Les canariens, victimes des actes terroristes commis dans les années 70 et début 80 par les miliciens du +Polisario+, ont réapparu de nouveau sur la scène préférant ne pas sombrer dans l´oubli de l´histoire et incriminant directement les séparatistes de ces attentats terribles, qui ont laissé des séquelles inoubliables dans cet archipel. Les victimes par la voie de leur association viennent d´interpeller, dans un communiqué, les autorités espagnoles et européennes, à l´occasion du Sommet historique de Grenade (6 et 7 mars), en demandant une +reconnaissance officielle+ au sein des organismes internationaux comme l´ONU, une réparation des dommages et de l´oubli qu'elles ont subis et pour les souffrances que leurs familles endurent depuis plus de 30 ans suite aux actes criminels et atroces perpétrés par la milice du +polisario+, contre les marins et les pêcheurs. Les dirigeants du +polisario+ avaient revendiqué à l´époque ces attaques, ce qui avait obligé les autorités espagnoles à expulser le soi-disant représentant des séparatistes à Madrid, le dénommé Ahmed Boukhari, dans les années 80. De même, tous les locaux du +polisario+ avaient du être fermés et ses représentants dans toute l'Espagne expulsés, suite à ces attentats, dont le plus grave est l´attaque au patrouilleur "Tagomago" de la marine espagnole, qui était intervenu, le 21 septembre 1985, pour secourir l'équipage du bateau "Junquito", pris pour cible par des mitraillettes et les mortiers des milices du "polisario". Un soldat espagnol avait été tué et deux autres blessés lors de cette agression. Toutefois, l'attaque la plus cruelle reste celle perpétrée en novembre 1978 contre le bateau de pêche "Cruz del Mar", dont la majorité de l'équipage sont originaires des Canaries, puis la mystérieuse disparition en novembre 1980 du bateau "Mencey de Abona", attaques qui s'étaient soldées par la mort de 14 pêcheurs canariens qui opéraient en Atlantique. "Nous incitons toutes les parties et intervenants ainsi que l'Union Européenne, à agir pour que soit reconnue, par devoir de vérité, l'existence du groupe de victimes canariennes du terrorisme" du "Polisario", indique le communiqué de Acavite, dont la présidence est assurée par Mme Lucia Jeminez, une journaliste, et fille de l'une des victimes. Depuis sa création à Las Palmas, l´association, dont la naissance a été mal vue par le +polisario+ et leurs affidés dans l´Archipel espagnol, n´a pas cessé d´appeler le Parlement et le gouvernement des Iles Canaries à reconnaître à ses membres le statut de "victimes du terrorisme" et à leur apporter un appui similaire à celui accordé aux personnes victimes des actes de l organisation basque "ETA" ou d'autres groupes terroristes. L'Acavite réclame aussi un soutien et une reconnaissance "de la dignité et de la mémoire" de ces victimes, afin que la société canarienne soit éclairée sur le sort réservé par le "Polisario" aux pêcheurs de l'archipel durant le conflit du Sahara. Dans le cadre de ses contacts avec les responsables espagnols et canariens pour exiger cette reconnaissance, la présidente de Acavite avait été reçue en compagnie du président de la Fédération autonome des Associations des victimes de terrorisme en Espagne, Joaquin Vidal, par le président du Parlement des Iles Canaries, Antonio Castro auquel elle a notamment sollicité la tenue d´une séance plénière du Parlement canarien à la mémoire des victimes, et que les forces politiques activent la mise en œuvre des procédures relatives à l'octroi de prestations et d'aides aux personnes et aux familles affectées. L'association réclame également que le Gouvernement autonome canarien lui apporte un appui similaire à celui qu'il a accordé aux victimes du terrorisme, en déplorant que les victimes canariennes du terrorisme aient été oubliées durant plus de 30 ans. Ces victimes exigent une réparation "morale, sociale et économique", en vertu de la Loi espagnole de 1999 relative aux victimes du terrorisme. L´Association avait, par ailleurs, dénoncé, en décembre dernier, le mutisme de la classe politique, des médias espagnols et des ONGs d'Espagne sur les victimes de ces attaques terroristes commis par les séparatistes contre les bateaux de pêche canariens qui opéraient dans la zone située entre le Sahara et les Iles Canaries. "Où sont les corps de plus de 289 marins canariens, assassinés, fusillés, disparus, kidnappés ou coulés (60 bateaux) par le polisario", s'était interrogée la présidente de l'Association condamnant le silence et l'indifférence totale manifestés par les ONGs, l'Onu, les historiens, les politiciens, les artistes et autres.