L'année 2016 sera difficile et 2017 le serait davantage. Chiffres à l'appui, cette annonce a été faite mercredi à Casablanca par M. Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan, qui n'a pas manqué de mettre l'accent sur un certain nombre d'inquiétudes et proposer un début de réflexion allant dans le sens d'une politique économique beaucoup plus volontariste et surtout inclusive. M. Ahmed Lahlimi estime qu'il est peut être grand temps de tabler sur le rétablissement des équilibres macroéconomiques et la maîtrise de l'inflation associés à une entrée importante en devises par l'export pour envisager un reprofilage des politiques budgétaires et monétaires qui devraient plutôt s'inscrire dans une logique de croissance et de productivité des entreprises que dans une sorte de complicité de politique budgétaire et de politique monétaire pour se prémunir contre un éventuel risque d'inflation. D'autant plus qu'en dépit de la poursuite de la maîtrise à des niveaux bas des prix intérieurs, l'abondance de liquidité suite à l'amélioration des rentrées en devises et la baisse du coût de refinancement des banques commerciales auprès de la Banque centrale, la demande intérieure, moteur par excellence de relance des activités non agricoles, peine à se maintenir sur un trend ascendant de croissance et est plutôt en nette décélération. Et ce au moment où la conjoncture agricole fait face à de sérieuses menaces qui, dans l'immédiat, pèsent de tout leur poids sur l'état du cheptel et de l'emploi, du revenu et des conditions de vie des populations rurales. Sans oublier la pression sur les ressources hydrauliques qui, à défaut de précipitations pluviométriques exceptionnelles, seraient exposées à de réelles tensions. Ce qui fait dire à M. Lahlimi qu'au delà de la donne climatique de 2016, il est plus judicieux que le Royaume «s'inscrive dans la perspective de l'année 2017 et bien au-delà en introduisant des inflexions sérieuses à la politique sociale et ce, quelque soit la clémence des conditions climatiques à venir». Lesquelles conditions, telles qu'en augure 2016, sont par ailleurs «porteuses d'un contexte social où la problématique de la pauvreté et des inégalités sociales et territoriales devraient se poser avec une nouvelle acuité». Pour M. Lahlimi, la campagne 2015/2016 risque de compter parmi les années les plus sèches qu'a connues le Maroc et qui se traduirait, toute chose égale par ailleurs, par une baisse de 10,2 % de la valeur ajoutée agricole contre une progression de 14,1% en 2015. Ajouter à cela une croissance non conséquente des activités non agricoles, le taux de croissance en 2016 se situerait à 1,3% contre 4,4% en 2015. Du coup, la demande intérieure continuerait à marquer un ralentissement et les dépenses de consommation des ménages croîtraient de 2,9% seulement, un rythme qualifié parmi les plus faibles enregistrés au cours des huit dernières années. Parallèlement, l'investissement brut s'inscrirait dans le prolongement baissier amorcé en 2012 avec 29,6% du PIB en 2016 au lieu de 34,7% en 2013. A ce niveau, le HCP précise qu'au moment où «le rôle de l'investissement s'érige plus que jamais en tant que facteur stratégique pour une amélioration durable de la croissance et de l'emploi, l'atténuation du deficit budgétaire se réalise par un relâchement de l'effort de l'investissement public sans que le capital privé ne prenne significativement le relai, ni qu'une politique monétaire confortée par une situation internationale favorable n'apporte sa souhaitable contribution à la dynamisation de l'activité non agricole». En attendant et à en juger par les chiffres du HCP, le taux d'endettement public global s'inscrirai en hausse, passant de 78,2% en 2014 à 80,4 du PIB en 2015 et à 82,5% en 2016.