Selon les statistiques du ministère de la Justice, 33.253 actes de mariage de mineurs ont été conclus en 2009. Les organisations des droits de l'Homme dénoncent l'augmentation de ces mariages. Le mariage des mineurs est en progression. En 2009, 33.253 actes ont été conclus soit 10,58% de l'ensemble des actes de mariage contre 9,98% en 2008. Ces statistiques ont été dévoilées vendredi 12 mars par Mohamed Naciri, ministre de la Justice lors d'une journée d'étude sur «Le Code de la famille après six ans de son entrée en vigueur». Ces chiffres alarmants sont loin de laisser indifférent les associations féminines et les organisations des droits de l'Homme. «Nous sommes contre ce type de mariage. Les statistiques qui ont été présentées lors de cette rencontre reflètent la forte demande en milieu rural. Il y a un effort considérable à mener en matière d'éducation pour la mise en œuvre du Code de la famille. Si l'éducation n'est pas érigée en priorité, ce sera la catastrophe», déclare à ALM Amina Bouayach, présidente de l'Organisation marocaine des droits humains (OMDH). «J'interpelle les autorités à analyser et à réfléchir pourquoi les mariages des mineurs augmentent. Cette progression traduit la non application du Code de la famille», poursuit Mme Bouayach. Même son de cloche chez l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM). «Ces chiffres sont alarmants. Il est scandaleux que des magistrats contournent la loi en autorisant des mineurs à se marier alors que c'est le contraire qui devrait se produire. Si certains magistrats ne font pas leur travail, d'autres de bonne foi se retrouvent devant le fait accompli», affirme Rabea Naciri, membre de l'ADFM. Et d'ajouter «Pensant assurer l'avenir de leurs enfants, bon nombre de parents n'hésitent pas à marier leurs filles mineures dès que l'occasion se présente. Il faut des sanctions sévères à leur encontre». A noter que les mariages des mineures sont soumis à une autorisation préalable du juge. Celui-ci rend une décision motivée expliquant l'intérêt et les raisons justifiant la dispense. Avant de prendre sa décision, le juge doit entendre le père et la mère de la mineure ou à défaut son tuteur légal. Pour pouvoir se marier, la mineure doit avoir l'accord de son tuteur légal, le père ou la mère à défaut du père. L'accord du tuteur légal est consécutif à l'apposition de sa signature sur la demande de dispense et à sa présence au moment de la conclusion du mariage. La mineure voulant à tout prix se marier et le tuteur légal manifeste son refus, le juge de la famille statue sur la demande. En tous les cas, l'autorisation du juge constitue une pièce du dossier pour le mariage de la mineure et son acte de mariage doit être signé par le tuteur légal. Lors de cette journée d'étude, Nouzha Skalli, ministre du Développement social, de la famille et de la Solidarité s'est dite préoccupée par ce phénomène et a appelé à l'élaboration d'un programme de sensibilisation de cette catégorie dans le cadre du plan d'action national pour l'enfance. Par ailleurs, les mariages polygames ont également connu une hausse. Ainsi, leur taux est passé de 0,27% en 2008 à 0,31% en 2009. Le constat est là : le Code de la famille maintient la polygamie et le mariage des mineures. S'agissant du mariage, le nombre d'actes a enregistré une hausse pour atteindre 314.400 en 2009. Les Marocains se marient de plus en plus et divorcent de moins en moins. Les divorces ont enregistré une baisse importante avec 24.170 cas en 2009 contre 27.935 en 2008.