Ahmed Aboutaleb a été sacré cette semaine « burgemeester van Rotterdam ». Seuls quelques happy few des médias ont pu assister à la cérémonie. Les autres sont restés cantonnés dans une salle de presse. Mais l'essentiel était d'être présent dans l'enceinte de l'hôtel de ville. Des élus de la ville et des représentants de la reine ont fait autant référence à l'élection de Barack Obama qu'aux origines marocaines du nouveau maire de la seconde ville des Pays-Bas, après Amsterdam. Concentré, ému, Ahmed Aboutaleb reçoit ses attributs, collier et marteau, qui font de lui le chef de la ville pendant quatre ans à compter du 5 janvier. « Rotterdam exerce un rôle pionnier dans de nombreux domaines », dit-il. L'élection à sa tête de ce Marocain d'origine en est une preuve supplémentaire. Aboutaleb se veut rassurant pour tous, car son accession à la plus haute marche de la municipalité ne plaît pas à tout le monde. Dehors, le froid n'a pas eu raison des cinq partisans de l'ancien parti de Pim Fortuyn, emblème de la droite extrême rotterdamoise. Maria est là depuis 9h30 et compte bien faire parler de ses affiches contre les choix d'ouverture de Peter van Heemst, le chef du PvDA (Parti du travail) à Rotterdam. « Nombreux sont en effet ceux qui ressentent en ce moment les abîmes de l'incertitude dans ce monde où tout change, répond Aboutaleb à ces inquiets. Des églises disparaissent et des mosquées se construisent. […] Il nous faut accorder une pleine attention aux problèmes auxquels de nombreux habitants de Rotterdam, de vieille souche et plus récents, se trouvent confrontés dans leur quotidien. » Les pro-Aboutaleb non plus, n'ont pas eu peur du vent glacial. Younis profite de l'engouement de la presse pour Aboutaleb pour distribuer MZine, un magazine en néerlandais pour les Marocains vivant aux Pays-Bas. Il se dit « content qu'Aboutaleb soit le premier maire marocain aux Pays-Bas ». Le maire sait que les défis sont nombreux et que son autre nationalité – la marocaine – sera un atout et une faiblesse : « Rotterdam a accompli de grandes choses […] à force d'engagement et de créativité. Cela ressemble un peu à ma propre histoire. Venu de loin et réaliser ses ambitions à force de travail et de volonté. » Souhaitons que les Rotterdamois le jugent sur ses réalisations pendant les quatre prochaines années.