On la surnomme la "Petite Suisse" par excellence, de par sa place centrale, où son lion trône comme gardien de cette renommée qui fait affluer des milliers de visiteurs chaque année, de par aussi son architecture ressemblant à des cotons suisses avec ses toits en tuiles ocres et la propreté de son centre et de ses quartiers huppés, de son Université Al Akhawayn où la progéniture de privilégiés fait ses études. Mais quand on sort de cette image de carte postale, c'est un autre visage de cette cité qui se présente à nous. En effet, à quelques minutes du centre, se trouve un quartier populaire : Timddekine, dont les maisons n'ont de ressemblances avec les villas cossues que les tuiles qui recouvrent leurs toits, mais dont le loyer est très cher par rapport au pouvoir d'achat des citoyens. Des appartements exigus, ne présentant que peu de confort, avec des rues en terre battue sans trottoirs, sans aucun lieu de divertissement, ni de sport, ni de culture, à l'image, d'ailleurs, de toute la ville que nous avons sillonnée de long en large. C'est dans ce quartier que se trouve le souk hebdomadaire qui se "remplit " le samedi et le dimanche et qui est dans un état déplorable, mais chose qu'on ne trouve dans aucun souk du royaume, c'est l'absence d'animaux, il n'y a pas d'abattoirs, la viande ne se vend pas dans cet endroit. D 'ailleurs, à Ifrane, les bêtes sont bannies dans un rayon de deux à trois kilomètres », elles ne peuvent franchir cette limite tracée par les autorités locales qui pensent ainsi préserver la propreté de la cité, sans pour autant penser à ces pauvres gens qui habitent les contrées avoisinantes et qui doivent laisser leurs bêtes à l 'orée de la forêt et faire les deux ou trois kilomètres à pieds jusqu'au souk ; faire leurs courses ; refaire ce même parcours, toujours à pieds (ils n'ont pas les moyens pour louer un triporteur ou un autre engin motorisé) mais cette fois ci chargés de marchandises et enfin reprendre leurs bêtes. Un calvaire que subissent chaque semaine les couches démunies de cette région. En plus de la précarité, du chômage, du froid et de la cherté de la vie et d'autres contraintes, ces gens restent humbles, mais surtout dignes. Un exemple pour l'espèce humaine que nous sommes, jamais satisfaits, toujours à demander ce que, peut-être, nous ne méritons pas.