Contrairement aux prévisions avancées lors du lancement de l'actuelle campagne agricole, ou retenues en tant qu'hypothèse de départ, lors de la confection de la loi de Finances pour l'année en cours, la saison céréalière 2018 - 2019 sera décevante. Et ce, à plus d'un titre. En termes de production, la récolte se situerait, au meilleur des scenarii, à environ 60 millions de quintaux. Soit une baisse de 40,5% par rapport à la campagne précédente et de 26,3% comparativement à la moyenne des cinq dernières années. Partant de la superficie emblavée située à 4,7 millions d'hectares, le rendement céréalier moyen, en retrait de 43% par rapport à la campagne 2017/2018, se limiterait à seulement 13 quintaux par hectare. D'aucuns n'ignorent que l'effet conjugué de la chute de ses deux indicateurs serait très lourd en conséquences pour ce qui est de l'état de la trésorerie des fellahs et des opportunités de travail dans le monde rural. Sans oublier bien entendu l'impact d'une telle situation sur les réserves de change dans la mesure où le Maroc serait obligé de payer ses importations en la matière généralement libellées en dollar et en euro. Ne perdons surtout pas de vue que, bon an, mal an, le Maroc est bien obligé, pour satisfaire ses besoins domestiques, d'importer de grosses quantités de blé. Déjà, la campagne agricole 2017-2018 dont les résultats définitifs font état d'une très bonne récolte de 103 millions de quintaux et d'un rendement moyen record historique de 22,9 quintaux/hectare, a connue des importations agricoles en valeur de l'ordre de 40,7 milliards de dhs. A en juger par les données arrêtées à fin septembre 2018, les importations de céréales se situent à 10,8 milliards contre 13,6 en 2017 et 18,5 en 2016. C'est dire l'importance socio-économique de la filière céréalière qui, malgré sa forte dépendance des alias climatiques, a encore un rôle déterminant dans la dynamique globale de croissance ainsi que dans les équilibres ou déséquilibres de la société rurale qui, quelque part, n'aspire qu'à de nouvelles relations fonctionnelles avec la ville. D'autant plus que la population rurale est majoritairement pauvre et socialement moins développée que la population citadine. Les activités rurales non agricoles étant toujours marginales, l'agriculture représente donc une porte d'entrée incontournable des politiques de développement territorial et de durabilité. Et reste à espérer que le nouveau modèle de développement en gestation en tienne compte, notamment, pour ce qui est du réajustement des disparités spatiales. N. BATIJE