Les Etats membres de la Commission baleinière internationale (CBI) ont qualifié de "succès" et de "tournant historique" leur rencontre à Agadir, dont les travaux s'achèvent, vendredi, estimant que l'organisation, même en l'absence d'un compromis entre pro et anti-chasse, est sortie renforcée avec une vision claire sur l'avenir. -Par Omar ACHY- Dans des déclarations à la MAP, plusieurs chefs de délégations des 80 pays présents sur les 88 Etats membres de la CBI, ont rendu à cet effet hommage au Maroc pour avoir mis en place "toutes les conditions propices à un dialogue fructueux et apaisé", mettant en exergue également son rôle de médiation pour surmonter des divergences qui auraient pu menacer l'existence même de cette instance créée en 1946 avec pour objectif de réglementer la chasse et la conservation des baleines. "Même si nous n'avons pas obtenu pour le moment le consensus recherché, tout le monde, à coup sûr, se référera à l'avenir à la rencontre d'Agadir comme un tournant pour la CBI", a déclaré le Commissaire sud-africain, Herman Aosthuizen. +A Agadir, l'Afrique a affirme son rôle dans le débat sur les questions halieutiques+ L'Afrique du sud "est d'avis que nous avons fait d'importants pas en avant", a dit M. Aosthuizen, estimant qu'"à travers le Maroc, c'est toute l'Afrique qui a pu affirmer son rôle dans le débat international sur les questions halieutiques internationales". Interrogé sur le fossé entre pro et anti-chasse sur l'assouplissement du moratoire sur la chasse à la baleine, M. Aosthuizen a indiqué que le mérite de cette rencontre est d'avoir permis aux Etats membres de recadrer le débat pour sortir des clivages politiques et se concentrer sur les questions purement liées à la préservation et à la conservation. Des groupes sous-régionaux ont été mis en place durant les deux derniers jours de la conférence pour mieux avancer vers le consensus recherché par tous, a-t-il ajouté. "Le Maroc a réussi à organiser cette réunion et je tiens à rendre hommage pour cela à SM le Roi et au gouvernement du Royaume", a déclaré pour sa part le Commissaire de la Norvège, Kasten Klepsuik. +Pour la 1ere fois, le débat au sein de la CBI a transcende les clivages pro et anti-chasse+ Même si la CBI n'a pu obtenir un accord au terme de cette session, la rencontre d'Agadir "ne peut nullement être taxée d'échec", a tenu à préciser à la MAP le responsable norvégien, dont le pays est l'un des chefs de file du camp pro-chasse avec le Japon et l'Islande. "Pour la première fois de l'histoire de l'organisation, nous avons réussi à débattre au-delà des divisions entre les différents groupes" pro et anti-chasse pour créer une atmosphère qui conduirait à un accord, s'est-il félicité. "C'est à nous, Etats membres, de mettre à profit cette nouvelle atmosphère créée au cours de cette session pour avancer vers un accord à l'avenir", a poursuivi M. Klepsuik. Le même constat d'optimisme a été dressé par le Commissaire du Surinam, Dayamand Dwarka, qui a salué le dialogue engagé à Agadir pour réduire le fossé entre les pro et anti-chasse et le rôle joué à cet égard par le Maroc. "Nous sommes entrain de faire d'énormes progrès sur cette voie et je ne peux que m'en réjouir", a-t-il dit en référence à l'accord tant espéré lors de cette 62ème session annuelle pour assurer la pérennité de l'espèce baleinière et le rôle de régulateur qui incombe à la CBI. Les questions de l'assouplissement du moratoire sur la chasse à la baleine en vigueur depuis 24 ans et l'autorisation de la chasse dans les sanctuaires de l'Antarctique sont les principaux points de divergences au sein de cette instance. A Agadir, les débats ont réuni quelque 600 délégués, dont des ministres, des scientifiques, des experts et des observateurs du monde entier, ainsi que des membres de plusieurs organisations non gouvernementales. Les grands enjeux de l'activité baleinière ne concernent qu'un nombre limité des 88 pays membres de la CBI répartis entre ceux qui revendiquent le droit à l'exploitation des baleines et ceux qui s'y opposent. La plupart des autres Etats, comme le Maroc, soutiennent le principe d'une exploitation durable et rationnelle des ressources marines vivantes.