La Commission baleinière internationale (CBI) réunie à Agadir pour tenter de trouver un compromis entre pro et anti-chasse a fait mercredi le constat de son échec. «La proposition sur la table est morte», a estimé le commissaire allemand Gert Lindemann à la reprise de l'assemblée plénière. Depuis l'ouverture des travaux lundi, les délégations des 74 pays présents (sur 88) ont conduit deux jours de discussions à huis-clos entre groupes régionaux pour tenter de rapprocher les points de vue, mais en vain. Du côté des anti-chasse, les Etats-Unis ont pourtant constaté mercredi «l'incapacité à dégager un nouveau paradgime» et le Brésil un «manque de maturité politique». Avec le Brésil, la Nouvelle-Zélande a suggéré «une pause, une période de repos et de réflexion pour revenir plus frais l'an prochain». En face, parmi les chasseurs, le Japon a jugé qu'il n'y avait «aucune perspective d'accord en vue». «Certains membres ne veulent pas de chasse du tout, sauf la chasse aborigène: cette position signifie une impasse» a indiqué en séance la ministre adjointe de l'Agriculture et des pêches, Yasue Funayama, rappelant que son pays avait pourtant avancé un certain nombre de concessions telles que baisse des quotas, monitoring international et participation à des programmes de recherches internationaux. Le Japon, l'un des trois pays chasseurs (hormis les communautés autochtones du Grand nord et de Sibérie extrême-orientale) avec la Norvège et l'Islande, pratique une chasse «scientifique» - controversée en raison de l'absence de résultats probants, mais autorisée par les statuts de la CBI. A eux trois ces pays ont capturé plus de 1.500 baleines lors de la saison 2009, dont plus d'un millier par la seule flotte nippone. Le projet d'accord soumis par la CBI à ses adhérents pour les dix prochaines années lui aurait permis d'établir son contrôle sur l'ensemble des chasses - aborigène, commerciale et scientifique - afin d'établir des quotas annuels de baleine dans le respect des recommandations scientifiques pour ménager les stocks. Mais du point de vue des conservationniste, cet accord revenait aussi à légitimer la chasse au détriment du moratoire en vigueur depuis 1986 et à ouvrir le sanctuaire austral, autour de l'Antarctique, à la flotte japonaise qui y capture la majorité de ses prises (plus de 1.000 baleines en 2008-2009). Pour le commissaire néo-zélandais, Geoffrey Palmer, l'identité même de la CBI est la cause du problème: «Depuis 20 ans, l'objet même de la CBI est un sujet de divergence entre nous: est-ce un organisme de conservation des baleines ou un traité de chasse? Cette convention peut-elle associer ces deux points de vue?» a-t-il demandé. Pour M. Palmer, représentant d'un pays anciennement baleinier mais devenu l'un des fervents partisans des baleines, «si nous ne changeons pas cette organisation dans les années à venir, les conséquences seront fatales pour la CBI. Et encore plus pour les baleines». La CBI est réunie jusqu'à demain vendredi à Agadir et poursuivait ses débats mercredi sur la suite à donner au point 3 de son ordre du jour, intitulé: «L'avenir de la CBI».