La Commission baleinière internationale (CBI) a entamé, lundi à Agadir, les travaux de sa 62ème session annuelle avec pour principal enjeux de tenter de décrocher un compromis entre pro et anti-pêche sur l'assouplissement d'un moratoire sur la chasse commerciale de cette espèce en vigueur depuis 1986. Par Omar Achy Nombre des 80 délégations de pays membres sont représentés au niveau ministériel à cette rencontre de haut niveau qui se réunit, pour la première fois en Afrique, en présence de 500 participants, dont des scientifiques et experts internationaux, ainsi que des membres de plusieurs organisations non gouvernementales. Faisant l'écho des divergences qui planent tout au long des réunions préliminaires au niveau des experts, tenues également à Agadir, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, a plaidé pour "un consensus responsable" entre les Etats membres qui renforcera le rôle de la CBI sur la scène internationale. "Nous sommes aujourd'hui préoccupés par les divergences entre les parties au sein de la CBI, qui constituent un frein à l'encontre des objectif de cette institution", a-t-il dans une allocution lue en son nom par le Secrétaire général du ministère de la pêche. Le Maroc pour un consensus responsable au sein de la CBI Il a ajouté que cette situation rend difficile la gestion des ressources halieutiques et le respect du principe de préservation dans la durabilité, un objectif auquel le Maroc est profondément attaché en tant que membre de la CBI depuis 2001 bien qu'il ne soit pas d'une tradition baleinière. "Le projet de décision de consensus pour améliorer la conservation des baleines préparés par le président de la CBI constitue un pas majeur pour entamer ce processus", a ajouté le ministre qui a estimé que l'examen de ce document témoigne de l'effort déployé par ses auteurs pour rapprocher autant que possible les points de vue des différentes parties. Les grands enjeux de l'activité baleinière ne concernent qu'un nombre limité de pays: ceux qui revendiquent le droit à l'exploitation des baleines, avec en tête le Japon, la Norvège et l'Islande, et ceux qui s'opposent à leur exploitation. Entre ces deux pôles extrêmes, la plupart des autres pays, y compris le Maroc, adoptent des positions modérées et soutiennent le principe de l'exploitation durable et rationnelle des ressources marines vivantes. Les différentes parties à la CBI comptent ainsi sur la session d'Agadir pour rétablir à cette organisation son rôle de gestion de l'activité baleinière à cause des divergences devenues très prononcées entre les pays favorables à chasse à la baleine et ceux qui s'y opposent. Dans une déclaration à la MAP, le ministre néo-zélandais des affaires étrangères, Murray McCully, a reconnu l'existence de nombre d'obstacles sur la voie d'un consensus sur la question du moratoire en vigueur depuis 1986, précisant que la préservation des baleines, notamment dans l'Océan Austral, considéré jusque là comme un sanctuaire, est un objectif primordial pour son pays. "Notre but essentiel est d'arriver le plus tôt possible à une interdiction de la chasse dans l'océan Austral. Dans le contexte de ces discussions, nous reconnaissons que c'est un objectif très ambitieux mais nous sommes décidés à aller de l'avant ", a-t-il dit. Les divergences persistent entre pro et anti-chasse Le Commissaire de l'Islande à la CBI, Tomas Heidar, a fustigé, pour sa part, le "durcissement des positions" des pays qui s'opposent à la chasse à la baleine qui veulent réduire, selon lui, encore davantage les quotas de pêche, ce qui est "inacceptable" pour des pays comme l'Islande, le Japon et la Norvège. M. Heidar a également critiqué une proposition de la présidence de la CBI d'inclure l'interdiction du commerce international de produits dérivés des cétacés, enchainant: "je ne suis pas très optimiste que nous allons atteindre un compromis". Le représentant islandais a néanmoins estimé que la réunion d'Agadir ne manquera pas d'améliorer le climat de travail permettre à la CBI de continuer à fonctionner en l'absence même d'un accord. Pour l'ONG international, The PEW Environment Group, des "éléments fondamentaux" doivent être inclus dans toute déclaration finale pour garantir le succès de la réunion d'Agadir, citant notamment la nécessité de mettre fin à toute forme de chasse baleinière dans le sanctuaire de l'Océan Austral, veiller à ce que les produits de toute chasse soient destinés exclusivement à la consommation intérieure, et interdire les captures des espèces et des populations menacées. Créée en 1946, la CBI est une organisation internationale qui se fixe pour objectif de réglementer la chasse et la conservation des baleines. Elle compte actuellement 88 pays membres, des observateurs, et des scientifiques et experts du monde entier. L'organisation au Maroc de cet événement, outre la dimension de renforcement de la coopération multilatérale, est de nature à contribuer, selon les organisateurs, au positionnement du Royaume comme acteur majeur sur la scène halieutique et maritime internationale.