Elie Nahimana, Communauté burundaise du Canada, Jean-Marie Mousenga, Communauté Congolaise de Montréal et Pierre-Claver Nkinamubanzi, Congrès rwandais du Canada Le 11 avril 2008, le lancement du livre Noir Canada : pillage, corruption et criminalité en Afrique a été annulé à cause de la mise en demeure de la part de la société minière canadienne Barrick Gold assortie de menaces de poursuite judiciaire en diffamation contre les auteurs du Collectif Ressources d'Afrique. Barrick Gold reproche à ces derniers de véhiculer des allégations fausses et grandement diffamatoires à son sujet. Dans leur réponse datée du 14 avril 2008, les avocats des Editions Ecosociété notent que : «les Editeurs ne prétendent en aucune façon que ces allégations étaient ou non fondées, contrairement à ce que soutient Barrick Gold. Participer à un débat ne sous-entend pas prendre une position péremptoire» Le débat soulevé par la publication de ce livre interpelle les gouvernements du Canada et du Québec, les organisations canadiennes de développement et de coopération internationale qui interviennent en Afrique et toute personne éprise de paix et de justice à questionner l'éthique de nos compagnies minières opérant en Afrique. C'est pour favoriser un tel débat que nos trois communautés ressortissantes de la Région des grands lacs africains : La communauté Burundaise de Montréal, la communauté congolaise de Montréal Métropolitain et le Congrès Rwandais du Canada dénoncent l'attitude de Barrick Gold de vouloir empêcher toute forme de critique sur certains agissements de nos compagnies minières en Afrique. Nos trois communautés rappellent que dans son rapport intitulé Le fléau de l'or congolais, rapport basé sur six missions de recherche conduites par Human Rights Watch en 2004 et 2005, l'organisme soulève : « une question à la fois révoltante et accablante du cycle d'exploitation de l'or congolais. Il présente en même temps des intérêts en jeu pour le contrôle de gisements aurifères dans le Nord-est du Congo. L'organisme recommande aux gouvernements ougandais, Rwandais et Congolais d'user de leur influence pour persuader les groupes armés en Ituri de mettre un terme aux abus commis contre les droits Humains. Il recommande aussi aux gouvernements suisse, sud-africain, britannique et ougandais d'exercer des pressions sur les sociétés opérant à partir de leurs juridictions légales afin qu'elles prennent toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que leurs activités n'ont pas de conséquences néfastes sur les droits humains au Congo.» En 2003, le quatrième rapport des experts des Nations unies intitulé Pillage systématique et exploitation illégale des ressources naturelles du Congo publiait la liste des pays d'où proviennent des firmes impliquées gravement dans le pillage et l'exploitation illégale des richesses de la République Démocratique du Congo : Belgique : 24 firmes, Congo Démocratique : 24 firmes, Angleterre : 19 firmes, Ouganda : 14 firmes, Rwanda : 13 firmes, Afrique du Sud : 12 firmes, Zimbabwe : 11 firmes, Canada : 8 firmes, USA : 7 firmes, Allemagne : 3 firmes, Suisse : 3 firmes, Thaïlande : 3 firmes, Chine : 2 firmes, Israël : 2 firmes, Bermuda : 1 firme, Finlande : 1 firme, France : 1 firme, Ghana : 1 firme, Hollande : 1 firme, Malaisie : 1 firme. Comme on peut le constater, tout le monde se sert allégrement et sans scrupules en République Démocratique du Congo. La crise qui déchire aujourd'hui la région et les différentes guerres par procuration qui déciment les populations entières en Afrique profitent à leurs commanditaires, à leurs satellites sur le terrain et engendrent des graves violations des droits humains. Les dommages causés par les conflits armés sont énormes sur l'ensemble du continent : La Somalie, Le Libéria, Le Tchad, Le Congo-Brazzaville, Le Soudan, etc. Dans chacun des cas, on observe une lutte pour le contrôle et l'exploitation des matières premières. Comment expliquer ce contraste de pays regorgeant des ressources naturelles incommensurables mais dont le fruit ne profite guère à leurs populations? Comment ne pas questionner l'éthique de ces multinationales qui signent des contrats miniers en période de guerre? Cas de la RDC en 1996-1997? Nos trois communautés désapprouvent totalement l'attitude de Barrick Gold qui veut empêcher la tenue d'un débat public sur l'exploitation des ressources naturelles de l'Afrique.
Nos communautés lancent un appel vibrant au gouvernement canadien, au gouvernement québécois, aux parlementaires fédéraux et québécois d'enquêter sur les allégations contenues dans le livre Noir Canada afin d'éclairer l'opinion publique canadienne et québécoise sur les activités de nos compagnies minières en Afrique. Enfin, nos communautés demandent à la compagnie Barrick Gold, pour sa crédibilité et sa réputation, de rendre ses études publiques afin de démontrer que les allégations contenues dans le livre Noir Canada ne sont pas fondées.