C'est certain au Maroc, la crise est bien là. Et ce ne sont pas les hôteliers qui diront le contraire. A fin février, le nombre des nuitées dans les établissements d'hébergement touristique classés a baissé . L'Observatoire du tourisme relativise toutefois ces chiffres. Selon son analyse, « cette évolution est à mettre principalement à l'actif des non-résidents ». De fait, les nuitées, enregistrées par cette catégorie de touristes, sont en net recul, de 11% par rapport à la même période l'an dernier. Pourtant, les arrivées aux postes-frontières ont, quant à elles, progressé de 8% grâce aux MRE (+27%). Les étrangers reculent de 2%. Le fait marquant : à l'exception de Fès (+14%) et Meknès (+8%), toutes les autres destinations ont affiché un résultat négatif à fin février en termes de nuitées. Même les destinations phares du Royaume peinent. Ainsi, Marrakech est en recul de 18% (contre -6% en janvier) et Agadir affiche -1%. Même Casablanca, qui avait renoué avec le succès ces derniers mois, traîne le pas. La destination enregistre -4%. Les autres destinations jocker, Ouarzazate, Tanger et Rabat ne font pas mieux. Elles reculent respectivement de 31, 11 et 18% en février. Notons que l'évolution des nuitées sur les deux premiers mois de 2009 indique un recul de 6%. « L'on s'y attendait », relativisait, il y a quelques semaines dans les colonnes de L'Economiste, Marc Thépot, DG du groupe Accor Maroc. Ce dernier avait prévu une baisse des réservations pour les mois de janvier et février, notamment du côté de la France, principal marché émetteur. Des prévisions qui se confirment aujourd'hui. Les Français n'optent plus pour les voyages à forfait (ces derniers ont chuté de 19,1% l'hiver dernier) et préfèrent le « late booking », une tendance en vogue. « Il n'y a qu'à favoriser alors les forfaits dynamiques, qui combinent vols et hôtel », assène cet autre hôtelier. Toutefois, « il y a de bons espoirs pour mars et avril, puisque les tour-opérateurs qui ont des plannings à long terme ont déjà bouclé leurs demandes de réservations », atténue Thépot. Les prochaines statistiques nous le diront. Globalement, les professionnels espéraient que la destination tirerait profit du « désavouement » des destinations lointaines pour les vacances d'hiver (7 février au 9 mars) qui ont enregistré en effet une tendance baissière, selon le Centre d'études des tour-opérateurs. En décortiquant les principaux marchés émetteurs, les statisticiens de l'Observatoire du tourisme imputent cette baisse à leur contre-performance. La France recule de 9%, le Royaume-Uni de 31%, l'Allemagne de 2%, la Belgique de 17%, l'Espagne de 11% et l'Italie de 5%. A noter que les responsables du secteur avaient fait le forcing pour conquérir ces deux marchés, lors des salons du tourisme à Madrid, en janvier, et Milan en février. L'opération porte timidement ses fruits. De même, les nuitées générées par le marché domestique ont enregistré une légère baisse de 2%. Elles étaient de 217.485 à février 2008 contre 213.105, en février dernier. Les nuitées dans les établissements d'hébergement classés, pour les touristes non résidents, sont retombées à un niveau plus bas que celui enregistré en février 2001. Elles se portent à 839.807… La légère baisse du nombre de passagers ayant transité par nos aéroports (-1%), à 1,55 million de personnes contre 1,57 million à fin février 2008, est un autre signe. D'autant plus que ce sont les principales plateformes aéroportuaires qui affichent cette contre-performance. Mohammed V (-5%) et Marrakech Menara (-6%). Les recettes voyages en chute Les recettes voyages ont baissé de 23% à fin février 2009, par rapport à la même période en 2008, pour un écart en valeur de plus de 1,7 milliard de DH. Le volume a atteint 6,03 milliards de DH contre 7,8 milliards une année plus tôt. Le taux d'occupation dans les établissements classés est correct, mêmes si l'on commence à observer ici et là des signes inquiétants. En février, ce taux affiche 37% contre un cumul de 36% pour les deux premiers mois de l'année. Comparé à février 2008, il est de 42%. Il n'empêche que les professionnels s'inquiètent pour Marrakech qui affiche une régression importante. Le taux d'occupation qui y était de 70% en février 2001 est retombe à 40% en février dernier. Source : L'Economiste - Bachir Thiam