A la veille de la clôture des travaux de sa réunion annuelle, la Commission baleinière internationale (CBI) continuent à pâtir des divergences profondes entre pro et anti-chasse, réduisant sensiblement les perspectives d'un éventuel accord à Agadir. Par Omar ACHY La présidence de cette instance internationale qui a mis sur la table une proposition d'assouplir le moratoire sur la chasse en contrepartie d'un contrôle totale des prises, a pu mesurer mercredi les limites de ce compromis. Le vice-président de la CBI, Anthony Liverpool, est allé jusqu'à dresser un constat d'échec des négociations en cours, renvoyant tout le monde pour une "année de réflexion", avant d'entretenir à nouveau le suspens en annonçant la poursuite des tractations sur la base de nouvelles propositions. Les positions des pro et anti-chasse semblent pourtant inconciliables jusque là. Les deux camps continuent aussi à se rejeter la responsabilité d'un éventuel échec à Agadir, bien que certains essayent d'en minimiser les conséquences sur l'avenir de l'organisation. "Nous allons oeuvrer pour que la CBI continue à fonctionner même sans un accord ici. Nous pouvons très bien se mettre d'accord pour ne pas être d'accords", a déclaré à la MAP le chef de la délégation islandaise, Tomas Heidar, dont le pays défend mordicus son droit à la chasse. Avec le Japon et la Norvège, l'Islande stigmatisent ce qu'ils qualifient d' "intransigeance" de l'autre camp qui exige, selon eux, purement et simplement, une fin de la chasse commerciale au non de la préservation des ressources maritimes. Le Japon, plus grand pays pratiquant cette chasse avec officiellement plus de 1000 baleines sur les 1500 l'an passé, rejette ainsi la responsabilité de l'impasse sur les pays et les ONG qui plaident en faveur de la seule légalisation de la chasse aborigène. Cette offre est "irréaliste" au regard de la longue tradition culturelle et culinaire de ce pays asiatique. La délégation nipponne estime avoir fait assez de concessions à Agadir pour satisfaire le clan des défenseurs du moratoire sur la chasse en vigueur depuis 24 ans et avancer vers un consensus. Elle cite notamment une réduction de moitié de ses quotas de chasse dans l'océan austral, la soumission de ses activités au contrôle international et l'arrêt de la délivrance de nouveaux permis de chasse. Dans un appel lancé à Agadir, quelque 200 scientifiques ont, pour leur part, appelé la CBI à ne pas céder aux pressions pour assouplir le moratoire sur la chasse à la baleine, même si certaines populations de ces grands cétacés ont augmenté ces dernières années. Une pétition avec plus d'un million de signatures a été également présentée par les ONGs actives en marge de la conférence d'Agadir en faveur d'une fin de la chasse à la baleine. A J-1 de la clôture de la réunion d'Agadir, les 88 pays membres de la CBI seront mis à rude épreuve pour apaiser les divergences qui minent depuis un quart de siècle cette organisation créée en 1964 avec l'ambition de réglementer la chasse et la conservation des baleine. Quelque 500 participants, dont des ministres, des scientifiques et experts internationaux, ainsi que des membres de plusieurs organisations non gouvernementales pro et anti-chasse de cette espèce, prennent part à la session d'Agadir.