L'Afrique comme vocation, prolongement naturel et profondeur stratégique du Maroc, c'est la définition qu'en a donné SM le Roi Mohammed VI, résumant ainsi une réalité géopolitique, dont l'affirmation constitue en soi une profession de foi. Le Maroc est africain et se voit, légitimement, comme l'un des pays pré-émergents du continent ayant pour rôle de servir de locomotives pour les autres pays africains. Ce que le Maroc peut apporter aux autres pays du continent, qu'il a demandé institutionnellement à rejoindre au sein de l'Union Africaine ? D'abord son pragmatisme. Pas question de perdre son temps et son énergie à pousser les sempiternelles plaintes sur les dégâts causés par le colonialisme, qui sont réels mais appartiennent désormais à l'Histoire. Il est plus que temps pour les Africains de passer du statut de victimes, se lamentant passivement sur leur sort, à celui de citoyens émancipés maîtres de leur destin, agissants pour une vie et un avenir meilleurs. Mettant de côté les affrontements idéologiques stériles et la politique des blocs dénudés de tout fondement économique, le Maroc privilégie depuis des années la coopération avec les pays frères d'Afrique visant le développement socioéconomique, que les peuples africains appellent depuis si longtemps de tous leurs vœux. Mieux encore, le Royaume a adopté une démarche fort pertinente et efficace, celle de la coopération triangulaire, consistant à élaborer et réaliser des projets dans un pays d'Afrique avec le soutien d'un pays développé, tel le Japon et la France. De grands torts ont été causés à l'Afrique par les tenants d'idéologies irréalistes, qui non seulement n'ont produit que des effets négatifs aux pays qui les ont appliqués, mais en outre, ont diffusé au sein des populations une culture antilibérale handicapante. L'interventionnisme étatique n'a produit, sur le continent africain, qu'une mauvaise allocation des ressources, qui a pour corollaires détournements de fonds publics, corruption et capitalisme de copinage, et bridé la liberté des véritables créateurs de richesses. SM le Roi Mohammed VI n'a pas hésité à secouer le cocotier, assurant haut et fort, dans son discours à l'occasion du 63ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, qu'« il est naturel que le Maroc tire parti de la coopération avec ses frères d'Afrique », mais qu'« il tient toujours à ce que ce soit mutuellement profitable ». Car, « le progrès et la stabilité sont partagés ou ne sont pas ». Si cette politique marocaine est de mieux en mieux comprise et appréciée au sud du Sahara, c'est, malheureusement, encore très loin d'être le cas au Maghreb. Malgré l'appartenance géographique, historique et culturelle commune, les pays maghrébins sont loin de tenir le même discours, ni même d'avoir la même conception d'un avenir partagé. Mis à part la catastrophe sécuritaire provoquée par la désintégration de l'Etat en Libye et les menaces terroristes que font peser Al Qaïda au Maghreb et Daech sur les pays du Maghreb, il y a également cette politique de courte vue adoptée par l'Algérie, qui ne consiste qu'à mettre des bâtons dans les roues du Maroc. Cette guerre froide sans fin entre le Maroc et l'Algérie a pour, entre autres conséquences, les difficultés rencontrées par de potentiels pays partenaires, de l'envergure de la Fédération de Russie, à développer une politique maghrébine cohérente permettant une coopération gagnant-gagnant avec les pays de la région. Faute de pouvoir ménager la chèvre et le chou, ces pays finissent par reporter toute collaboration mutuellement enrichissante avec les pays maghrébins aux calendes grecques. L'attitude négative de l'Algérie à l'égard du Maroc n'est pas sans rappeler le fameux proverbe marocain : « Il ne gagne rien et ne laisse personne rien gagner ». Le devenir du Maroc ne peut se concevoir sans l'Afrique, a souligné le Souverain et les Marocains sont déterminés à servir de locomotive au train du développement africain. Les retardataires et autres esprits bornés qui se refusent de prendre ce train en marche ne pourront en vouloir qu'à eux-mêmes. L'Afrique avance, avec ou sans eux. ____________________________ * « Le train sifflera trois fois » est le titre d'un film western américain sorti en 1952