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Forum de Rabat sur les «Enjeux d'une intégration régionale» africaine Youssef Amrani défend un partenariat sud-sud rénové pour une intégration renforcée
Organisé par le Conseil du développement et de la solidarité, sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, le Forum de Rabat sur les "Enjeux d'une intégration régionale africaine" a ouvert ses travaux hier à Rabat, offrant l'occasion de débattre de plusieurs thématiques ayant trait notamment à l'investissement et à l'intégration économique en Afrique, ainsi qu'aux conditions de la convergence financière et aux rôles des médias dans le processus d'intégration. Le Maroc est éminemment africain et c'est sur son continent que se situe son avenir. C'est en résumé le fond du propos de M. Youssef Amrani, ministre délégué auprès du ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, lors de sa riche intervention, en ouverture du Forum. Première rencontre du genre, le Forum de Rabat a accueilli quelques deux cent personnalités africaines, responsables publics et opérateurs économiques, réunis dans la capitale du Royaume pour «mettre en commun une intelligence collective pour une dynamique gagnante». L'objectif est simple, mais pas aisé pour autant à atteindre ; faire de l'intégration économique régionale le levier de l'émergence de l'Afrique sur la scène mondiale. Les deux piliers de la politique africaine du Maroc, rappelle M. Amrani, ce sont son identité et son engagement «irréversible» envers son Continent d'appartenance. Et l'identité africaine du Maroc n'est pas seulement géographique, elle est aussi et surtout historique, religieuse et culturelle. Des siècles de commerce transsaharien ont forgé des relations d'intérêts communs durables que le bref intermède de la colonisation européenne n'a pu occulter ni remplacer définitivement. Car les différentes dynasties qui ont gouverné le Maroc ont été également les promoteurs de l'Islam en Afrique subsaharienne et les grands maîtres soufis marocains constituent une composante essentielle du mysticisme africain. Jusqu'à présent, d'ailleurs, les disciples des «Tarikas» marocaines se comptent par centaines de milliers en Afrique subsaharienne. La présence et l'influence marocaine dans le reste du continent ne se sont pas arrêtées avec la colonisation européenne. L'engagement du Maroc des temps modernes envers les grandes causes du continent a été prépondérant dans la lutte pour les indépendances des pays frères africains et pour la structuration de leur unité, a tenu à souligner le ministre délégué auprès du ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération. Un engagement qui s'est également concrétisé dans une coopération politique et économique, à travers plus de cinq cent accords conclus avec une quarantaine de pays. Depuis l'avènement de SM le Roi Mohammed VI au Trône du Maroc, cette coopération a été conceptuellement renouvelée et concrètement renforcée, prenant une dimension stratégique dictée par une vision pragmatique des réalités. En une vingtaine de visites effectuées dans treize pays africains frères, le Roi du Maroc a jeté les fondements d'un rapprochement politique et économique régional plus tourné au service des peuples et de leurs attentes que ne l'étaient les relations antérieures, marquées du sceau de l'appartenance idéologique. C'est pour un accroissement de la présence africaine sur la scène mondiale et une activation de son rôle géopolitique, afin de passer du stade de simple spectateur à celui d'acteur influent, que le Maroc agit en partenariat avec ses alliés africains. Pour ce faire, a indiqué M. Amrani, le Maroc a conçu ce partenariat sud-sud en s'appuyant sur des actions fondamentales, «le soutien au développement durable, la valorisation des compétences humaines et l'implication croissante du secteur privé ainsi que de nouveaux acteurs dans les efforts de transfert de savoir faire et de partage d'expertise». C'est ce que M. Amrani a appelé «l'architecture de l'engagement du Maroc en Afrique». Il a précisé, dans ce cadre, que «le Maroc participe ainsi à plusieurs projets de développement dans les domaines d'électrification, de gestion des ressources en eau, et irrigation, d'infrastructures de base, de santé, etc». Le secteur privé marocain n'a pas été en reste dans la mise en forme d'une coopération «agissante et pragmatique» entre le Maroc et les pays frères africains, comme le démontre parfaitement «la montée en puissance dans plus de 25 pays du continent d'entreprises publiques ou de grands groupes marocains dans le domaine des services», a indiqué le ministre délégué auprès du ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération. Le secteur privé marocain a ainsi réussi non seulement à «banaliser» le commerce et l'investissement dans les pays d'Afrique subsaharienne, mais il a également participé à donner corps aux prévisions de montée en puissance économique du continent, avancées par de nombreux experts internationaux. Les opérateurs économiques marocains croient en l'avenir de l'Afrique et participent à son édification. Et le déroulement des évènements est entrain de leur donner raison. L'Afrique a fait preuve d'une capacité de résilience remarquable face à la crise financière puis économique qui a ébranlé le monde, grâce à «l'amélioration de la gouvernance et les nombreuses réformes conduites dans nombre de pays africains (qui) ont permis un net redressement de la situation économique». Le Maroc a de très grandes ambitions pour l'Afrique et estime que tous les efforts déployés jusqu'à présent sont en deçà du potentiel de coopération existant avec les pays frères du continent. « L'élaboration d'une stratégie «Afrique» en termes de projection d'intérêts économiques et commerciaux est aujourd'hui une priorité du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération», a annoncé M. Amrani. Il est maintenant question de «vision stratégique rénovée du partenariat sud sud», pour mieux s'adapter avec les nouvelles donnes aussi bien sur le continent même qu'à l'échelle internationale. De la diplomatie économique et des exigences sécuritaires Parmi les outils du «mécanisme de coopération novateur et pragmatique» promu par le Maroc pour accélérer la cadence du développement commun, il y a «la coopération triangulaire, qui consiste à faire partager aux pays partenaires le savoir faire marocain dans certains domaines grâce au concours de bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux ». Plusieurs éléments restent toutefois à améliorer pour faciliter cette coopération économique. Pour accéder aisément au marché subsaharien, le ministre délégué auprès du ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération en a énuméré quelques uns. «L'amélioration de l'offre logistique, une meilleure maitrise du risque d'investissement et export en Afrique, l'amélioration des outils financiers et le renforcement des synergies entre différents acteurs (économiques et institutionnels) marocains opérant en Afrique contribueraient, sans aucun doute, à faciliter l'acte d'entreprendre pour le secteur privé marocain. Une meilleure connaissance et compétitivité du produit marocain sur le marché subsaharien faciliteraient une meilleure performance des exportations marocaines. Ces dernières demeurent néanmoins pénalisées du point de vue compétitif des déficiences d'infrastructures et de connectivité en Afrique». Et c'est là ou intervient le département marocain des Affaires étrangères, qui se veut jouer un rôle de facilitateur. «Nous sommes en train de tracer, en interne et avec l'ensemble des partenaires, les contours d'une diplomatie économique à part entière. L'objectif étant de donner davantage de visibilité aux différents intervenants, d'identifier les leviers de croissance des exportations marocaines et de définir une approche par blocs régionaux africains», a précisé M. Amrani. Car, la coopération régionale représente «un cadre d'action privilégié par le Maroc en Afrique». L'organisation sous régionale en Afrique est considérée comme «un impératif, un levier déterminant pour l'épanouissement démocratique, l'intégration économique de la région et la pierre angulaire de l'édifice institutionnel du continent». Si le principal paramètre de la coopération maroco-subsaharienne réside dans la création de richesses, la dimension humaine n'a pas été négligée, mais au contraire considérée comme le pilier central de cette stratégie. La formation des cadres aptes à dynamiser le train du développement africain étant un élément essentiel de toute politique de développement réel, le Maroc accueille plus de 8000 étudiants africains dans ses universités et grandes écoles, issus de 42 pays du continent, dont 6500 bénéficient de bourses marocaines. S'ajoute la politique utile et efficiente, du transfert des connaissances et du savoir-faire marocain. Encore faut-il, pour réussir à mener à bien cette stratégie marocaine de coopération multisectorielle d'intégration de l'Afrique dans la cour des grands, que les conditions primaires de sécurité soient remplies, ce qui n'est pas vraiment le cas actuellement au voisinage immédiat du Maroc, dans la région du Sahara et du Sahel. M. Amrani n'y est pas allé par quatre chemins. « La paix et la stabilité demeurent des conditions incontournables pour le développement des pays de l'espace sahélo saharien. Bien qu'ayant été durant des siècles un espace d'échanges et de rencontres et de brassages, Le Sahel s'érige de plus en plus comme une zone de menaces pour la stabilité régionale». Marchands, brigands et terroristes n'ont jamais fait bon ménage. C'est soit le développement, soit l'AQMI et les trafiquants. Pour défendre les intérêts de son continent, qui sont également les siens, le Maroc a été sur tous les fronts et de toutes les initiatives, dispositions et mesures édictées ou prises par les institutions internationales pour promouvoir la paix et la stabilité en Afrique, a rappelé M. Amrani. Les Forces Armées Royales ont participé de manière efficace aux «opérations de maintien de la paix sur le Continent, en République Démocratique du Congo et en Côte d'Ivoire, aux efforts de médiation entre les pays du Fleuve Mano, ainsi que de reconstruction post conflit au Sierra Leone». Le Maroc a aussi lancé un appel, en marge de l'AG de l'ONU en 2010, pour l'organisation d'une rencontre sur les investissements en Afrique, et organisé, en aout 2009, la Conférence Ministérielle des Etats Riverains de l'Atlantique. «Depuis le début du mois de janvier 2012, le Maroc siège au Conseil de Sécurité de l'ONU en tant que membre non permanent du Continent africain», a tenu à rappeler M. Amrani. Le Royaume du Maroc s'est assigné une mission dans ce cadre. «Défendre et faire valoir les intérêts de son continent d'appartenance».