Les Canariens, victimes des actes terroristes du "Polisario", ont, "pour la première fois, obtenu une reconnaissance institutionnelle en Espagne", écrit le journal local La Provincia, qui s'est fait l'écho de la participation de l'Association qui représente ces victimes à une cérémonie en hommage aux victimes du terrorisme, organisée dimanche dernier au Congrès des députés (Parlement) à Madrid, en présence du Roi Juan Carlos 1er et de la reine Sofia. "Nous avons eu une présence et une voix", a déclaré la présidente de l'Association canarienne des victimes du terrorisme (Acavite) Lucia Jiménez, qui a pris part avec une trentaine de représentants d'autres associations à cette cérémonie organisée à l'occasion de la "Journée des victimes du terrorisme" (27 juin), la première après l'approbation en mars dernier de cette manifestation par le parlement, ajoute le journal. Outre les Souverains espagnols, la cérémonie s'est déroulée notamment en présence de sénateurs, de députés, de plusieurs ministres et des présidents du Tribunal constitutionnel et du Conseil général du pouvoir judiciaire. Selon le journal, le Roi Juan Carlos a encouragé la présidente d'Acavite à poursuivre la lutte, lui assurant que les victimes canariennes du terrorisme ne seront pas oubliées. "Je connais la question", a dit le souverain à Mme Jiménez, journaliste de profession et fille d'un Espagnol victime d'un attentat à la bombe commis par le Polisario contre les employés de Fosbucraa en 1976. Selon Mme Jiménez, les membres de quelque 300 familles des îles Canaries ont été victimes d'attaques terrorismes durant les années 70 et 80 contre des bateaux de pêche opérant entre le Sahara et l'archipel canarien ou contre les Canariens travaillant pour le compte de Fosbucraa à Laâyoune. Mme Jiménez déplore le mutisme "absolu" observé durant plus de 30 ans sur la situation des veuves, des orphelins, des blessés par bombes et des victimes de séquestrations et d'attaques armées du "Polisario". C'est pourquoi le fait de participer à cette cérémonie "est si importante", a-t-elle souligné. "C'est un jour historique pour nous. Un grand jour, pour les familles des membres de l'équipage du bateau Mencey de Arona, cible d'un attentat qui avait fait 16 morts dont on n'avait retrouvé qu'un seul corps, ou pour l'équipage du Cruz Blanca, dont seuls trois ont survécu, ou encore pour les nombreux kidnappés ou blessés par les bombes posées" par le polisario, a-t-elle ajouté. Mme Jiménez a dénoncé ceux qui présentent le Polisario aux Canaries et en Espagne comme un "mouvement de libération" alors que, en réalité, ses membres tuent à des fins obscures. La présidente de Acavite avait mis le "polisario" dans le lot des organisations terroristes auxquelles l'Espagne a eu à faire face, au même titre que le Grapo et l'Eta, provoquant les protestations du représentant des séparatistes aux Canaries. L'Acavite est une association créée en 2006 pour obtenir justice pour les familles des victimes des pêcheurs canariens tués et lutte également pour obtenir auprès de l'Etat espagnol et des organisations internationales et nationales une reconnaissance officielle de ces crimes, l'indemnisation des victimes et ayants-droit et la réparation des dommages. Elle réclame qu'on leur apporte un appui similaire à celui accordé aux personnes victimes des actes de l'organisation basque "ETA" ou d'autres groupes terroristes. Les attaques du "polisario" contre les pêcheurs et les civils canariens lui avait valu d'être classé en Espagne parmi les "organisations terroristes" et ses représentants avaient été expulsés conformément à une décision prise par le gouvernement, dirigé à l'époque par Felipe Gonzales. Les autorités espagnoles avaient expulsé le représentant des séparatistes à Madrid Ahmed Boukhari et fermé leurs bureaux en Espagne en 1985. Cette décision avait été prise à la suite d'attaques terroristes commises par des éléments du "polisario" contre le chalutier canarien El Junquito et le patrouilleur de la marine espagnole "El Tagomago". Le 20 septembre 1985, le chalutier espagnol avait été attaqué alors qu'il se trouvait dans les eaux internationales. Cette attaque s'était soldée par la mort d'un marin-pêcheur et l'enlèvement de six de ses compagnons, qui ont été conduits dans une prison des camps de Tindouf (sud de l'Algérie). Le 21 septembre, un patrouilleur de la marine espagnole, qui croisait dans la zone à la recherche des marins d'El Junquito, avait fait l'objet d'une attaque à la roquette. Un soldat avait été tué et une cinquantaine d'autres blessés. Ces deux attaques avait été précédées par plusieurs autres agressions meurtrières, revendiquées alors par le polisario.