Pour la deuxième visite du Pape François 1er dans un pays arabe et la seconde au Maroc d'un Souverain pontife, après celle du Pape Jean Paul II en 1985, le succès a été éclatant avec un bilan qui ouvre de larges perspectives de solidarité face aux multiples défis qui se dressent devant l'humanité. S'inscrivant dans la continuité des relations établies depuis longtemps entre le Maroc et le Vatican, la visite à Rabat de l'évêque de Rome et chef de l'Eglise catholique, à l'invitation de SM Mohammed VI, Amir Al-Mouminine et Roi du Maroc, a eu pour premier mérite de rassurer et d'assurer que les incompréhensions, les intolérances et les extrémismes qui impactent aujourd'hui le monde, fruits d'ignorances et de dénis de droits, ne sont pas une fatalité. Deux hommes humbles animés par les valeurs humaines et universelles que prônent l'Islam et le Christianisme, montrent la voie et agissent conjointement et concrètement avec clairvoyance, courage et détermination pour la promotion de la paix, de l'ouverture et de la tolérance. Ce sont deux Souverains épris de justice qui créent les opportunités pour promouvoir le dialogue interreligieux et la connaissance réciproque en vue de donner une nouvelle impulsion à la construction d'un monde plus solidaire, imbu de vertus de l'écoute et du respect mutuel. Intervenant dans un contexte marqué par la propagation de pensées fascistes et par des instrumentalisations prônant le déni de l'autre, la rencontre sur terre d'Islam, entre les dignes représentants des deux plus grandes religions monothéistes, est venue souligner la nécessité de combattre, par des approches constructives, les maux qui rongent aujourd'hui un monde de plus en plus agressif et sectaire. De se dresser contre la culture de la suspicion et des amalgames qui alimentent les divisions et les haines. De combattre les injustices qui provoquent des réactions violentes et des contre-réactions encore plus violentes. A travers ses messages, clairs et limpides, la rencontre appelle les croyants des différentes religions à opposer aux fanatismes le respect des droits historiques et à faire preuve de solidarité sur la base des valeurs communes, en vue de faire front contre les extrémismes d'où qu'ils émanent. D'où l'Appel d'Al-Qods, solennel et historique, par lequel les deux Souverains prônent la préservation de la Ville sainte comme patrimoine commun de l'humanité et, par-dessus tout pour les fidèles des trois religions monothéistes, comme lieu de rencontre et symbole de coexistence pacifique. L'autre mérite, et non des moindres de cette visite qui restera gravée dans les annales, est d'avoir permis la mise en avant de l'importance du rôle que joue le Maroc dans la promotion en Afrique et ailleurs d'un Islam modéré et tolérant par le biais de l'Institut Mohammed VI de la formation des Imams Mourchidines et Mourchidates, ce qui reflète le souci du Royaume de combattre le terrorisme par la bonne parole de la religion musulmane loin des fausses interprétations, et de préserver et protéger l'Islam contre ceux qui veulent investir dans l'ignorance et l'obscurantisme. L'adhésion massive des Marocains à cette approche novatrice, confirme que le Maroc constitue réellement une belle exception faite de modernité dans l'attachement aux valeurs religieuses, aux racines historiques et à la culture de ce pays séculaire et dont l'élément central est le citoyen modéré et ouvert au monde et aux autres dans leur diversité. Jamal HAJJAM