Le coordinateur humanitaire de l'ONU Johannes Van Der Klauw pour le Yémen a mis en garde, samedi 2 mai, contre un épuisement rapide des stocks de fuel et de nourriture dans le pays, faisant craindre un effondrement des infrastructures de base "d'ici quelques jours". "Les services encore en fonction dans le pays en termes de santé, d'eau et de nourriture sont en train de disparaître parce que le pétrole ne rentre plus", a prévenu Johannes Van Der Klauw, à Djibouti, où il attend de pouvoir retourner au Yémen. Si rien n'est fait, le fonctionnaire onusien prédit une situation humanitaire bien pire que celle que le Yémen connaît actuellement. "Sans pétrole, les hôpitaux ne peuvent pas fonctionner, les ambulances ne peuvent pas sortir et l'eau ne peut plus être pompée dans le système de distribution. Le réseau de télécommunication risque de s'arrêter. Tout cela est extrêmement préoccupant. Si rien n'est fait dans les prochains jours pour livrer du pétrole et de la nourriture, le Yémen s'arrêtera complètement", ajoute t-il. Les livraisons de fuel et d'aide humanitaire sont rendues très difficiles par les risques liés aux combats et par l'embargo sur les armes en direction du Yémen qui exige un contrôle strict de tous les cargos. "Nous avons les bateaux. Nous avons les avions. Mais l'embargo sur les armes a des conséquences indésirables sur l'aide humanitaire", explique Johannes Van Der Klauw, qui souhaite la mise en place de "pauses humanitaires" sur lesquelles le Conseil de sécurité n'a pas été en mesure de s'accorder vendredi à New York. "Nous devons trouver un moyen de mettre cela en place. Au moins pour quelques jours", ajoute t-il. L'Iran a des intérêts communs avec le Yémen en terme de sécurité et ne tolérera pas que d'autres États de la région les menacent, a averti, par ailleurs, samedi 2 mai, le vice-ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian. "Personne ne sera autorisé à mettre notre sécurité commune en péril avec des aventures militaires", a-t-il déclaré, évoquant les raids aériens que la coalition formée par l'Arabie saoudite mène depuis un mois au Yémen contre les rebelles chiites houthis soutenus par Téhéran. Cette semaine, des avions de la coalition ont bombardé l'aéroport de Sanaa, tenu par les rebelles chiites et leurs alliés, détruisant la piste et empêchant un avion de transport iranien d'atterrir. En visite au Sri Lanka, le secrétaire d'État américain, John Kerry, a espéré, samedi 2 avril, que les négociations menées à l'ONU sur un projet de pause humanitaire au Yémen aboutissent et permettent d'éviter un effondrement du pays. Conférence de paix le 8 mai en Arabie saoudite Il a, outre, souligné que plusieurs pays, y compris l'Iran, plaidaient pour une solution négociée au Yémen. "Nous espérons tous que le Yémen pourra aller de l'avant" mais "ce ne sera pas facile", a dit le chef de la diplomatie américaine. "Nous travaillons dur pour organiser un processus de négociation au travers de l'Onu qui permettra de réunir l'ensemble des parties ensemble, aux Yéménites de négocier le futur du Yémen", a-t-il ajouté. D'autre part, les représentants du mouvement «Opposition populaire», qui se prononce pour l'indépendance du sud du Yémen, ont déclaré avoir pris le contrôle de sites importants près de la ville de Taïz, toujours déchirée par les combats. Les combats dans la ville et ses environs se poursuivent avec l'utilisation de pièces d'artillerie lourde. Selon les informations des médias yéménites, un hôpital a été endommagé dans la ville, plusieurs quartiers résidentiels sont toujours soumis aux bombardements. Le gouverneur de Taiz Shawki Ahmed Hael a fui en Arabie Saoudite, il y a quelques jours, après avoir adressé une lettre ouverte aux citoyens expliquant que son état de santé l'a obligé à prendre la fuite et promettant qu'il «remplira ses fonctions depuis n'importe quel endroit dans le monde». L'Arabie saoudite hébergera mi-mai une conférence de paix sur le Yémen, a annoncé le ministre du Transport Badr Mohammed Baslama. La conférence, officiellement, vise à instaurer un dialogue entre les parties et à promouvoir toute initiative pacifique. Les Houthis n'étant pas invités, il sera cependant permis de douter de l'autorité de ses décisions. Le même ministre saoudien a souligné la nécessité d'entamer une opération terrestre contre les Houthis, «et particulièrement à Aden, pour mettre fin aux crimes des Houthis». Le conflit au Yémen a déjà fait plus de 1.200 morts et 5.000 blessés selon un comptage des hôpitaux yéménites, jugé probablement en deçà de la réalité par les responsables onusiens. L'ONU estime également à 300.000 le nombre de personnes déplacées par le conflit.