La volonté politique peut tout changer, sauf la géographie. Les Marocains l'ont appris à leurs dépends, mais ils ont appris à faire avec. Mais il est quand même pénible d'avoir pour voisins des pays gouvernés par des militaires incultes, qui renient même les impératifs géopolitiques les plus basiques. Ainsi en est-il de l'Algérie, ce à quoi les Marocains sont habitués, mais également, depuis quelques temps, de la Mauritanie, qui renonce à une neutralité qui lui a permis, des décennies durant, d'éviter de s'embourber dans la guerre froide maroco-algérienne. Que le général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz accueille à bras ouverts des représentants du polisario, présente une carte du Maroc démembré de ses régions du Sud, lors de la dernière conférence de la Ligue arabe, mette la pression sur les ressortissants marocains travaillant dans son pays et en arrive même à interdire l'entrée du territoire mauritanien aux véhicules de transport de marchandises immatriculés au Maroc, est déjà une grave bêtise, dans le sens où il compromet sérieusement les relations avec le Maroc et entrave le projet d'un couloir transsaharien d'échanges et de développement. Sauf que le général putschiste aurait mérité la palme de stupidité, surtout pour sa décision de permettre aux services de renseignement sud-africains d'opérer aux frontières avec le Maroc, en collaboration avec les services de renseignement algériens, à en croire nos confrères du site d'information le360.ma. Les peuples maghrébins verront de leurs propres yeux quels sont les dirigeants de la région qui s'activent pour donner au Maghreb le poids auquel il a droit sur la scène africaine et qui sont ceux qui, dénudés de tout sens de la perspective, voire tout simplement de dignité, veulent le livrer à des intérêts étrangers. Pendant que Rabat s'évertue à établir des liens forts de coopération avec les pays de l'Afrique de l'Ouest, avec lesquels le Maghreb a des intérêts économiques communs et des affinités socioculturelles et religieuses, voilà que des galonnés à l'esprit borné veulent tout simplement l'offrir à l'influence de l'Afrique du Sud, première puissance économique du continent mais néanmoins empêtrée dans des difficultés sociopolitiques inextricables. D'une part, c'est un véritable motif de fierté pour les Marocains que les actuels dirigeants algériens et mauritaniens estiment nécessaire de recourir au soutien sud-africain pour faire face au poids géopolitique grandissant du Maroc. Mais il n'en demeure pas moins triste, pour les peuples maghrébins, de constater que leur sort est sacrifié par des dirigeants politiques, totalement à côté de la plaque, sur l'autel de leur jalousie et haine épidermique envers le Maroc. Ce n'est pas sans rappeler les dirigeants de l'Ukraine, qui se sont cru malins de se mettre leur puissant voisin russe à dos, pour plaire aux lointains Etats-Unis. Algériens et Mauritaniens pensent-ils s'attirer les bonnes faveurs des BRICS en introduisant l'Afrique du Sud dans l'espace maghrébin ? Sauf qu'à suivre de près l'actualité internationale, il devient de plus en plus évident que la Russie et la Chine parient essentiellement sur l'Organisation de Coopération de Shangaï (OCS), qui ne compte ni le Brésil, ni l'Afrique du Sud, pour s'activer en faveur d'une refonte de l'Ordre mondial basé sur la multipolarité. Dans le Grand Jeu que se livrent les pays africains pré-émergents sur l'échiquier continental, le Maroc investit dans le renforcement des liens historiques avec les pays de l'Afrique de l'Ouest, alors que nos chers voisins algériens et mauritaniens croient trouver leur bonheur dans une alliance avec un concurrent naturel du Maghreb à l'échelle africaine, prouvant de la sorte que leurs esprits sont totalement impénétrables à toute notion de géopolitique. Dans la chaleur ardente du désert et sous un soleil de plomb, le général putschiste mauritanien Ould Abdel Aziz scrute l'horizon au Sud lointain, dans l'espoir de voir venir le développement dont son pays a cruellement besoin, en tournant le dos à son voisin de proximité au Nord, révulsé par l'évolution démocratique du Maroc, nourrissant une crainte existentielle de contagion.