Le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, a multiplié mardi les contacts avec les chefs des délégations prenant part à la réunion de la Commission baleinière internationale (CBI) à Agadir, dans l'espoir de réduire le fossé qui séparent les pro et les anti-pêche à la baleine et parvenir à un compromis garantissant la pérennité de l'espèce et du rôle de régulateur que joue cet organisme international. Ce rôle de médiation joué par le Maroc a été salué par les chefs des délégations rencontrées (Australie, Japon, Etats-Unis, New-Zélande et Guinée) qui se sont aussi félicités de l'apport considérable du Royaume pour réunir les conditions favorable à des négociations fructueuses. Tout au long de ces rencontres, M. Akhannouch a réitéré l'espoir du Maroc de voir cette réunion de haut niveau aboutir à "un consensus responsable" entre les Etats membres qui renforcera le rôle de la CBI sur la scène internationale. Aussi, a-t-il prôné davantage de dialogue et de concertation durant les trois prochains jours pour dépasser les divergences actuelles, estimant que cette situation de blocage rend difficile la gestion des ressources halieutiques et le respect du principe de préservation dans la durabilité. Le ministre a ainsi eu des rencontres bilatérales avec le ministre australien de l'environnement, Peter Garret, la Sous-secrétaire d'Etat adjoint au Commerce pour les Océans et l'Atmosphère des Etats Unis, Monica Medina, et le ministre new-zélandais des Affaires étrangères, Murray Mccully, dont les pays s'opposent à la chasse à la baleine et prônent une réduction des captures au nom de la préservation du cétacé. "Nous ne voulons pas de concession au moratoire en vigueur et surtout pas de chasse dans les sanctuaires", a prévenu le ministre australien dans des déclarations à la presse, exprimant toutefois la disposition de son pays à poursuivre les discussions avec la conservation de l'espèce baleinière comme finalité. Même son de cloche de la part de la chef de la délégation américaine qui a souhaité qu'un accord soit trouvé au terme de cette 62ème session de la CBI mais "pas n'importe quel accord", a-t-elle dit, insistant sur la nécessité du respect du moratoire en vigueur depuis 24 ans. La responsable américaine a aussi critiqué la chasse à la baleine au nom de la recherche scientifique, rappelant que son pays rejette cet argument. Mme Yasue Funayama, Secrétaire d'Etat à l'Agriculture du Japon, chef de file du camp des pro-chasse à la baleine, avec la Norvège et l'Islande, a reconnu l'existence d'un "écart considérable" entre les deux parties, exprimant toutefois la disposition de son pays à poursuivre les négociations sur la base du texte de compromis mis sur la table par la présidence de la CBI. "Comme le soutient le Maroc, il ne faut pas baisser les bras mais plutôt continuer à discuter et à travailler dans l'espoir de combler cet écart", a-t-elle dit. "Etant donné que les ressources peuvent disparaitre si la chasse est désordonnée, il faudrait donner l'importance non seulement à la conservation mais aussi à l'utilisation. Dans ce contexte, nous sommes d'accord pour des quotas fixés par un organisme international reconnu", a indiqué la responsable japonaise. Le même espoir de parvenir à un compromis lors de cette première rencontre de la CBI en terre africaine a été exprimé par le ministre de la Pêche et de l'Aquaculture de Guinée, Mamadou Korba Diallo, qui a par ailleurs salué l'organisation au Maroc de cette importance conférence internationale. M. Diallo s'est également félicité de l'excellence des relations bilatérales et émis le souhait de son pays de profiter de l'expérience du Maroc en matière de pêche. La réunion de la CBI s'est ouverte lundi en présence de quelque 500 délégués de 88 Etats membres, dont des ministres, des scientifiques, des experts et des observateurs du monde entier, ainsi que des membres de plusieurs organisations non gouvernementales. Les grands enjeux de l'activité baleinière ne concernent qu'un nombre limité de ces pays répartis entre ceux qui revendiquent le droit à l'exploitation des baleines et ceux qui s'y opposent. La plupart des autres Etats soutiennent le principe d'une exploitation durable et rationnelle des ressources marines vivantes.