La coalition arabe, emmenée par l'Arabie saoudite, a poursuivi, lundi 30 mars, pour le 5e jour, ses raids aériens au Yémen. L'Arabie saoudite a, par ailleurs, annoncé avoir pris le contrôle total des ports yéménites dans le cadre de l'opération "Tempête décisive". Ces opérations militaires visent à stopper la progression des miliciens chiites houthis. Dans la nuit de dimanche à lundi puis au petit matin, Sanaa avait à nouveau été la cible de frappes aériennes, rapportent des habitants. L'un d'eux a déclaré que les raids semblaient viser principalement le secteur du palais présidentiel, qui jouxte le quartier diplomatique de Sanaa. Les frappes aériennes ont également visé des dépôts d'armes près du mont Nougoum, qui domine la ville. "Cette nuit a été un véritable enfer", a dit un diplomate yéménite. Le ministère de la Santé, qui est contrôlé par le mouvement houthi, a déclaré, dimanche 29 mars, que les frappes aériennes avaient fait 35 morts et 88 blessés durant la nuit de samedi à dimanche, chiffres qui n'ont pu être confirmés de source indépendante. L'Iran, qui dément aider militairement les Houthis, a condamné cette offensive arabe. Le général de brigade Ahmed Ibn Hasan Al Assiri, conseiller du ministre saoudien de la Défense et porte-parole de l'opération, a déclaré que la coalition de dix pays conduite par l'Arabie saoudite avait mené une opération maritime qui avait permis de sécuriser les ports yéménites, où l'ensemble des navires à l'entrée et à la sortie sont examinés. Il a également déclaré que les Houthis avaient lancé un missile balistique à l'encontre d'un centre saoudien situé à proximité de la frontière, mais qu'il n'avait pas atteint son objectif. "Les miliciens houthis ont lancé un missile à Sanaa, mais il est tombé en raison d'un dysfonctionnement technique. Les forces de la coalition se sont précipitées sur la zone et ont détruit le missile." Le général Al Assri a indiqué que la destruction de tous les missiles balistiques dont disposent les rebelles constitue un objectif prioritaire de la coalition arabe. Les avions de la coalition arabe ont ciblé et détruit, dans ce cadre, un dépôt de munitions, à Sanaa, soupçonné d'abriter des missiles balistiques. D'autre part, un raid aérien qui visait probablement une base des rebelles chiites houthis, dans le nord du Yémen, a fait au moins 40 morts, lundi 30 mars, dans un camp de personnes déplacées, rapporte le personnel humanitaire. Selon les miliciens houthis, le raid a été mené par l'aviation saoudienne. Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement fidèle au président Abd-Rabbo Mansour Hadi a accusé les rebelles Houthis de se servir de "boucliers humains". "Ils s'installent dans des endroits où il y a des civils, dans des quartiers résidentiels, et ils installent là leurs armes", a ainsi expliqué Ryad Yassine. Le désarmement des Houthis comme condition au dialogue Après avoir fait état de 45 morts, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a ramené le bilan à 40 tués et 200 blessés, dont plusieurs dizaines sont dans un état grave. Un membre du personnel humanitaire avait auparavant indiqué que le raid, qui visait un camion transportant des rebelles houthis à l'entrée du camp de Mazrak, avait coûté la vie à neuf réfugiés, à deux gardiens et à un nombre indéterminé de miliciens. Le secteur de Mazrak, dans la province de Hadja qui borde l'Arabie saoudite, comprend plusieurs camps qui abritent des milliers de Yéménites ayant fui les combats entre miliciens houthis et forces gouvernementales, ainsi que des migrants venant d'Afrique de l'Est. Des navires égyptiens ont par ailleurs ouvert le feu, lundi, sur une colonne de miliciens houthis et de militaires fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh qui se dirigeait le long de la côte vers Aden, rapportent des témoins. Aucun bombardement naval n'avait encore été signalé depuis le début de l'intervention militaire de la coalition. D'autre part, le Pakistan a annoncé son intention de participer à l'offensive. "Nous avons déjà assuré l'Arabie saoudite de notre soutien à son opération contre les rebelles et nous allons rejoindre la coalition", a déclaré un responsable pakistanais à Islamabad. Des combattants houthis ont pénétré, lundi, dans les faubourgs d'Aden où de violents combats les opposent à des partisans du chef de l'État. Des avions de la coalition arabe ont tiré au moins un missile sur l'aéroport d'Aden, tenu par les Houthis. Dans le même secteur, un obus a touché un minibus, tuant trois de ses passagers, ont dit des témoins. Un conseiller du président Hadi a déclaré que des miliciens chiites avaient bombardé la résidence privée du président dans le quartier de Khor Maksar, où plusieurs gardes ont été tués. A Ryad, le roi Salman d'Arabie saoudite s'est dit prêt au dialogue avec tous les partis politiques yéménites attachés à la sécurité et à la stabilité de leur pays. Une telle rencontre doit avoir lieu sous l'égide du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et l'objectif doit être la préservation de la légitimité et la condamnation des insurrections, a souligné le monarque. Le désarmement des milices et l'engagement à ne menacer ni le Yémen ni ses voisins seront des conditions du dialogue, a ajouté le roi. Pour Katherine Zimmerman, chercheuse à l'American Enterprise Institute , "la raison pour laquelle le Yémen est si important, c'est qu'historiquement, ce n‘était pas un pays sectaire, or la position de l'Iran au Yémen ces dernières semaines, ces derniers mois s'est beaucoup renforcée, et elle représente donc beaucoup plus une menace pour les États sunnites dans la région", explique cette analyste.