IMAGES : http://www.rtv1860.com Il semble bien que la politique se soit invitée au Forum économique mondial de Davos. La réunion annuelle des "maîtres du monde" a perdu cette année quelque peu de ses accents exclusivement économiques et financiers. Crises obligent. Celle économique, évidemment, avec la remise en cause des règles du jeu actuel en matière de finance mondiale, mais aussi la crise au Proche-Orient, plus que jamais centre du monde en ce début d'année 2009. Un si petit territoire mais sur lequel tout le monde se penche avec intérêt. Du jamais vu à Davos Le conflit qui a ensanglanté Gaza durant trois semaines, avec quelques soubresauts ces dernières 48 heures, ne saurait laisser indifférent. Et surtout pas la quarantaine de chefs d'Etat présents en Suisse. Jeudi soir, lors d'un débat sur la situation à Gaza, un vif échange verbal a ainsi opposé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le président israélien Shimon Pérès. Un échange tendu entre les deux hommes qui a contraint le Turc à quitter l'estrade et la petite station de ski dans la foulée pour un retour triomphal à Istanbul, en fin de soirée. Sur le tarmac de l'aéroport international Atatürk, une foule nombreuse est venue l'accueillir, drapeaux turcs à la main, chants partisans à la bouche... Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait ouvert le débat. Le diplomate Sud-Coréen, après avoir lancé à la communauté internationale un appel de fonds de 613 millions de dollars pour venir en aide aux habitants de la bande de Gaza, a dénoncé la "tragédie" dont il a été le témoin lors de sa visite proche-orientale quelques jours avant le cessez-le-feu du 18 janvier. Présent également, Amr Moussa, le président de la Ligue arabe, a estimé à sa suite que "c'est contre la nature humaine que de demander aux Gazaouis d'être calmes". Shimon Pérès écoutait poliment jusque-là. Jusqu'à ce que Recep Tayyip Erdogan, qui avait reçu le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, dans le cadre du processus de reprise de dialogue avec la Syrie, dans lequel la Turquie est médiatrice, quatre jours avant le début de l'offensive israélienne du 27 décembre 2008, s'emporte. "Nous avions parlé pendant six heures! Nous progressions! Mais je n'ai jamais reçu de réponse. J'ai vu les bombes tomber sur Gaza", s'est exclamé L'Iran responsable des maux du Proche-Orient Le ton est monté, de même que la température dans la grande salle du Centre des Congrès de Davos. Rétorquant avec encore plus de décibels que le chef du gouvernement turc, Shimon Pérès s'est lancé dans une justification de l'offensive hébreue sur le territoire gazaoui. Pointant du doigt le chef du gouvernement turc, Shimon Pérès a demandé comment il se comporterait si "des roquettes tombaient sur Istanbul chaque nuit durant plusieurs semaines" Le président israélien a également lu à la tribune un extrait de la charte du Hamas promettant la mort de tous les Juifs pour rappeler la nature de ce mouvement "terroriste et illégal", évoqué les plus de 1000 Israéliens tués dans des attentats, les 5500 roquettes tirées "au hasard"sur les populations civiles israéliennes. "Nous n'avons jamais commencé!", a-t-il crié. "Nous avons évacué Gaza de fond en comble, ouvert tous les passages, avons investi 20 millions dans l'agriculture, fourni l'eau et l'essence. Et ils ont détruit tout cela! Et ils nous ont envoyé les roquettes! Pourquoi? Pourquoi?". Le problème, a ajouté Shimon Peres, "c'est l'ambition iraniennede gouverner le Proche-Orient, via le Hezbollah, via le Hamas". Retour au calme Voulant répondre, Erdogan n'a pas eu le loisir de développer le fond de sa pensée, interrompu par l'animateur du débat, le chroniqueur du Washington Post David Ignatius. Hors de lui, le Premier ministre turc a préféré quitter la tribune non sans lancer quelques paroles acides après que l'auditoire a applaudi les propos du président de l'Etat hébreu. "Je trouve très triste que des gens applaudissent parce que beaucoup de gens sont morts. Je pense que vous devez vous sentir un peu coupable. C'est pourquoi vous avez parlé si fort", a lancé Erdogan à Pérès, assis à quelques centimètres de lui. "Je ne pense pas que je reviendrai à Davos parce que vous ne me laissez pas parler. Le président a parlé 25 minutes et je n'en ai eu que la moitié", s'est-il finalement indigné avant de se lever et de quitter la salle, là aussi sous les applaudissements. Un incident diplomatique inhabituel dans les couloirs feutrés de la station de Davos. Les deux hommes, tous deux très échauffés malgré la température peu clémente qui sévit actuellement en Suisse, sont revenus sur l'incident. Shimon Pérès a appelé Recep Tayyip Erdogan qui lui-même, lors d'une conférence de presse, a expliqué son emportement, dirigé contre l'animateur du débat, qui n'a pas géré le temps de parole comme il avait été convenu. "J'ai du respect pour M. Pérès et pour son âge (85 ans, ndlr) et ma réaction était dirigée envers l'animateur, c'est pourquoi je n'ai pas élevé la voix. Mais ce qu'il disait n'était pas vrai. Nous avons les faits pour nous", a-t-il ajouté. Shimon Pérès est également revenu sur l'incident vendredi. "Il ne s'agit ni d'un problème personnel, ni d'un problème national. Les relations peuvent demeurer ce qu'elles sont. Mon respect (pour Recep Erdogan, ndlr) n'a pas changé. Il s'agissait d'un échange d'opinions et les opinions sont les opinions", a précisé le président d'Israël. VOIR IMAGE SUR : http://www.rtv1860.com