A Fès, les autorités locales ont mis fin à la polémique sur la mixité dans les salons de coiffure. Retour sur une polémique qui n'aurait même pas eu lieu d'être! Le wali de Fès a officiellement pris la décision d'annuler un arrêté de la mairie sur la mixité. Lors de la session ordinaire du 1er février, le Conseil communal de Fès avait délibéré, à l'unanimité, au sujet de l'arrêté communal portant sur la réglementation des salons de coiffure et des centres d'esthétique sans concertation préalable avec la wilaya ou les autres départements ministériels concernés. Pour rappel, le projet d'arrêté communal visait la réglementation de l'exercice des métiers de coiffure et des centres d'esthétique en interdisant la mixité dans les locaux ne disposant pas d'une surface minimale. Cette décision étant juridiquement anticonstitutionnelle et ne relevant pas des compétences dévolues au Conseil communal, l'autorité préfectorale a signifié son refus d'approuver cette décision qui a conduit le président du Conseil, le PJDiste Driss Azami Idrissi (ancien ministre au Budget), à annuler le projet de délibération et à suspendre définitivement sa mise en application. La page de cette polémique est ainsi tournée. L'idée émanait certainement d'une très bonne foi, mais ne dit-on pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions. Mais on peut également se demander si on n'est pas passé tout près d'un fait insolite qui aurait pu créer un précédent sur la voie d'une talibanisation rampante et envahissante de la société marocaine. On aurait pu ainsi se retrouver avec des villes, avec des transports en commun où la mixité n'est plus permise, et donc avec des autobus pour femmes comme en Arabie Saoudite ou des taxis pour femmes avec des conductrices femmes comme au Liban où la question n'a rien à voir avec la religion puisqu'elle obéit simplement à un marketing féministe pur et dur. Mais, il faut dire que dans un pays comme l'Egypte, les cas d'harcèlement, d'attouchements sexuels, voire même de viols sont un véritable problème de société dans des autobus toujours pleins à craquer. La société marocaine est déjà profondément conservatrice culturellement et par tradition, et il n'y a qu'à voir comment sont célébrés les mariages et même les cérémonies funéraires dans la plupart des régions du Royaume avec les femmes d'un côté et les hommes de l'autre. Alors bien évidemment, il n'est pas question que le conservatisme soit l'apanage de certaines parties ou que certains s'improvisent gardiens de la morale ou en profitent pour exploiter ce terrain comme un vulgaire fonds de commerce politique et électoral! La Constitution, la loi fondamentale, est par excellence le gardien du temple et nos services de sécurité sont très vigilants à chaque fois que la morale est bafouée. Ceci, car interdire la mixité peut avoir plusieurs faces cachées.