L'Association des familles et amis des victimes de Gdim Izik a adressé une correspondance au Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour l'informer des récentes évolutions du procès de Gdim Izik et lui faire part de leurs souffrances en tant que victimes indirectes de ces événements. Dans cette correspondante, l'Association note avoir recueilli avec satisfaction la décision de la Cour de cassation ordonnant la tenue d'un nouveau procès, au civil, devant la Cour d'appel de Salé, et considérant le renvoi du dossier devant un tribunal civil comme l'occasion de faire entendre la souffrance et les voix des familles et amis des victimes de Gdim Izik et de faire valoir l'intégralité de leurs droits. L'Association fait part toutefois de son étonnement quant aux manoeuvres de la défense des accusés visant à entraver la constitution de l'Association partie civile. "Notre démarche n'a pas pour objectif l'obtention d'une indemnisation pécuniaire, mais le rétablissement de la vérité et l'application des conditions d'un procès équitable. Ce droit ne nous a pas été accordé devant la justice militaire. Nous considérons que conformément au Pacte international relatif aux droits civils et politique, à la Constitution marocaine et au Code de procédure pénale du Maroc, qu'il est de notre plein droit d'en jouir", souligne l'Association à cet égard. Par ailleurs, les accusés ont systématiquement refusé de répondre aux questions que la défense des familles et amis des victimes de Gdim Izik a tenté de leur poser et qui sont relatives aux circonstances des crimes objets des poursuites et aux actes d'assassinat et de mutilation perpétrés contre leurs proches, fait observer la lettre, estimant que cette position prouve la responsabilité des accusés des actes pour lesquels ils sont poursuivis, directement ou par incitation. Suite à son suivi du procès, l'Association enregistre comment certains avocats des accusés ont essayé de conférer un caractère politique au procès et allégué que les poursuivis étaient des détenus politiques. "En effet, les prévenus se sont abstenus, devant le tribunal, de répondre aux questions relatives aux crimes qui leur sont reprochés, fournissant des réponses sans rapport avec les accusations, afin de se doter d'un statut politique", relève la correspondance. Le droit à la vérité Un tel statut est absent du dossier car les accusés ne sont pas poursuivis pour leurs opinions ni pour leurs positions politiques, car, comme indiqué dans l'acte d'accusation, "ils sont poursuivis pour des violences sur nos enfants ayant entraîné leur mort avec préméditation, mutilation de cadavres et complicité", souligne le document, considérant que les accusés tentent d'obstruer le rétablissement de la vérité en ne répondant pas avec précision aux accusations qui leur sont opposées. Les familles et amis des victimes de Gdim Izik ne discutent pas le droit des accusés à se défendre, mais réclament leur droit, en tant que victimes indirectes, à la vérité et à leur assurer que les responsables ne soient pas impunis. A cet égard, l'Association fait part de sa surprise du fait que des membres de la défense des accusés procèdent à la publication d'un communiqué sur le procès, communiqué qu'elle estime dépourvu de sens et considère comme une tentative d'influencer la justice et de s'ériger en observateurs du procès alors qu'ils constituent en réalité la défense d'une des parties. Par leur communiqué, "ils violent nos droits et visent à régler leurs comptes politiques avec l'Etat marocain en instrumentalisant notre dossier", souligne l'Association, exprimant son refus de cette manoeuvre qu'elle considère comme une atteinte grave aux conditions d'un procès équitable et à la mémoire des victimes. S'agissant de ces allégations, l'Association fait remarquer que si les accusés persistent à alléguer avoir été victimes de torture, force est de constater que les déclarations de la majorité d'entre eux au juge d'instruction au cours de l'interrogatoire détaillé en présence de leur défense et consignées dans les procès-verbaux n'évoquent nullement des cas de torture. Par ailleurs, elle fait remarquer qu'aucune séquelle de torture n'a été constatée ni par le juge d'instruction ni par la leur défense, concluant que leurs allégations ne sont par conséquent qu'une tentative visant l'exploitation de l'adhésion du Maroc à la Convention internationale contre la torture afin de frapper de nullité les procès-verbaux de la police judiciaire. La décision du Comité de l'ONU contre la torture est erronée L'Association des familles et amis des victimes de Gdim Izik souligne aussi que la décision du Comité de l'ONU contre la torture suite aux allégations de l'accusé Naama Asfari est erronée eu égard à plusieurs considérations, notant que l'intéressé n'a pas épuisé toutes les voies de recours internes (justice, Conseil national des droits de l'Homme) avant de saisir directement le Comité. En outre, le dossier demeure encore en cours devant la justice marocaine et le mis en cause lui-même a présenté au tribunal saisi de son dossier une requête pour être soumis à une expertise médicale, requête à laquelle le tribunal a accédé et dont nous attendons les résultats, explique l'Association, se demandant pourquoi le Comité a rendu sa décision sur une demande fondée sur des allégations et en violation de l'article 22 de la Convention contre la torture. En s'adressant à M. Guterres, l'Association ne vise aucunement à solliciter son intervention dans le cours du procès, ni son ingérence dans la justice marocaine qui examine l'affaire, exprimant une totale confiance dans le tribunal chargé du dossier, confiance partagée par les accusés eux-mêmes et faisant part de leur attachement à l'indépendance de la justice. L'Association rappelle que les événements de Gdim Izik, survenus dans la matinée du 8 novembre 2010 dans la ville de Laâyoune, ont coûté la vie à 11 personnes, membres des forces de l'ordre, de la Gendarmerie Royale et de la Protection civile, et ce malgré le caractère pacifique de leur intervention pour le démantèlement du camp de Gdim lzik.