Les députés de l'opposition à la Chambre des Représentants ont tenu, avant-hier mardi au siège du Parlement, une réunion présidée par les dirigeants des partis de l'opposition, en l'occurrence l'Istiqlal, l'Union Socialiste des Forces Populaires, le Parti de l'Authenticité et de la Modernité et l'Union Constitutionnelle. Au cours de cette réunion, ont été examinés les derniers développements sur la scène politique nationale, notamment les déclarations proférées par le chef du gouvernement lors de la séance mensuelle à ladite Chambre. Après les discours d'orientation faits par les chefs respectifs des partis de l'opposition, la réunion a connu un débat général auquel les députés ont contribué de manière exhaustive, sondant les arrières-pensées et les desseins ciblés par le chef du gouvernement à travers son acharnement à noyer l'action politique dans les futilités. Ils se sont, de même, interrogés sur le rôle des autres composantes de la majorité qui optent pour le mutisme et l'aliénation au parti du chef du gouvernement. Ils ont, ensuite, discuté de l'extrême gravité que revêtent les attitudes du chef du gouvernement et de leur impact sur le fonctionnement des institutions constitutionnelles du pays. Les participants à cette importante réunion ont conclu à l'intérêt de rendre public un communiqué commun dont ci-après la traduction : « Suite aux incidents intervenus la semaine dernière lors de la séance mensuelle d'évaluation des politiques publiques à la Chambre des Représentants, et eu égard au choc que cela a provoqué au sein de l'opinion publique nationale et internationale et soucieux de promouvoir une relation constitutionnelle normale entre les institutions de l'Etat, les groupes parlementaires de l'opposition à la 1ère Chambre ont tenu, mardi 5 courant, une rencontre de concertation sous la présidence des Secrétaires Généraux de leurs partis, afin d'examiner la situation dangereuse ayant entravé le travail d'une institution constitutionnelle et l'exercice de son rôle de contrôle du gouvernement tel que reconnu par la Loi fondamentale, par une décision unilatérale du chef de l'Exécutif et à la faveur de la passivité du président de la Chambre. Il a été ainsi convenu, en particulier, de stigmatiser avec force le vil langage auquel le chef du gouvernement a recours lorsqu'il s'adresse à l'institution constitutionnelle qu'est le Parlement ; de déplorer le très bas niveau que le chef de l'Exécutif tente d'imprimer à la compétition démocratique et que l'opposition aborde avec ce que lui offrent les outils et mécanismes d'action politique pour exprimer les points de vue de partis ayant choisi de se ranger dans l'opposition ; de réclamer le maintien de la programmation de la 2ème partie de la séance mensuelle d'évaluation des politiques publiques, laquelle concerne les interpellations de l'opposition au sujet du dialogue social, et ce, après présentation d'excuses publiques officielles du chef du gouvernement ; de continuer à dénoncer les ratés de la gestion gouvernementale à travers les travaux des commissions parlementaires et par tous les moyens constitutionnels, gestion qui impacte négativement la situation économique, sociale et sécuritaire du pays ; d'attirer l'attention sur le fait que le chef du gouvernement tend, par son comportement et ses pratiques, à plonger le pays dans une crise constitutionnelle afin de justifier la propension autoritariste devenue la marque distinctive de sa gestion de la chose publique ; de veiller à préserver les acquis des réformes politiques et constitutionnelles de notre pays et d'empêcher le courant rétrograde d'hypothéquer les intérêts supérieurs de la nation au profit de petites visées politiciennes. Les député(e)s de l'opposition expriment, enfin, leur solidarité totale et inconditionnelle avec Mme Milouda Hazib, présidente du groupe Authenticité et Modernité, suite à l'agression éhontée dont elle a été l'objet de la part du chef du gouvernement et stigmatisent, par la même occasion, le comportement et les déclarations attentatoires de ce dernier à la dignité des députées et des femmes marocaines en général. » Signé : Noureddine Modiane, président du groupe istiqlalien « Pour l'Unité et l'Egalitarisme » ; - Milouda Hazib, présidente du groupe Authenticité et Modernité ; - Driss Lachgar, président du groupe socialiste ; - Chaoui Belassal, présidente du groupe constitutionnel.