant à 6,8 milliards de livres Sterling en 2009, les exportations de l'Inde au Royaume-Uni ont de loin dépassé ses importations, qui ont à peine atteint 4,7 milliards. Et les étudiants indiens désireux de poursuivre leurs études à l'étranger représentent une aubaine pour les universités britanniques qui cherchent à tout prix des recettes pour compenser les effets des coupes budgétaires. Cameron cherchera donc à persuader le gouvernement de Manmohan Singh d'ouvrir les portes de ce géant marché de près de 1,2 milliard d'âmes, offrant ainsi une bouée de secours aux entreprises britanniques qui broient du noir à cause des répercussions de la crise financière, mais aussi du budget d'austérité annoncé en juin dernier par le gouvernement de Whitehall. Londres essayera aussi de rivaliser avec les Etats-Unis, son propre allié stratégique dans le marché indien. En effet, les échanges commerciaux entre l'Inde et les Etats-Unis ont totalisé en 2009 plus de 36 milliards de livres Sterling, soit plus de trois fois les échanges indo-britanniques. D'autre part, les Etats-Unis reçoivent deux fois plus d'étudiants indiens que la Grande-Bretagne. Outre le volet économique et commercial, M. Cameron va tenter de partir d'un bon pied en termes de relations avec New Delhi, après une série de faux pas de l'ancien gouvernement Travailliste, soulignent les analystes. Selon eux, les Travaillistes avaient mis beaucoup de leurs oeufs dans le panier chinois sans recevoir grand-chose en retour, au moment où ils ignoraient le géant indien. En fait, la visite de M. Cameron s'inscrit dans le cadre d'un remodelage de la stratégie de la politique étrangère du Whitehall. Cette nouvelle vision veut que Londres noue des "relations spéciales" avec New Delhi à l'instar de ses propres liens avec Washington. L'Inde partage avec la Grande-Bretagne une histoire de 250 ans. Elle compte la plus grande population anglophone au monde, et maintient des relations étroites avec le Royaume-Uni grâce aux mouvements d'immigrants et d'étudiants. Pourquoi donc ne pas hisser les relations avec ce pays au plus haut niveau, se demande-t-on à Londres. Les politiciens indiens verront, selon toute vraisemblance, d'un bon oeil la qualité et la taille de la délégation qui accompagne M. Cameron, et le fait qu'il a choisi New Delhi pour effectuer l'un de ses premiers déplacements à l'étranger depuis son accession à la primature. Selon la presse londonienne, M. Cameron devra, cependant, se garder de répéter les gaffes des anciens responsables britanniques. En Inde, on ne s'appelle pas par les prénoms, et on n'évoque pas le Cachemire.