L'enquête, dont la PANA a pris connaissance des résultats, a été menée après la publication récente de statistiques du ministère marocain de la Justice selon lesquelles le nombre de demandes de mariages des filles mineures a augmenté entre 2006 et 2007 de 30.312 à 38.710, soit une hausse de 28%, précisant que par rapport à l'ensemble des mariages conclus en 2007, celui des mineures représentent 10,3%. En outre, plus de deux tiers (69,5%) des autorisations ont été accordées à des adolescentes de 17 ans, soit un an de moins que l'âge légal du mariage prévu par le Code de la famille entré en vigueur il y a cinq ans au Maroc, dont la population totale est estimée à 30 millions d'habitants. "Pis, sur ces demandes figurent également des filles de 15 et 14 ans ! Les juges ont ainsi approuvé le mariage de 159 adolescentes de 14 ans et de 1.862 de 15 ans", déplore la LDDF. La Ligue regrette également que certains tribunaux accordent "en toute facilité" l'autorisation de mariages de mineures, "encourageant" ainsi l'amplification des demandes au lieu de dissuader les parents, ajoutant que c'est dans le monde rural que ce genre de mariage est le plus fréquent. En effet, entre 2006 et 2007, le nombre des mariages dans la campagne marocaine est monté de 13.505 à 20.324, soit une augmentation de 50,5%. Pourtant, en milieu urbain, ce phénomène demeure également important, selon la LDDF, relevant qu'en ville, le mariage des mineures est passé de 16.804 à 18.386 de 2006 à 2007, soit plus de 9,4% durant la même période. La LDDF fait état, en outre, du non-respect de l'écart d'âge entre le couple, citant l'exemple d'une fillette de 15 ans retirée de l'école pour être mariée à un homme de 39 ans sous l'unique motif de "préserver son honneur". Le nouveau Code de la famille, qui remplace l'ancien Code du statut personnel, a été adopté à l'unanimité par les députés en janvier 2003 et entré en vigueur une année plus tard. Aux termes de cette nouvelle loi, l'âge légal du mariage au Maroc est de 18 ans que ce soit pour le garçon ou pour la fille. Ce nouveau Code prévoit également que la famille est désormais placée sous la responsabilité conjointe des deux époux, la jeune fille majeure n'a plus besoin de tuteur pour se marier, les enfants de la fille ont le droit d'hériter de leur grand- père comme ceux du fils, la répudiation et la polygamie sont soumises à des conditions sévères et le divorce consensuel est institué.