Au onzième jour de la campagne de l'armée saoudienne et de ses alliés au Yémen, la capitale Sanaa a de nouveau été prise pour cible. Des avions de la coalition ont mené des raids aériens, faisant d'importants dégâts. La campagne militaire, menée par l'Arabie saoudite depuis le 26 mars, a ralenti l'avancée des Houthis, liés à l'Iran, qui cherchent à s'emparer d'Aden, la grande ville du sud du Yémen, après avoir pris la capitale Sanaa et des régions du nord et du centre du pays. Les rebelles houthis se sont dit prêts, dimanche 5 avril, à négocier un accord de paix au Yémen si les frappes aériennes de la Coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite prennent fin. Ils exigent également que d'éventuelles négociations soient supervisées par des parties "non hostiles au peuple yéménite". Saleh al Sammad, l'un des dirigeants houthis, a précisé à que les rebelles chiites refusaient le retour du président Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui s'est réfugié en Arabie saoudite. "Nous nous en tenons à notre proposition de dialogue (...) à condition que cesse l'agression", dit Saleh al Sammad, en demandant que les discussions soient supervisées par "des parties internationales ou régionales qui n'ont pas de positions agressives envers le peuple yéménite". Le roi Salman d'Arabie saoudite s'est dit prêt, lundi dernier, à réunir les camps rivaux au Yémen pour des discussions sous les auspices du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Cinq des six pays membres du CCG font partie de la coalition conduite par l'Arabie saoudite. Des avions et des navires de la Coalition arabe bombardent, depuis onze jours, les combattants houthis et leurs alliés, des militaires qui sont restés fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh. En deux semaines, les combats au Yémen ont fait plus de 500 morts et près de 1.700 blessés, selon les Nations unies. Des avions de la coalition ont mené des raids sur la capitale yéménite Sanaa au cours de la nuit de samedi à dimanche, rapportent des habitants. Il s'agit de la onzième journée de campagne aérienne menée contre les miliciens chiites houthis par l'armée saoudienne et ses alliés. Les rebelles chiites se sont emparés, dimanche, du siège de l'administration provinciale à Aden, deuxième ville au sud du pays, malgré la poursuite d'une opération militaire conduite par l'Arabie saoudite, selon un responsable local. Les Comités populaires s'opposent aux insurgés Les rebelles Houthis et leurs alliés, des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, « ont progressé dans la nuit à Al-Moalla », quartier du centre d'Aden, et « ont pris le siège de l'administration provinciale, dont le bureau du gouverneur », a indiqué ce responsable, sous couvert d'anonymat. Dans leur progression, ils ont bombardé des zones résidentielles et mis le feu à des habitations. Les habitants de la capitale ont signalé des explosions sur des bases abritant des unités militaires alliées aux Houthis. Les miliciens tribaux se sont heurtés à des soldats à un point de contrôle à l'extérieur de la ville peu avant l'aube et ont tué deux militaires. Un groupe de citoyens baptisé "Comité populaire pour la sécurité et la défense" a appelé dans un communiqué les habitants et les employés à protéger les hôpitaux et les bâtiments publics de Moukalla. Des combattants islamistes sont toujours présents dans plusieurs secteurs de la ville, ont rapporté des témoins. La prise d'Aden par les rebelles signerait un revers cinglant pour l'Arabie saoudite et la coalition. Des habitants ont lancé des appels au secours et réclamé un arrêt de ces bombardements, qui ont poussé des dizaines de familles à fuir leurs maisons, ont rapporté ces témoins qui ont fait état de morts et de blessés. Dimanche matin, les rebelles et leurs alliés se trouvaient à proximité du port d'Al-Moalla, défendu par les « comités populaires », ces supplétifs de l'armée restés fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite, selon le responsable. Selon une source proche des milices favorables à Hadi, 36 houthis et combattants alliés ont été tués dimanche dans le quartier de Moualla, proche du port, tandis que 11 partisans du président Hadi ont été tués. "Il y a des corps dans les rues, mais on ne peut pas les atteindre parce que des tireurs houthis sont embusqués sur les toits. Ceux qui s'en approchent sont visés par les tirs", a dit une source médicale. Les rebelles, qui cherchent à s'emparer d'Aden, avaient pris jeudi le palais présidentiel de la ville, avant de s'en retirer vendredi à l'aube à la suite de raids aériens. Situation humanitaire alarmante Samedi, la situation humanitaire critique au Yémen a poussé la Russie à réclamer, devant le Conseil de sécurité de l'ONU, une pause dans la campagne de frappes aériennes de la Coalition arabe qui lutte contre les rebelles chiites houthis. Cette initiative russe a reçu un accueil mitigé. "La délégation russe a fait circuler un projet de résolution aux membres du Conseil de sécurité concernant des pauses humanitaires et a exprimé depuis longtemps ses inquiétudes concernant la situation humanitaire. Les membres du Conseil ont besoin de temps pour y réfléchir" a déclaré Dina Kawar, ambassadeur de Jordanie aux Nations Unies et actuelle présidente du Conseil de sécurité. L'ambassadeur d'Arabie saoudite n'a pas dit si son pays accepterait cette pause. Alarmé par la situation humanitaire, le comité international de la Croix Rouge (CICR) a demandé une pause de 24 heures pour apporter un soutien médical à la population civile. Mais à Ryad, le général de brigade Ahmed Assiri a répondu que l'aide humanitaire serait autorisée lorsque les conditions le permettraient. « L'opération humanitaire fait partie de notre travail », a-t-il déclaré. « Nous ne voulons pas ravitailler les milices » ni que l'approvisionnement en aide interfère avec les opérations militaires, a-t-il ajouté. De son côté, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a fait savoir que la priorité du Caire, membre de la coalition arabe, était de sécuriser la navigation sur la mer Rouge et le détroit de Bab Al Mandeb, qui sépare l'Afrique de la Péninsule arabique, près de la ville yéménite de Taëz. Ce détroit est d'une importance stratégique pour l'Egypte, Israël ou encore les Etats-Unis et la France, du fait de la proximité avec Djibouti. Les combats à Aden depuis l'entrée des Houthis le 25 mars ont fait « 185 morts et 1.282 blessés », dont « 75% des civils », a dit le chef du département de la Santé, Al-Khader Lassouar. Mais, selon lui, ce bilan partiel n'inclut pas les victimes rebelles.