Savez-vous que le nombre d'enfants pauvres que compte le Maroc est passé de 4,9 millions en 2001 à 1,2 million en 2014, indique le Haut-commissariat au Plan (HCP) dans son étude sur la pauvreté multidimensionnelle des enfants publiée à l'occasion de la célébration le 25 mai, de la journée nationale de l'enfant? Que la prévalence de la pauvreté est passée de 11,8% en 2001 à 2,4% en 2014 en milieu urbain alors qu'en milieu rural, elle s'est établie à 22% en 2014 contre 74,6% en 2001 ? Que 88% des enfants pauvres résident en milieu rural là où les enfants représentent 48% de l'ensemble des enfants marocains ? Que le phénomène de la pauvreté multidimensionnelle connait une forte disparité d'une région à l'autre et d'une ville à l'autre. A titre d'exemple, sur les périodes 2001 et 2014, la part des enfants multi-dimensionnellement pauvres est passée de 59,8 à 16,5% à Marrakech-Safi, de 46,4 à 10,0% à Tanger-Tétouan-Al Hoceima, et de 44,6 à 14,6% à Béni Mellal-Khénifra ? Bien des données qui mettent en exergue une forte décélération des indicateurs de la pauvreté et qui traduisent donc, l'effort d'investissement consenti par notre pays tout au long de cette période. Effort que les résultats de l'étude du HCP corroborent parfaitement démontrant qu'entre 2001 et 2014, le niveau de privation moyen des enfants a baissé de plus de moitié au niveau national, passant de 0,295 à 0,128, soit une baisse de 6,2% par an. Cette amélioration a concerné les deux milieux de résidence à savoir les milieux urbain et rural dont le niveau de privation moyen est passé respectivement de 0,115 à 0,052 et de 0,47 à 0,224. La célébration de la journée nationale de l'enfant, une occasion d'introspection Certes, cette tendance ne peut être dissociée du contexte global où nous vivons. D'ailleurs même l'Organisation des Nations Unies reconnait, chiffres à l'appui, que le nombre de personnes dans le monde vivant sous le seuil d'extrême pauvreté (1,90 dollar par jour et par personne) a diminué d'un peu plus d'un milliard en trente ans, passant de 2 milliards en 1981 à 900 millions en 2012. Une évolution d'autant plus positive que, dans le même temps, la population mondiale est passée de 4,5 à 7 milliards d'individus. Du coup, le taux d'extrême pauvreté a été divisé par 3,5 faisant que 12,8 % de la population des pays en voie de développement ou émergents vit aujourd'hui avec moins de 1,90 dollar par jour, contre 44,3 % il y a 30 ans. La célébration de la journée nationale de l'enfant a été donc pour notre pays, à travers les signaux forts contenus dans l'étude du Haut Commissariat au Plan, une occasion d'introspection à même d'aider à réorienter les choix et les stratégies de développement visant à combattre le phénomène de la pauvreté et prémunir les enfants contre les fléaux de la pauvreté, de la marginalisation et de l'exclusion. Notre pays, en droit fil de la vision pertinente de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, mesure, à juste titre, l'immensité de l'effort qu'il y a lieu d'entreprendre encore. A cet effet, il saisit parfaitement que le combat contre le fléau de la pauvreté passe incontestablement, par la mise en place de stratégies de développement intégrées et durables. Stratégies qui se déclinent en termes d'amélioration des conditions de vie et d'existence des populations, de renforcement des infrastructures sociales, de réalisations de projets générateurs d'emplois et de richesses, de promotion de l'éducation, de la scolarisation et de lutte contre l'analphabétisme, et de façon générale, en termes de combat contre toutes les formes de marginalisation et d'exclusion. Une approche impérative dont la concrétisation dépend impérativement de la mise en place de politiques publiques intégrées, s'inscrivant dans le cadre d'une entreprise cohérente, d'un projet global et d'une mobilisation tous azimuts où les dimensions politique, sociale, économique, éducationnelle, culturelle et écologique se conjuguent et se complètent. Mohammed BEROUAL